Il est souvent à cheval entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Sénégal. Il est professeur à la prestigieuse Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il enseigne les cours d’économie du développement et de la géopolitique de l’Afrique noire et du petit Moyen-Orient. Il est le Coordonnateur historique de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives en RDC (ITIE/RDC) dont la suspension à l’époque de la Coordination Nationale pour des ‘’ raisons politiques ‘’ avait fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la société civile rd-congolaise dont une frange importante continue de plaider pour sa réhabilitation. Il, c’est le professeur Mack Dumba Jérémy. Malgré le sourire au visage légendaire qui le caractérise, l’homme est resté motus et bouche cousue depuis cette affaire. Qui cherche trouve, dit-on. Géopolis l’a cherché et l’a trouvé, lundi 05 avril 2021, à Kinshasa, afin de lui tirer les vers du nez à la veille de l’expiration du moratoire sur l’exportation des concentrés de cuivre sulfure. Malgré son emploi du temps très chargé, cet érudit congolais, surnommé l’homme de la transparence qui a payé le lourd tribut ‘’ par ses contemporains, a bien voulu répondre naturellement à nos questions. L’ITIE est-elle une initiative des impérialistes pour contrôler les flux financiers en Afrique ? Pourquoi des pays riches en ressources naturelles tels que l’Afrique du Sud, les États-Unis d’Amérique, le Gabon, le Brésil, l’Azerbaïdjan, le Chili… n’en sont pas ou plus membres ? La RDC, en y adhérant sans réserve, avait-elle commis l’imprudence d’en devenir membre ? Pourquoi l’exploitation forestière reste toujours un secteur clos, un circuit fermé à la transparence ? A quoi servent les différents rapports ITIE sur les revenus du secteur extractif en RDC, principalement dans les mines, le pétrole et dans la forêt ? Qui lit les rapports ITIE ? Eléments des réponses avec le professeur d’universités Mack Dumba Jérémy qui a d’entrée de jeu déclaré que : ‘’ L’impérialisme s’est établi au sein de l’ITIE et personne ne se pose la question de savoir, à quoi ça sert cette structure ? Et donc aujourd’hui, si la RDC peut créer une structure parallèle à l’ITIE mais dépendante exclusivement de l’intérieur, le pays sera stratégiquement protégé ‘’. Poursuivant toujours son propos, l’homme de la transparence a invité toute la nation à revendiquer l’identité, la dignité de l’africanité, de la congolité. Mais malheureusement, les Congolais n’y arrivent pas parce qu’obligés de fournir des informations à l’extérieur. Ce dernier les utilise à leur bénéfice et non pas pour l’intérêt du Congo. Interview.
Géopolis Hebdo (GH) : Bonjour professeur, pouvez-vous vous présenter brièvement aux lecteurs de Géopolis Hebdo ?
Mack Dumba Jérémy (MDJ) : Je réponds au nom du professeur Mack Dumba Jérémy. Je suis professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal, où j’ai terminé mes études et présenté ma thèse de doctorat en économie du développement. Donc, je suis professeur en économie du développement à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) au sein de cette même Alma Matter et j’y enseigne les cours d’économie du développement et de la géopolitique de l’Afrique noire et du petit Moyen-Orient. En fait, il faut parler ici de l’Afrique noire en dessous du Maghreb et puis, du petit Moyen-Orient des pays du Maghreb qui généralement font partie du Moyen-Orient. Pour pouvoir les détacher un tout petit peu, nous disons qu’ils sont du petit Moyen-Orient. Donc, c’est depuis 2007 que j’ai terminé mes études là-bas. Je suis détenteur d’une licence de la FASEG de l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Cela va vous surprendre, je suis aussi chimiste de formation. Avant d’étudier l’économie, j’ai appris d’abord la chimie. J’ai un autre diplôme en Français (Ndlr : Enseignement de la langue française). Bref, voici ce que je suis. Donc, je suis professeur à Dakar, et professeur dans plusieurs autres universités à travers le monde comme professeur associé telles que l’Université Catholique du Congo (UCC), l’Université de Liège (Belgique), pour ne citer que celles-ci.
GH : En votre qualité de professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal, quel regard posez-vous sur l’enseignement supérieur et universitaire en Afrique au regard des défis qui pèsent sur le continent ?
