N’Djaména et Niamey ont décidé d’unir leurs forces afin de combattre les rebelles qui sévissent au Tchad, ainsi que les terroristes de la région. Niamey en a profité pour arrêter un Nigérien putschiste présumé, avec l’aide du Bénin.
Le paysage géopolitique se recompose entre le Niger, le Tchad et le Bénin. En effet, Niamey et N’Djamena ont de nouveaux dirigeants et le Bénin est entré dans le bal de la lutte contre les déstabilisateurs de la région ouest-africaine.
« Ce n’est pas le moment de discuter ou de dialoguer avec les hors-la-loi. L’heure n’est ni à la médiation, ni à la négociation », avec le FACT, a répliqué le général tchadien Azem Bermendao Agouna.
Quelques semaines après son élection à la présidentielle, le nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum a dû essuyer une tentative de coup d’État, à l’approche de sa prestation de serment, dans la nuit du 30 au 31 mars 2021, soit deux jours avant son investiture.
Grâce à l’entregent du nouveau réélu président du Bénin, Patrice Talon, le capitaine Sani Gourouza, auteur présumé de ce putsch à Niamey, a été arrêté au Bénin et remis aux autorités nigériennes.
Bien avant cet épilogue, le mardi 20 avril, un lieutenant et un adjudant ont également été arrêtés au Bénin pour le même motif, et transférés à Niamey.
Cette fructueuse coopération entre Cotonou et Niamey témoigne de l’entrée du Bénin dans la liste des pays africains qui luttent contre les rebelles, les putschistes et les terroristes.
De son côté, bien que pleurant encore le décès de son ancien président Idriss Déby Itno, Ndjaména ne baisse pas la garde.
Officiellement donc depuis le 25 avril 2021, le pays a noué un partenariat militaire et une coopération sécuritaire avec le Niger. Des sources officielles au Niger soulignent que le pays coopère pleinement avec le Tchad et que les forces armées des deux pays sont en contact permanent. L’objectif est de mettre hors d’état de nuire les rebelles tchadiens du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), accusés par les officiels d’avoir tué le président Idriss Déby Itno.
Pourquoi le Niger ? Les présidents du Niger et de la Mauritanie, membres de l’organisation du G5 Sahel (Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso) ont lancé au Tchad une médiation entre les militaires et les rebelles. Le président du Niger, Mohamed Bazoum, désigné médiateur dans la crise tchadienne, avait notamment appelé le chef rebelle tchadien Mahamat Mahdi Ali à la retenue.
On ne négocie pas avec des hors-la-loi
De plus, selon le général Azem Bermendao Agouna, porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT) au Tchad, plusieurs combattants du FACT se seraient réfugiés au Niger. Ce qui explique que le Tchad sollicite l’appui du Niger et celui des autres pays du G5 Sahel afin de l’aider à mettre la main sur ces combattants-rebelles. « Le Tchad en appelle à la coopération et à la solidarité du Niger en vue de faciliter la capture et la mise à disposition de la justice de ces criminels de guerre », a tranché l’officiel tchadien.
Quelques semaines après le décès du président tchadien, Mahadi Ali le leader du FACT a appelé les nouveaux dirigeants à un cessez-le-feu et à l’ouverture d’un dialogue.
Proposition vite rejetée par le CMT. « Ce n’est pas le moment de discuter ou de dialoguer avec les hors-la-loi. L’heure n’est ni à la médiation, ni à la négociation », avec le FACT, a répliqué le général Azem Bermendao Agouna. Les rebelles ont immédiatement annoncé leur intention d’aller à la guerre, s’ils ne trouvent que cette seule option dans l’offre politique tchadienne.
Mais le nouveau président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno et les officiels du CMT peuvent compter sur la bienveillance internationale exprimée dans les propos du président français Emmanuel Macron : « La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. » .
- PAR SERGES DAVID (Le Magazine de l’Afrique)