Les quotas des pays membres sont revus légèrement à la hausse afin de compenser la flambée des prix de l’essence et de répondre à la demande croissante liée à la reprise de l’activité économique.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a annoncé que ses Etats membres, auxquels il faut ajouter les dix pays de l’alliance OPEP+, s’étaient mis d’accord, dimanche 18 juillet 2021, pour continuer à augmenter modestement leur production à partir d’août. L’accord prévoit que les 23 membres d’OPEP+ augmentent leur production de 400 000 barils par jour (b/j) chaque mois à partir d’août, afin de contribuer à alimenter la reprise économique mondiale au fur et à mesure que la pandémie s’atténue, ainsi qu’a pu le souligner l’organisation dans un communiqué.Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’OPEP se divise sur une hausse de la production de pétrole
L’organisation « évaluera l’évolution du marché » en décembre, ainsi qu’elle l’a annoncé. L’accord trouvé dimanche repousse par ailleurs la date limite du plafonnement de la production d’avril à décembre 2022. Une première réunion, prévue début juillet autour de cet agenda, avait dû être annulée en raison d’un désaccord intervenu entre les Emirats arabes unis et le reste de l’alliance sur un point technique : le volume de production de référence de cet Etat du Golfe.
Ce seuil, arrêté à la date d’octobre 2018, correspond pour Abou Dhabi à 3,17 millions de b/j. Il ne reflète effectivement pas la pleine capacité de production du pays, qui était montée à plus de 3,8 millions de b/j en avril 2020, à la veille des coupes drastiques opérées par le cartel.
Nouveaux quotas, fruits d’un « consensus »
Les discussions de dimanche ont permis d’aboutir à un compromis, selon lequel le quota de production des Emirats sera relevé à 3,5 millions de b/j en mai 2022. Les quotas de plusieurs autres pays seront également ajustés : c’est par exemple le cas de l’Irak, du Koweït, de l’Arabie saoudite, ou de la Russie. Le ministre saoudien de l’énergie, Abdelaziz Ben Salman, a refusé de dire comment ces nouveaux quotas avaient été fixés, affirmant qu’il s’agissait là d’un critère nécessaire à la « recherche d’un consensus ».
« La rencontre d’aujourd’hui confirme à nouveau notre volonté d’être constructifs et de trouver un consensus », a réagi de son côté le vice-premier ministre russe, Alexandre Novak, sur la chaîne Rossia 24. Selon lui, cette hausse devrait permettre à la Russie de produire 21 millions de tonnes de pétrole de plus en 2021 ainsi qu’en 2022. L’objectif du cartel est de revenir aux niveaux de production d’avant-Covid, l’alliance produisant à l’heure actuelle 5,8 millions de b/j de moins que préalablement à l’éclatement de la pandémie.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Moyen-Orient, des fissures dans l’alliance entre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis
La stratégie qui a prévalu dimanche s’inscrit dans ce qui a fait la force de la politique du cartel depuis le mois de mai : rouvrir petit à petit le robinet d’or noir après l’avoir serré de manière très forte, les premiers temps de la pandémie, en réponse à une demande moribonde. Avec un certain succès au niveau des prix – du point de vue des producteurs –, puisque ces derniers ont grimpé.
Les prix du pétrole, déjà en recul en raison des inquiétudes concernant l’économie mondiale, s’étaient en effet effondrés en avril 2020 avec la propagation du coronavirus, qui aura mis à mal les chaînes de consommation, de transport et d’approvisionnement mondiales.