MDJ : Un regard très ouvert, à la fois flou parce que je ne vois rien du tout ! Quand je regarde l’enseignement supérieur et universitaire en Afrique, je veux vous dire que nous avons totalement échoué dans l’enseignement supérieur et universitaire en Afrique, surtout en Afrique noire. Vous savez qu’on a classifié les universités en 2020. En Afrique, il n’y a aucune université africaine dans les 100 premières universités du monde. Les premières universités qui sont classées, sont entre les 150ème et 180ème places, notamment les universités du petit Moyen-Orient, du Maghreb, de l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie et aussi l’Afrique du Sud. En dehors de cette cadre-là, le nord on est coupé par le Maghreb, le Sud par l’Afrique du Sud, toutes les universités africaines qui restent, il n’y en a même pas une sur la liste de 300 premières universités du monde.
GH : Pourquoi est-ce que ces autres universités ne sont pas classées ?
MDJ : Parce que l’enseignement supérieur et universitaire, mieux le système éducatif de l’Afrique noire a fait une copie conforme des systèmes éducatifs français et anglais. En faisant le copier-coller, nous avons fait preuve de l’inadaptation du système en Occident qui se développe au jour le jour en gardant l’ancien type d’université des pays qui nous ont colonisés et de ce fait, l’université perd le Nord. L’université est-elle africaine totalement ou bien occidentale ? L’université en Occident, c’est pour les enfants des nantis qui ont des moyens. N’importe quelle personne, qui a le baccalauréat ne peut pas aller faire l’université.
Quand ont fait l’université, on doit pouvoir trouver l’emploi. Mais quand on fait l’université, on ne trouve pas de l’emploi, c’est-à-dire il y a un problème. Vous avez même des universités officielles et privées en Afrique où il y a carence des professeurs, carence des locaux, carence de l’identification réelle de ce que peut être appelée une université. Certaines n’existent que de nom et c’est ce qui fait que nos universités ne sont plus comptées. En RDC, j’ai cherché dans la liste de 500 universités, j’ai trouvé seulement le nom de l’Université de Lubumbashi (UNILU). Pour le reste des universités, aucune d’entre elles n’apparaissent. La corruption y a élu domicile, il n’y a plus rien. Donc, on ne peut pas nous classer.
GH : Vous êtes l’un des experts de la transparence dans le secteur des ressources naturelles, pensez-vous que cette notion de transparence peut être implantée dans un continent qui vit sous l’économie informelle avec des activités au noir ?
MDJ : J’aurais dit l’économie de rente. C’est très bien l’économie informelle. Moi, je n’aimerai pas vous compliquer dans ma réponse mais je vous dis que l’Afrique noire vit de l’économie de rente, c’est-à-dire, une économie tributaire de l’exploitation des ressources naturelles et non pas une économie créatrice des ressources. Les pays africains dont la RDC ne vit que des taxes, des impôts, des redevances, de la fiscalité et voire même de la non-fiscalité, de la parafiscalité/ Les sources principales des recettes, appelées recettes courantes du Trésor public, ne viennent que de l’exploitation de nos ressources naturelles d’où l’on tire la fiscalité.
Lorsqu’on parle de la transparence, cela veut dire, voir, tout voir et être vu. La transparence, ce n’est pas une notion purement africaine. Je donne un exemple. Quand vous allez rendre visite au chef coutumier, vous ne pouvez pas lui donner au grand jour des présents (offrandes, cadeaux) que vous lui apportés, ça doit être en secret et ce n’est pas transparent. La transparence, je ne le pense pas, ce n’est pas une notion déjà captée par les Etats africains et notre pays particulièrement. Quand on parle de la transparence, il faut parler nécessairement de la bonne gouvernance. Il faut avoir bien géré les deniers publics pour parler de la notion de transparence bien assise dans un pays. Or, la (bonne) gouvernance, c’est ça le plus grand défaut de nos Etats africains et particulièrement en RDC.
Qui dit gouvernance, dit la redevabilité, c’est-à-dire, il faut rendre compte. Si vous êtes transparents dans la gestion des revenus du secteur extractif, cela veut dire que l’on voudrait rendre compte à nos populations, leur montrer ce que nous avons pu faire de l’argent que nous leur avons montré que nous avons reçu, nous les dirigeants. Qui peut alors rendre compte ? Ce sont les politiques, les législatifs, la société civile mais cette dernière doit recevoir des politiques toutes les informations pour rendre-compte à la population. Si cela ne se fait pas ainsi, il y a mauvaise gouvernance. Quand on ne gère pas bien les ressources issues des secteurs miniers, pétrolier et forestier, avec les populations auxquelles appartiennent toutes ces ressources, c’est ça la mauvaise gouvernance. La notion de bonne gouvernance est difficile à appliquer dans nos pays parce que nous ne voulons pas rendre compte. Voilà. C’est très rare de trouver des chefs d’Etats africains ou des structures africaines qui rendent réellement compte de ce qu’on a perçu et de ce qu’on en a fait.
