Le nouveau Conseil d’administration de la SCTP (Société Commerciale des Transports et Ports) est composé de six ressortissants de l’ancienne province de Bandundu, trois de l’ancienne province de l’Equateur et un du Maniema.
Sur les dix administrateurs, il n’y a aucun représentant du Kongo Central, où se trouvent pourtant concentrées 95 % des activités de l’ex-Onatra, avec les ports de Matadi et Boma ainsi que le chemin de fer Kinshasa-Matadi.
On se demande, à travers la province, si la Gécamines au Katanga et la Miba au Kasaï Oriental peuvent fonctionner sereinement sans la présence d’un originaire de ces deux provinces au sein de leurs conseils d’administrations. Par ailleurs, aucun fils-maison n’est signalé au sein du nouveau staff.
C’est la grogne chez les Ne Kongo qui ne se retrouvent pas dans la nouvelle équipe dirigeante de la SCTP, totalement constituée, en plus, des politiciens.
La politisation de cette entreprise inquiète sérieusement les filles et fils du Kongo Central, qui redoutent l’hypothèque des efforts de redressement engagés jusque-là par les technocrates qui tentaient de sauver ce qui pouvait l’être.
La montée en force des politiciens à la tête de la SCTP fait craindre des lendemains noirs pour cette entreprise et, partant, le Kongo Central, dont elle représente le principal poumon économique. Compte tenu de ce qui précède, il est attendu du Président de la République, dans un délai raisonnable, des correctifs de nature à rassurer les Ne Kongo.
Hormis la question de la représentation du Kongo Central au sein du staff de la SCTP, l’autre sujet d’inquiétude a trait au constat de désinvestissement continu de l’Etat des secteurs vitaux de l’économie nationale, voici une trentaine d’années, notamment les transports maritime, fluvial et terrestre.
S’agissant de la SCTP/SA, elle ne bénéficie pas de suffisamment d’appuis financiers de l’Etat, alors que sa mission est de favoriser un trafic ferroviaire à moindre coût dans la partie Ouest du pays.
On peut relever, à ce sujet, qu’à l’époque où la SCTP assurait correctement le transport ferroviaire entre Kinshasa et Matadi, le carton de « mpiodi » (chinchards), s’écoulait à 30 dollars américains. Aujourd’hui, avec l’invasion du secteur par les transporteurs routiers privés, le même carton affiche le prix de 80 dollars américains. Naturellement, le pouvoir d’achat des consommateurs du Kongo Central, de Kinshasa, de l’ex-Bandundu et d’ailleurs en pâtit.
Face à cette situation, la célèbre phrase de l’explorateur anglais Henry Morton Stanley devrait interpeller les décideurs politiques : « Sans les chemins de fer, le Congo ne vaut pas un penny ». Cela sous-entend que sans la mobilité des biens et des personnes, le pays ne peut pas prétendre à un quelconque développement.
Tout en saluant le plan stratégique de relance de la SCTP concocté par le ministère du Portefeuille pour l’exercice 2020-2023, les Ne Kongo exigent que celui-ci soit exécuté par des technocrates dotés d’une expertise avérée et non des politiciens « débrouillards » en matière de gestion.
L’autre souci largement partagé au Kongo Central concerne la lenteur constatée dans la mise en œuvre du montage financier relatif au port en eaux profondes de Banana.
Bien que le Chef de l’Etat ait clairement levé l’option de la construction prioritaire de cet ouvrage avant le pont route-rail à jeter entre Kinshasa et Brazzaville, sur le fleuve Congo, à la hauteur de Maluku, aucun signal positif n’est émis jusque-là au sujet du financement de 400 millions de dollars américains indispensables à la réalisation de la première phase de ce projet.
Pourtant, son impact sur l’économie nationale n’est plus à démontrer, compte tenu de la forte concurrence que représentent les ports de Pointe-Noire, Luanda, Lobito et Bengwela par rapport à ceux de Boma et Matadi.
Par Kimp (Le Phare)