Le rideau est tombé, samedi 10 juillet 2021 à Kinshasa au troisième jour des états généraux sur les mines en RDC. Elles constituent l’essentiel des exportations du pays mais ne rapportent pas suffisamment dans les caisses de l’État. Plus de cent recommandations sont sorties de ces assises, rédigées par la centaine de participants, autorités et dirigeants d’entreprises minières, pour faire du secteur minier « le moteur de croissance et de développement socio-économique ».
Les panélistes ont fait ce constat : toutes les entreprises minières de l’État sont défaillantes. Ils ont recommandé de les restructurer en s’inspirant du modèle du Chili et du Botswana.
Des sites d’extraction en passant par l’exportation et la commercialisation jusqu’au rapatriement des recettes au pays, le secteur entier a été passé au crible à l’immeuble du gouvernement dans la capitale. Parmi les 113 recommandations, certaines ont attiré l’attention de la ministre des Mines Antoinette Nsamba.
« Demander à la banque centrale du Congo de présenter un plan de reprise des opérations d’achat d’or d’origine artisanale dans le cadre de la lutte contre la fraude, prioriser la transformation locale des produits miniers dans le cadre de la chaîne de valeur locale du secteur minier », a signalé la ministre.
Ce n’est pas tout. Pour Paul Mabolia, de la cellule technique de coordination et de planification minière, il faut « envisager l’acquisition d’un satellite propre à la RDC dans le but d’accélérer les recherches dans le secteur, contraindre les titulaires des droits miniers datant d’avant 2018 à actualiser leurs études de faisabilité conformément à la directive en la matière, susciter l’implantation des raffineries d’Or en Ituri et ailleurs ».
« L’hypocrisie » de l’exploitation artisanale
Pour sa part, Al Kitenge, l’un des experts invités, a publiquement découragé l’exploitation artisanale jusqu’ici admise par les autorités : « Je suis de ceux qui refusent l’hypocrisie. Notre exploitation artisanale est une espèce d’esclavage des temps moderne. Je parle des conditions de travail, mais pourtant nous consacrons ça. Ce n’est surtout pas acceptable parce que l’artisanat minier alimente les 140 groupes armés qui opèrent [dans l’est du pays]. Et ça se passe devant nous. »
Selon le ministère des mines, le secteur ne profite guère au pays ni à sa population, à cause d’une chaîne de fraude observée de la production jusqu’à la commercialisation de ces minerais. Il existe également d’autres facteurs de prédation comme des contrats mal négociés. Si le pays est décrit comme un scandale géologique, les autorités n’en connaissent pas toutes les ressources. Moins d’un cinquième du potentiel géologique du pays est connu, mais il représente 20% du PIB et moins de 10% de l’emploi formel.
Par Pascal Mulegwa(Correspondant de RFI à Kinshasa)