C’est très difficile et je me souviens avoir eu des problèmes avec le cabinet du chef de l’Etat sortant (Ndlr : Joseph Kabila Kabange) parce que je voulais qu’on rende compte de l’argent issu du secteur extractif. J’en ai payé un lourd tribut.
GH : Certaines personnes estiment que l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) est une initiative des impérialistes pour le contrôle des flux financiers en Afrique et que cela fut imprudent pour nos pays d’y adhérer sans réserve ?
MDJ : J’aimerais ici de prime abord remercié Géopolis Télévision et son tabloïd Géopolis Hebdo pour m’avoir posé une question fondamentale sur l’adhésion des pays africains à l’initiative ITIE. C’est capitale cette question que vous venez de me poser. Je voudrais dire que j’ai été présent à la création en 2002 de l’ITIE à Johannesburg, Afrique du Sud, lors de la conférence économique des pays africains. Pour la petite histoire, monsieur le journaliste, ce que les pays africains ont été reprochés par les bailleurs des fonds et certains pays occidentaux que nous vous donnons beaucoup d’argent que vous n’arrivez à bien gérer et puis, vous revenez encore pour nous demander de l’argent. C’est une question ambiguë parce que, normalement c’est l’Afrique qui donne de l’argent à l’Occident et celui-ci lui retourne à sa volonté et à ses taux. C’est le contraire normalement quad vous regardez bien la question. Les occidentaux ont dit publiquement, nous vous donnons de l’argent, nous venons investir chez vous, et vous vous laissez corrompre avec l’argent qui provient de ces secteurs extractifs. C’est la question fondamentale posée à cette conférence économique. Normalement, le véritable père-fondateur de l’ITIE, ce n’est pas l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair comme on le met au-devant de la scène mains c’est bel et bien, le président Obasanjo du Nigeria qui en avait fait la proposition. Ainsi naitra l’ITIE.
Puisqu’on y est, je m’excuse beaucoup pour l’expression, l’ITIE c’est une énormité, une connerie ! Pourquoi ? Parce que ces pays occidentaux et leurs multinationales qui viennent investir chez nous dans le secteur des ressources naturelles ne donnent que des bribes d’informations sur ce qu’ils ont réellement payé à l’Etat. Ils ne communiquent pas assez sur des bons chiffres. Comme l’investissement est occidental, lorsque nous leur demandons combien vous nous avez payé, ils ne disent pas tout. Plus fort, l’ITIE est devenue une organisation au service de certains pays occidentaux afin d’avoir des informations stratégiques sur les matières premières de l’Afrique.
Je veux vous le dire, l’ITIE demande énormément d’informations chaque année, les règles pour publier les rapports ITIE changent au fur et à mesure pour que toutes les informations soient mises au clair pour que ceux qui dominent l’exploitation de nos ressources naturelles, ceux qui sont à la base de notre retard économique, puissent avoir davantage des informations pour bien exploiter dans le futur lesdites ressources. Si vous essayez de soulever la problématique de la finalité de l’ITIE aujourd’hui dans les pays en développement, vous êtes un homme à abattre. J’en suis l’une des victimes. J’en ai payé le prix fort parce que je commençais à me poser la question suivante : ‘’ A quoi servent les différents rapports ITIE sur les revenus du secteur extractif en RDC, principalement dans les mines, le pétrole et dans la forêt, mieux le bois ? ‘’
Jamais, nous n’avons pas pu avoir une information quelconque sur l’exploitation forestière. C’est un secteur clos, un circuit fermé, personne ne peut oser y aller. Donc, l’impérialisme s’est établi là-dedans à travers les multinationales. Or, l’ITIE est une coalition de plusieurs parties notamment, le Gouvernement de la République qui y est représenté par les ministres compétents (Mines, Hydrocarbures, Environnement et développement durable, Plan…), les entreprises minières et la société civile. Le chef de l’Etat et le Premier ministre sont également représentés dans le conseil d’administration de l’ITIE mais malheureusement, ils ne se sont jamais posés la question de savoir : A quoi servent les rapports ITIE ? Qui lit les rapports ITIE ? Personne ne lit les rapports ITIE. Et si on les a lus, ils ont servi à quoi ? Toutes les informations que nous avons données ne permettent pas à ce que nous puissions relever la participation des revenus du secteur extractif au Trésor public, au Budget national et sur le Produit intérieur brut (P.I.B.). A quoi servent ces rapports ? Est-ce que vous savez que le secteur extractif participe à moins de 25% au Budget de l’Etat ? Or, le seul secteur qui exporte aujourd’hui en RDC, je ne veux pas dire ceux qui exportent un peu tout petit, c’est le secteur minier. Tout l’argent reste à l’extérieur. Donc, l’impérialisme s’est établi et personne ne se pose la question de savoir, à quoi ça sert cette structure ? Cette structure a permis à l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, comme agence de cotation, de se bomber le torse en disant nous avons publié tout ce qui a été reçu du secteur minier, vous le voyez dans les rapports ITIE là-bas, nous sommes bien cotés.
