J’ai été intégré récemment dans un groupe qui permet des échanges sur les différentes cultures et traditions du Congo.
J’ai eu le grand plaisir d’y contribuer avec mon opinion sur le rapport entre l’identité et les origines ethniques des citoyens.
Notre pays est d’une richesse culturelle incommensurable à travers une kyrielle d’ethnies et de tribus africaines. Il nous appartient de faire vivre cette richesse et de la transmettre à la postérité.
Je voudrais d’emblée préciser que j’ai une approche très marquée par le nationalisme sur la question de l’identité ethnique.
Je considère en effet que notre pays est une jeune nation en consolidation, sur laquelle portent des convoitises et des desseins hostiles à notre unité. Ainsi notre existence en tant que nation est encore fragile et fragilisée par des menaces de tous ordres, à la fois internes et externes.
C’est pourquoi, dans mon approche par rapport à l’identité je me considère d’abord comme congolais, mes origines ethniques étant des péripéties de mon histoire personnelle et familiale.
C’est ainsi que je suis favorable à la suppression des mentions des origines territoriales sur nos papiers d’identité. Cette pratique est un vestige de la politique coloniale de contrôle des populations indigènes.
Je pense que l’ethnologie et l’anthropologie belge étaient influencées par une approche germanisante qui charrie une obsession de la race et de l’ethnie (voir les conséquences des classifications raciales faites par les allemands, et ensuite les belges, dans les cas du Rwanda et du Burundi).
Nous avons du mal à nous débarrasser de cette pratique de l’identification ethnique pour des raisons inavouables, car en réalité elle permet d’appliquer subtilement le tribalisme dans tous les actes de la vie nationale : recrutement, promotion, favoritisme, népotisme, ostracisme et j’en passe…
Et d’ailleurs les nominations au sein des institutions font la part belle à un principe arbitraire et hypocrite qu’on appelle la « géopolitique ».
Le résultat de tout cela c’est l’immobilisme chronique de notre pays, car le principe de la compétence « the right man in the right place » est allègrement piétiné.
Que cela soit clair, je suis attaché à nos cultures ancestrales et régionales, et je pense que l’état devrait aider à les promouvoir, car il est important pour une nation d’avoir des racines.
Cependant, je préfère considérer d’un côté mon identité, qui est uniquement ma citoyenneté congolaise, tandis que les origines ethniques sont celles (ancestrales) de ceux qui m’ont donné la vie : mes parents.
Ma propre descendance fait partie de la nouvelle génération des congolais qui écrira une nouvelle page d’un Congo divers et fraternel grâce à de multiples brassages ethniques.
La culture congolaise s’enrichira de ce melting-pot qui permettra de dépasser les postures ethnicistes, dans un élan de fraternité de tous les congolais…
Par Maître Charles KABUYA