Interdite par le gouvernement mais maintenue par les organisateurs, la marche contre la tentative de désignation de Ronsard Malonda à la tête de la CENI a bien eu lieu et a tenu ses promesses. Le soir, on fait le bilan. Qui a gagné ? Qui a perdu ? Et qui a été l’homme du match ?
L’UDPS gagne assurément. Voilà le duo Ka-Ka (Kabund et Kabuya) requinqué. Pour un moment on oublie les frondeurs. Oubliés les déboires du Vice-président de l’assemblée nationale déchu. La démonstration de force est éclatante.
La police aussi tire son épingle du jeu. Elle accompagne les marcheurs depuis Limete jusqu’aux abords du Palais du peuple, et là, elle exhibe les muscles. Quelques coups de gaz lacrymogènes, pour pas qu’on dise que la police avait fraternisé avec les manifestants. Le Général Sylvano Kasongo a su ménager la chèvre et le choux.
Un autre qui a su danser sa partition sur les deux tableaux c’est Gilbert Kankonde, le ministre CACH de l’Intérieur. N’a-t-il pas annoncé, la veille de la marche, l’interdiction par le gouvernement de toute marche pro ou anti-Malonda… pour des raisons sanitaires ? Mais tout le monde sait que ces gens-là sont des têtus. Ils n’obéissent à personne, même pas à Fatshi. Que lui demande-t-on de plus ? Abeta bango ? D’ailleurs il s’est chamaillé avec Kabund et kabuya. Aujourd’hui au moins, aucun député FCC ne le menacera de convocation au parlement.
Il y a un double perdant, le FCC. D’abord, sur le terrain, les contremanifestants PPRD, ayant certainement compris qu’ils ne pouvaient pas faire le poids face à la marée des anti-Malonda, ont brillé par leur … respect des mesures barrière et des ordres du Chef de l’Etat (et non de Shina Rambo, pour une fois), qui interdit tout rassemblement de plus de 20 personnes.
Ensuite, à la chambre basse même, le coup de force de Jeannine Mabunda est en train de prendre eau. Deux coups durs en une semaine (le contrôle de la justice puis de la CENI), il y a de quoi prendre du doliprane, tant ça cogne dans les têtes.
L’homme du match, quant à lui, c’est celui qui s’est fait le plus discret ce jour-là, et après. Revenu le matin du jeudi de la marche de son voyage privé en Belgique, il s’était plongé dans les dossiers qui l’attendaient au bureau et n’a pas montré la tête à la fenêtre de la journée. Sans payer de mine, déjouer dans la même semaine les agressions contre l’indépendance de la magistrature et contre la CENI, ça s’appelle un doublé.
Malgré une certaine campagne de dénigrement de son bilan, Félix Tshisekedi est en train de marquer des points. En tout état de cause, c’est à lui de trancher la question parce que c’est lui qui signera ou pas l’ordonnance de nomination du Président de la CENI, et sur cette question, sa position, exprimée dans son discours à l’occasion de la fête de l’indépendance, ne prête pas à confusion. Le soutien à des élections transparentes (refus de cautionner la candidature cavalière du président de la CENI) vient s’ajouter au soutien à l’indépendance de la magistrature et la lutte contre la corruption (procès des 100 jours). Le peuple ne s’y trompe pas.
Malgré les défis encore pesants du social, il préfère soutenir, comme on l’a vu à travers les manifestations anti-Mabunda (ou anti-Malonda) celui qui incarne le changement. Et ce n’est pas LAMUKA qui a dit le contraire, puisqu’il projette de manifester aussi comme l’UDPS pour les mêmes raisons.
Serge GONTCHO di Spiritu Santu
Conscience Nationale en Action (CNA)