Et donc aujourd’hui, si la RDC peut créer une structure parallèle à l’ITIE mais dépendante exclusivement de l’intérieur, nous serons stratégiquement protégés (…). Nous devons revendiquer notre identité, notre dignité de l’africanité, de la congolité mais nous n’arrivons pas à le faire parce que nous sommes obligés de fournir ces informations à l’extérieur. Ce dernier utilise ces informations à leur bénéfice et non pas pour notre intérêt. Ce que vous avez dit pour moi, c’est très capital et il faudrait qu’on examine pourquoi est-ce qu’on est à l’ITIE ? Pour terminer, je veux vous informer qu’il y a des pays qui sont riches en ressources naturelles mais qui ne sont pas membres de l’ITIE. Les contributions de leurs ressources naturelles aux Budgets nationaux sont très élevées par rapport à la RDC. Je cite l’Afrique du Sud qui n’est pas membre, il y a également les Etats-Unis d’Amérique (Ancien membre qui a quitté l’ITIE pour protéger ses informations stratégiques), le Gabon n’est pas membre bien que disposant aussi d’un grand potentiel forestier. A cette liste s’ajoutent le Brésil, l’Azerbaïdjan, le Chili… Il y a des pays qui ne sont pas membres et ça marche. On peut toujours mettre en place la même structure mais il faut éviter de dépendre de l’international parce que l’ITIE est devenue un réseau des personnes qui voudraient constamment demander des informations, voire même des informations sensibles et la société civile qui participe au conseil d’administration ne peut rien faire.
Et la société civile dans nos pays africains, c’est quoi ? C’est la recherche de l’emploi. Qui trouve un emploi, trouve des occasions de voyager, de participer à des fêtes, à des conférences et autres. Ceux qui représentent les entreprises n’ont qu’à dire, on continue à mettre de la poudre dans les yeux des représentants de l’Etat. Nous publions des rapports et il n’y a pas un bénéfice visible.
GH : Comment peut-on améliorer les rapports parfois tendus entre les Compagnies minières, l’Etat et les populations riveraines ?
MDJ : Il y a la responsabilité sociétale. C’est-à-dire qu’une entreprise qui est créée et installée ne doit pas seulement investir dans l’exploitation de nos ressources mais aussi investir dans le capital humain riverain ou environnant. Généralement, quand on trouve une mine, sur celle-ci il y avait toujours un village, un territoire, une localité. On déplace ces personnes mais on ne s’en occupe même pas. On ne paye pas aussi des taxes pour les générations futures pourquoi quand l’on sait qu’on exploitera jamais les mines jusqu’à l’éternité ? Je prends l’exemple du pétrole. Cette matière première sera épuisable un jour, il faudra que l’argent qui a été mis de côté (Ndlr : Fonds pour les générations futures) puisse créer d’autres structures économiques afin de permettre à la jeunesse à venir de continuer de vivre.
Ces relations très tendues sont dues au non respect de la responsabilité sociétale par les entreprises et aussi par les désordres que créent les représentants de la société civile qui dialoguent d’avec ces entreprises pour pouvoir recevoir leurs dus, leurs redevances. C’est ce qui fait que les entreprises disent que l’Etat demande trop et en veut toujours plus. L’Etat à son tour dit que les entreprises sont très chiches et ne donnent pas assez. Cette situation doit créer des difficultés d’attente et de compréhension entre l’Etat et les entreprises minières.
