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Namibie : Quel bilan tirer du 38e sommet de la SADC?

Le 38e sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) s’est achevé samedi 18 août 2018 à Windhoek, en Namibie. Un sommet marqué par le discours d’adieux de Joseph Kabila, par l’entrée officielle des Comores, ou encore le passage de relais à la tête de l’organisation entre le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le Namibien Hage Geingob.

Les discussions entre les chefs d’Etat sont allées très vite vendredi, l’heure de la clôture a même été avancée d’une demi-journée. Un satisfecit quasi-général se dégage du communiqué final.

Il y a néanmoins deux exceptions à ce satisfecit. Le Lesotho d’abord. Alors que la SADC y a une mission de maintien de la paix, les chefs de la communauté de l’Afrique australe notent beaucoup de lenteur dans l’application de la feuille de route pour sortir ce pays de la crise.

La réforme de l’Union africaine ensuite. Alors que – et c’est une première – les numéros 1 et 2 de l’exécutif de l’UA, le Rwandais Paul Kagame et le Tchadien Moussa Faki Mahamat, étaient présents au sommet, les réticences persistent, notamment sur la taxe de 0,2% visant à financer l’institution. Les chefs d’Etat demandent donc la poursuite des consultations.

Pour le reste, c’est du satisfecit, avec ça et là quelques appels au calme. A Madagascar notamment, même si la SADC salue la mise en place du gouvernement d’union nationale.

Les élections au Zimbabwe

Sur les élections au Zimbabwe aussi, la SADC appelle au calme en attendant le résultat du recours de l’opposition. Mais l’institution ne fait aucune référence au fait que l’armée a ouvert le feu sur la foule après les scrutins. Devant ses pairs, Emmerson Mnangagwa a préféré vanter la qualité du processus électoral.

« Les partis politiques ont pu librement faire campagne dans tout le pays, a expliqué le président zimbabwéen. J’ai pris sur moi de diffuser le message de la paix, de la non-violence, de l’harmonie, de l’unité et de l’amour, avant, pendant et après les élections. Un nombre sans précédent de personnes a pu exercer leurs droits démocratiques pour élire les candidats de leur choix. Dans un esprit de transparence et d’ouverture, nos élections se sont tenues en présence d’un large éventail d’observateurs et de médias du monde entier. Mon parti a obtenu les 2 tiers des sièges à l’Assemblée et j’ai obtenu 58% des suffrages. »

La chercheuse Liesl Low, qui suivait ce sommet pour l’ISS, un institut de recherches basé à Johannesburg, s’étonne d’ailleurs de l’intervention du président zimbabwéen à la tribune. « C’est curieux que Mnangagwa soit parmi les 4 nouveaux chefs d’Etat qui ont fait un discours. C’est vrai qu’il a pris le pouvoir en novembre de l’année dernière. Mais les élections ne sont pas encore confirmées par la commission électorale zimbabwéenne. D’ailleurs nous attendons le verdict de la Cour constitutionnelle et la MDC a fait un recours par rapport aux élections. »

L’intégration des Comores

Sur les Comores, qui est devenu officiellement membre de l’organisation, aucun commentaire sur le récent référendum controversé. Interrogé par un journaliste comorien, le président en exercice de la SADC, le Namibien Hage Geingob, est revenu sur l’intégration de l’archipel au sein de l’institution malgré les tensions dans le pays.

« Les Comores ont déposé leur candidature il y a plusieurs années. Et finalement, l’an dernier, lors de notre dernier sommet, l’archipel a été admis. Aujourd’hui, c’est juste qu’on a formalisé les choses, on les a invités à prendre leur place autour de la table. Donc on les avait acceptés au sein de l’organisation avant que tout ce que vous racontez ait lieu. […] Un Etat ne devrait pas devenir membre de la SADC ou des Nations unies pour mettre sa maison en ordre, par exemple. Ce sont les populations dans leur propre pays qui doivent maintenir la paix, et non le reste du monde. Mais maintenant, de mon point de vue, c’est le devoir de la SADC de les aider. Puisqu’ils sont membres. »

Une intégration dont l’ambassadeur des Comores en Afrique du Sud, Chamsidine Mhadjou, se félicite. « Nous sommes venus à la SADC pour rejoindre une famille. Nous sommes heureux que cette famille ne nous ait pas rejetés, mais acclamés. Aujourd’hui le monde est plein de défis et aucun pays ne peut supporter seul de relever tous ces défis. La SADC est une organisation dont les pays sont proches de nous. Si vous regardez la géographie, il n’y avait que les Comores qui n’en étaient pas membre. Donc nous estimons, qu’une fois membre de la SADC, nous pourrons bénéficier de l’expérience, de l’aide. Tout comme nous pourrons aussi leur apporter de l’aide. »

La crise congolaise

Quant à la RDC, la SADC se limite à saluer la décision du président Kabila de respecter la Constitution. Mais pour le président en exercice de la SADC, l’important, c’était déjà de faire sortir Joseph Kabila de son silence. « Pour nous, c’est déjà une bonne chose, qu’il soit venu, qu’il parle, qu’il fasse un discours d’adieu, a expliqué le président namibien Hage Geingob. La peur qu’on avait, c’était que le président Kabila veuille se maintenir. Alors qu’on n’était pas sur de ce que pensait le président Kabila. Il y est trop silencieux… Mais il a fait son discours d’adieu. »

Pourquoi ne rien ajouter de plus que de saluer la décision de Joseph Kabila de respecter la Constitution ? La réponse de la secrétaire exécutive de l’organisation, la Tanzanienne Tax Stergomena Lawrence est simple : « Parce que le calendrier est là et que toutes les étapes du calendrier ont été respectées. »

C’est ce que la secrétaire exécutive de la SADC avait déjà répondu lors du dernier sommet. Les chefs d’Etat de l’Afrique australe se sont surtout penchés sur des questions logistiques, pressés par les Nations unies et l’Union africaine, toutes deux inquiètes de voir la commission électorale congolaise refuser une assistance qu’elle avait elle-même demandé à l’ONU.

Mais la délégation congolaise s’est engagé à fournir les moyens financiers et logistiques pour assurer des élections « pacifiques et crédibles », note le communiqué final. Les chefs d’Etat espéraient que le gouvernement congolais accepterait leur soutien pour ces scrutins. Des propositions concrètes ont même été mises sur la table, mais la RDC reste sur sa position de principe.

« La position de la RDC est restée constante depuis que le président et le gouvernement ont décidé de financer, sur fonds propres, les élections, explique l’ambassadeur Barnabé Kikaya, conseiller diplomatique de Joseph Kabila. Nos élections seront financées par le gouvernement de la RDC, mais toutefois, si un pays de la SADC souhaite nous venir en aide, il peut, en passant par le secrétariat général de la SADC, contacter notre gouvernement et le gouvernement aura un dernier mot pour dire si nous avons besoin de cette aide ou non. Nous leur demandons de se tenir prêt. En cas de besoin, nous leur demanderons de nous venir en aide. »

 

 

Sonia Rolley

admin

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