Description
Le mont Nyiragongo est un stratovolcan actif situé sur le rift Est-africain, en République Démocratique du Congo. Ce volcan, qui fait partie de la chaîne volcanique africaine de Virunga, est entré en éruption le 17 Janvier 2002, éjectant un gros nuage de fumée et de cendres haut dans le ciel et déversant trois rivières de lave sur les côtés Est et Ouest de l’édifice volcanique, à près de 60 km/h.
Figure 1. Localisation du Nyiragongo en Afrique.
Ce volcan est situé à peu près à 19 km au Nord de la ville de Goma, près de la frontière entre le Congo et le Rwanda, peuplée de plus de 400.000 habitants. Lors de son parcours, l’une des rivières de lave a détruit 14 villages voisins, puis a atteint Goma qu’elle a marquée d’un sillon de plus de 60 m de large, forçant à son évacuation. La lave se déverse maintenant dans le lac Kivu et l’on craint que le réchauffement des eaux du lac ne fasse remonter le gaz carbonique piégé au fond.
Source – © 2002 Jacques Descloitres, données Terra MODIS, NASA-GSFC
Figure 2. Éruption du volcan Nuiragongo, 17 janvier 2002.
L’image en fausses couleurs a été réalisée le 17 Janvier par un capteur satellite de résolution modérée, (MODerate-resolution Imaging Spectroradiometer : MODIS), à peu près 5h après le début de l’éruption. On note sur cette image le gros panache du mont Nyiragongo (en blanc brillant) qui s’étend vers l’Ouest. Le panache apparaît plus haut que les nuages adjacents et est donc d’une température plus froide, ce qui permet à MODIS de distinguer les nuages du panache volcanique, en utilisant leur spectre de radiation thermique.
Source – © 2002 Robert Simmon, données NASA-GSFC Landsat 7 Science Team
Figure 3. La région du volcan Nyiragongo et du lac Kivu, le 11 décembre 2001.
L’image en vraie couleur a été acquise par un capteur ultra sensible (ETM+) du satellite Landsat 7, le 11 décembre 2001, un mois avant l’éruption de 2002. Le grand cratère du volcan est nettement visible sur l’image. Jusqu’en juin 1994, il y avait même un lac de lave dans ce cratère qui s’est solidifié depuis.
Un volcan encore plus imposant, le Nyamuragira, situé a 21 km au Nord du Nyiragongo, est entré en éruption en février et mars 2001. Cette éruption avait également produit un panache de cendres et des coulées de lave dont certaines apparaissent comme des sillons sombres radiant du Nyyamuragira sur l’image ci-dessus.
Les éruptions du Nyigarongo et du Nyamuragira sont très dangereuses en raison de la grande fluidité des laves qui permet aux coulées de descendre très vite au bas du volcan. Les éruptions peuvent être puissantes et spectaculaires, et les coulées peuvent parcourir jusqu’à dix kilomètres très rapidement.
Les émissions de SO2 associées à de telles éruptions sont également importantes et représentent un fort danger pour la santé des habitants. De plus, la matière végétale brûlée aux alentours du volcan entraîne la formation de nuages de fumée dense qui perturbent la vie des gorilles des montagnes qui ont élu domicile dans le massif montagneux.
Détection par satellite du SO2 rejeté par le Nyiragongo
Lorsque le spectromètre TOMS a survolé le nuage de SO2, ce dernier s’étendait sur 200 km en direction du W-NW du volcan Nyiragongo et était encore attaché à l’édifice. L’image fournie est comparable aux images MODIS qui montrent le nuage opaque avec la même orientation.
Source – © 2002 TOMS volcanic emissions website
Figure 4. Nuage de SO2 de l’éruption du Nyiragongo détecté par spectrométrie TOMS le 17 janvier 2002, 9h (UTC).
La direction des vents suggère que le nuage a atteint des altitudes supérieures à 10-12 km (haut de la troposphère) mais sans injection significative dans la stratosphère, comme le montre les données TOMS du 18 janvier 2002. Aucune augmentation significative de la teneur en SO2 n’a été détectée par TOMS le 19 et le 21 janvier 2002.
Malgré les chiffres du 17 janvier qui peuvent paraître impressionnants (10 à 30 kilotonnes de SO2 au moment du passage de TOMS), ces valeurs sont d’un ordre de grandeur plus faible que l’éruption de février 2001 du volcan voisin Myamuragira, ce qui suggère que le magma a été largement dégazé avant l’éruption.
Par Édouard Kaminski (Institut de Physique du Globe de Paris)/Hervé Bertran (ENS Lyon)/Benoît Urgelli