GH : Quelle est votre lecture de la situation actuelle avec le changement intervenu dans les institutions et l’avènement de l’Union Sacrée pour la Nation (USN) ?
MDJ : J’aime ça mais faites attention à ce que vous venez de dire. Nous lisons dans la presse et nous écoutons ce que les politiques disent : ‘’Union Sacrée de la Nation et non pour la Nation ‘’. Ça c’est une faute grave ! Alors quand vous parlez de l’Union Sacrée de la Nation, donc c’est une structure formelle. Or, le chef de l’Etat (Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo), en parlant de l’Union Sacrée pour la République, il voulait parler d’un courant de pensée. Les gens sont allés à l’Union Sacrée de la République, de la Nation, c’est-à-dire, une structure politique établie qui sera hiérarchisée comme était le Front Commun pour le Congo (FCC)-Coalition pour le Changement (CACH). Donc, ils sont allés là-bas pour imposer leurs positions afin qu’ils soient acceptés. Or, s’ils l’avaient comprise dans le sens de ce que vous venez dire, l’Union Sacrée de la Nation, on comprendrait que ce n’est qu’un courant de pensée qui exige des règles de moralité et d’éthique. Donc, quand vous y adhérez, vous adhérez à des règles morales et non pas à une structure politique établie. Celui qui avait compris cette phrase, c’est le père de l’actuel Président de la République, le feu Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire qui avait dit en son temps, je cite : ‘’ On doit créer un courant de pensée dans lequel les gens doivent changer des mentalités ‘’. C’est ça l’Union Sacrée pour la Nation. Or, aujourd’hui, on laisse de côté ce courant de pensée et les gens sont allés à l’Union Sacrée de la Nation malheureusement sans laisser de côté la haine, la jalousie, le tribalisme, la corruption, la vengeance, l’injustice… Tous ces fléaux risquent encore de ressurgir, ne vous en faites pas, avec la politique de ôtes-toi delà que je m’y mette. Notre Nation ne peut être bâtie sur ces genres d’antivaleurs. Le Président de la République veut que la Nation congolaise soit rebâtie sur la justice pour tous, sur la probité, sur la morale. Et donc moi, je voudrais bien participer à la mort très certaine de l’Union Sacrée de la Nation très très bientôt. Mais si le chef de l’Etat insiste sur ceux qui doivent prêcher, parlent de l’Union Sacrée pour la Nation où il y a des règles, en ce moment-là, on peut espérer que quelque chose ira de bien. Tout le changement qu’on opère, c’est-à-dire on revient à la case de départ pour partir. Pendant ce temps le mandat du Chef en place court, le temps passe. Aujourd’hui, nous sommes en 2021 et 2022 c’est déjà demain. Il faut que le nouveau Gouvernement soit nommé, il faut lui donner du temps, que les ministres comprennent ce qu’ils doivent faire pour la Nation en étant au sein de cette Union pour la Nation. Il leur faudra six mois pour entrer en connaissance des dossiers de l’Etat et nous serons déjà en 2022. Et le grand travail de 2022, c’est mettre en place des structures pour préparer les prochaines élections générales prévues en 2023. Cette année là sera celle du repositionnement des politiciens pour pouvoir participer aux élections. Finalement, l’Union Sacrée de la Nation va s’éclater en miettes de nouveau. Mais si on parle de l’Union Sacrée pour la Nation, je pense qu’on pourra adhérer à la vision du Chef de l’Etat pour le vrai changement qui repose sur trois piliers à savoir : la probité, la morale et la justice.
GH : Avez-vous un mot de la fin ?
MDJ : En guise de conclusion, je voudrais dire… que nous n’avons étudié que pour servir le peuple. Nous devons prendre conscience de servir le peuple et rien que le peuple pour pouvoir tout changer. Les conflits dans notre pays sont dus à l’incapacité de l’autorité politico-administrative de contrôler toute l’étendue de notre territoire national. Les conflits sont récurrents et nous empêchent d’avancer mais si l’intellect, si l’élite congolaise prenait la position de dire tout haut servons d’abord le peuple, nous pouvons le servir. Tous unis, nous pouvons relever notre cher et beau pays la RDC. Une mission difficile mais pas impossible. Le vrai mot de la fin, c’est MERCI.
Propos recueillis par Dieudonné Buanali et Sada Selemani (Géopolis Hebdo/ 7 avril 2021)