Rendez-vous le 1er septembre
L’alliance OPEP+ s’était engagée, en avril 2020, à retirer volontairement du marché 9,7 millions de b/j puis à les réintroduire progressivement d’ici à la fin du mois d’avril 2022. Cette échéance a finalement été reculée de plusieurs mois, jusqu’à décembre de cette même année, car elle apparaissait courte au rythme actuel de réouverture des vannes, plusieurs fois ralenti en raison des soubresauts de la crise sanitaire.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ahmed Zaki Yamani, architecte de la puissance pétrolière saoudienne, est mort
L’OPEP+ est de surcroît confronté à une équation complexe, entre une reprise de la demande – bien que toujours fragile –, un retour probable, à moyen terme, des exportations iraniennes et des prix élevés, lesquels provoquent le mécontentement de certains gros importateurs, comme l’Inde.
Les ministres des pays de l’OPEP+ se sont réunis fréquemment depuis le printemps 2020 afin d’évaluer l’état du marché. Leur prochaine réunion est prévue le 1er septembre, selon le communiqué de l’OPEP. L’accord conclu dimanche était attendu par les analystes, dans la mesure où « une rafale de pourparlers a eu lieu samedi pour tenter de combler le désaccord », a souligné dans un tweet Herman Wang, spécialiste de l’industrie énergétique chez S&P Global Platts.
Pétrole : quels sont les différents pays réunis au sein de « l’OPEP+ » ?
Le Kazakhstan est l’un des 23 pays membres de l’OPEP+. (©
L’« OPEP+ » désigne un groupe de 23 pays producteurs de pétrole : les 13 pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et 10 autres producteurs dont la Russie. Ces pays se concertent régulièrement depuis fin 2016 afin de soutenir les cours du pétrole en mettant en commun leurs efforts de réduction de la production. Ils ont compté pour près de 51% de la production mondiale de pétrole en 2020 selon l’AIE.
Les 13 pays membres de l’OPEP sont, par ordre de production :
- l’Arabie saoudite (11,8 Mb/j de pétrole en 2019 selon BP(3), soit 12,4% de la production mondiale de pétrole) ;
- l’Irak (4,8 Mb/j en 2019) ;
- les Émirats arabes unis (4 Mb/j en 2019) ;
- l’Iran (3,5 Mb/j en 2019) ;
- le Koweït (3 Mb/j en 2019) ;
- le Nigéria (2,1 Mb/j en 2019) ;
- la Libye (1,2 Mb/j en 2019) ;
- l’Algérie (1,5 Mb/j en 2019) ;
- l’Angola (1,4 Mb/j en 2019) ;
- le Venezuela (0,9 Mb/j en 2019) ;
- le Congo (0,3 Mb/j en 2019) ;
- le Gabon (0,2 Mb/j en 2019) ;
- la Guinée équatoriale (0,2 Mb/j en 2019).
Les 10 autres pays producteurs réunis au sein de l’OPEP+ mais non membres de l’OPEP sont, toujours par ordre de production :
- la Russie (11,5 Mb/j de pétrole en 2019 selon BP, soit 12,1% de la production mondiale de pétrole) ;
- le Mexique (1,9 Mb/j en 2019) ;
- le Kazakhstan (1,9 Mb/j en 2019) ;
- Oman (1 Mb/j en 2019) ;
- l’Azerbaïdjan (0,8 Mb/j en 2019) ;
- la Malaisie (0,7 Mb/j en 2019) ;
- Bahreïn (0,2 Mb/j en 2019) ;
- Brunéi (0,1 Mb/j en 2019) ;
- le Soudan (0,1 Mb/j en 2019) ;
- le Soudan du Sud (0,1 Mb/j en 2019).
Précisons que 3 pays de l’OPEP sont exemptés d’un effort de réduction de leur production : l’Iran, la Libye et le Venezuela. Lors de leur dernière réunion en avril 2021(4), les 20 autres pays au sein de l’OPEP+ se sont engagés à limiter leur production cumulée de pétrole brut à 37,3 Mb/j en mai 2021, soit près de 15% de moins que leur « production de référence » (niveau d’octobre 2018, sauf pour l’Arabie saoudite et la Russie, pays pour lesquels la production « de référence » est fixée à 11 Mb/j).
Le Monde avec AFP/OPEP