Nombre de ceux qui le fréquentaient, notamment Joseph Olenghankoy, l’homme qui l’avait sorti de sa clandestinité en mai 2019, exactement deux ans après l’attaque armée de la Prison Centrale de Makala (17 mai 2017) par ses « Makesa » (miliciens), ne cessaient d’inviter le gouvernement à le soumettre à des examens psychiatriques en vue de lui permettre de suivre des soins nécessités par son état de dépression. L’histoire vient de leur donner raison, comme elle vient de donner également raison au Parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe qui avait adressé une réquisition médicale au CNPP à cet effet.
Selon le rapport médical établi par trois médecins du CNPP (Centre Neuro-Psycho-Pathologique) de l’Université de Kinshasa et validé par le médecin directeur de cet établissement, Ne Muanda Nsemi, de son vrai nom Zacharie Badiengila, chef spirituel du mouvement mystico-politico-religieux Bundu Dia Mayala (ex-Bundu Dia Kongo) n’a pas ses esprits en place. Il souffre de « trouble mental lié au stress à répétition ».
Compte tenu du bulletin médical émis par le CNPP, il serait indélicat de s’acharner sur un compatriote qui tenait des discours incohérents et qui posait des actes incontrôlés, dont il n’avait pas conscience.
S’il y a un vœu à émettre, c’est celui de voir le personnel soignant de ce centre hospitalier spécialisé dans la prise en charge des personnes en délicatesse de santé mentale, s’occuper sérieusement de son cas, surtout qu’il a été décidé, par les autorités nationales, qu’il y soit gardé jusqu’à son rétablissement total.
Cela sous-entend, au regard de son état, qu’il ne peut plus faire l’objet de poursuites judiciaires, même si, du mois de janvier à celui d’avril 2020, il avait distillé des messages de haine tribale à travers plusieurs localités du Kongo Central, notamment à Luozi, son territoire d’origine, Moanda, Boma, Matadi, Songololo, Kimpese, Mbanza-Ngungu, Inkisi et Kasangulu.
Non content d’avoir fait couler le sang au Kongo Central et ordonné à ses « Makesa » de faire la chasse aux non-originaires, dont beaucoup ont subi des voies de fait, perdu des biens et même abandonné leurs postes de travail ou leurs activités agricoles, commerciales et autres, Ne Muanda Nsemi, après s’être auto-proclamé chef de l’Etat, a décidé de défier la puissance publique et l’autorité établie à Kinshasa, la capitale.
Ici aussi, le sang a abondamment coulé à Ma Campagne lors des affrontements à répétition entre ses « makesa » et les forces de l’ordre.
Sommé de se rendre sans condition, dans la semaine du 12 au 19 avril 2020, il avait choisi la voie de la résistance, en dépit des missions de bons offices menées auprès de lui par Joseph Olenghankoy, son confident et président du Conseil National de Suivi de l’Accord de la Saint Sylvestre, mais aussi le gouverneur du Kongo Central, Atou Matubuana.
Toutes les voies du dialogue étant épuisées dans la matinée du vendredi 24 avril 2020, il ne restait plus qu’une alternative aux forces de l’ordre : donner l’assaut à sa résidence, une forteresse où campaient plus de 200 adeptes, encadrés par une soixantaine de « makesa » rangés en ordre de bataille, munis d’une arme de guerre, de quelques calibres 12, de flèches, de machettes, de lance-pierres, d’amulettes, etc.
Compte tenu de l’état de santé de Ne Muanda Nsemi, l’on se demande si le procès de ses « makesa », au nombre de 47, mis aux arrêts et déférés devant la justice militaire, aura lieu.
Ayant agi sous les ordres d’un responsable qui n’était pas en possession de toutes ses facultés mentales, ces prévenus devraient, en principe, bénéficier des circonstances atténuantes, dans l’hypothèse où un procès devrait avoir formellement lieu, à la lumière des infractions mises à leur charge, notamment meurtre, trouble de l’ordre public, atteinte à la sécurité intérieure, etc.
L’on devrait aussi examiner les voies et moyens de réinsertion sociale des « makesa » de Bundu Dia Mayala, constitués pour la plupart de jeunes-gens qui croyaient aux prophéties d’un demi-Dieu qui vient de se révéler comme un malade mental.
Par Kimp (LP)