Le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) fustige la forte restriction d’accès
humanitaire aux territoires de Djugu et de Mahagi où les principales
routes reliant la capitale de la province, Bunia, au territoire de Djugu, ont été complètement fermées pendant près de trois semaines en avril 2020, et demeurent encore trop incertaines pour les transports de matériel de secours.
C’est ce qu’a déclaré, jeudi 7 mai 2020, le porte-parole de cette structure lors de la conférence de presse qu’il a animée au Palais des Nations à Genève.
Selon ce haut fonctionnaire, le HCR est préoccupé par la sécurité des
personnes déplacées et craint que le manque d’aide humanitaire n’ait un impact désastreux, car les possibilités de sources de revenus sont
aujourd’hui réduites du fait de la pandémie de Covid-19. Aussi,
poursuit-il, la faim pose également un risque réel du fait de la
hausse des prix alimentaires en raison de l’approvisionnement limité
dans ces deux territoires.
Conformément aux tendances antérieures, la grande majorité des
personnes déplacées sont des femmes et des enfants – qui vivent
désormais dans des conditions de surpeuplement au sein de familles
d’accueil. D’autres dorment en plein air ou dans des bâtiments
publics, comme des écoles qui ne sont actuellement pas utilisées pour
les classes en raison des mesures de lutte contre la pandémie de
Covid-19.
Le HCR demeure alarmée par la hausse continue des violentes attaques
menées contre les populations locales dans la province de l’Ituri, en
République démocratique du Congo (RDC), où plus de 200.000 personnes
ont été forcées de fuir leur foyer durant ces deux derniers mois
seulement.
Il demeure également préoccupé par le rétrécissement de l’espace pour
l’aide humanitaire, car les attaques continuent de nuire à notre
capacité d’atteindre les personnes qui ont désespérément besoin
d’aide. Le HCR appelle toutes les parties au conflit à respecter la
vie des civils et le travail humanitaire.
Après les estimations, il revient que près de cinq millions de
personnes sont aujourd’hui déracinées en RDC, dont 1,2 million dans la
province de l’Ituri.
Les tensions sont en hausse depuis décembre 2019 lors du lancement
d’une opération militaire dirigée par le gouvernement contre divers
groupes armés semant la terreur dans la région. La violence a explosé
depuis la mi-mars, alors que le nombre de contre-attaques menées par
des groupes armés s’est multiplié.
Dans la province de l’Ituri, le HCR et ses partenaires ont enregistré
plus de 3000 violations graves des droits humains dans le territoire
de Djugu au cours des 60 derniers jours, résultant de près de 50
attaques menées contre la population locale en moyenne chaque jour.
Les personnes déplacées ont signalé des actes de violence extrême,
avec au moins 274 civils ayant été tués au moyen d’armes comme des
machettes. Plus de 140 femmes ont été violées et près de 8000 maisons
ont été incendiées.
Tant les personnes déplacées que leurs hôtes sont vulnérables aux
attaques et contre-attaques survenant de façon répétitive ainsi qu’à
la violence continue.
Certains déplacés, qui avaient tenté un retour chez eux, sont de
nouveau la cible d’attaques et de menaces continuelles de la part des
groupes armés. Le 24 avril, quatre rapatriés ont été tués dans la
ville de Nyangaray, tandis qu’une vingtaine de familles ont été
enlevées par un groupe armé. Dans le territoire de Mahagi, deux
personnes déplacées de retour auraient été enterrées vivantes par un
groupe d’hommes armés, après avoir été accusées d’avoir volé
l’équivalent de 6 dollars.
Il est souligné que le HCR et ses partenaires travaillent à fournir
des articles de secours et à construire davantage d’abris pour les
nouveaux déplacés. Toutefois, les sites de déplacés internes
deviennent rapidement surpeuplés en raison du grand nombre de nouveaux arrivants et du nombre limité de terrains disponibles.
Le sous-financement nuit également à la capacité du HCR de répondre aux
besoins les plus pressants des populations déplacées. L’appel de fonds
d’un montant de 154 millions de dollars pour la RDC n’est financé qu’à
hauteur de 18 pour cent, note-t-on.
Par ACP