Le financement du fonds fiduciaire pour le continent africain est en panne. Une situation qui agace le Parlement européen et la Commission, qui demandent aux États membres de mettre la main au portefeuille pour respecter leurs engagements.
Les pays européens ne financent qu’une petite partie de ce qu’ils ont promis au Fonds fiduciaire pour l’Afrique, destiné à répondre aux problématiques de développement et de sécurité dans les pays d’origine des migrants sur le continent.
Depuis 2015, la Commission européenne a lancé plusieurs fonds fiduciaires de ce type, afin de répondre à la crise migratoire. Le plus important concerne l’Afrique et plus spécifiquement les régions d’origine des migrants, comme le Sahel, la région du lac Tchad, la Corne de l’Afrique et le nord du continent.
Lancé en novembre 2015, ce fonds fiduciaire pour l’Afrique peine depuis à atteindre ses objectifs de financement. Doté de 1,8 milliard d’euros de fonds européens, en partie piochés de l’aide au développement, le fonds n’a pas obtenu les contributions espérées de la part des États membres.
Promesses non tenues
« Les États membres ne font pas suffisamment d’efforts en ce qui concerne les promesses et les contributions au Fonds fiduciaire pour l’Afrique » s’est récemment agacé Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
L’UE débloque 1,5 milliards pour les migrants d’Afrique
La Commission doit annoncer la mise en place d’un fonds spécial pour l’Afrique, destiné à s’attaquer aux causes de la crise des réfugiés.
« Nous espérions que les États membres complètent ce montant [de 1,8 milliard] pour que nous ayons à notre disposition 3,6 milliards d’euros », a-t-il rappelé. Mais depuis 2015, les contributions sont restées en bernes, avec seulement 89 millions d’euros provenant des capitales.
« Les États membres n’ont, bien entendu, rien versé, et la Commission a dû accroître sa part à 2,6 milliards d’euros » a tempêté le président de l’exécutif européen, rappelant par ailleurs que « la Norvège et la Suisse promettent plus que les trois quarts des États membres ».
Crédits non dépensés
Pour le Parlement européen, la question du sous-financement de ces fonds pourrait pourtant être résolue avec un peu de bonne volonté de la part des États membres. Dans un rapport adopté début juillet, les élus européens ont appelé les pays européens à verser aux différents fonds fiduciaires les crédits non dépensés du budget européen 2016.
Malgré les multiples crises traversées par l’UE, une partie importante du budget pour l’année 2016 n’a pas été dépensée. Le reliquat s’élève à 6,4 milliards d’euros. Non dépensé, cet argent ne sortira même pas des caisses des différents pays.
Le Parlement s’inquiète du financement du fonds spécial pour l’Afrique
Les contributions des États membres au fonds d’affectation spéciale de l’UE pour l’Afrique demeurent extrêmement faibles. Le fonds est ainsi principalement financé par l’aide au développement de l’UE, a dénoncé le Parlement européen.
« Concrètement, les États membres ont donc moins payé que prévu, puisque l’UE a moins dépensé que prévu », explique une source au Parlement européen. Cette manne financière non utilisée provient notamment de la politique de cohésion, dont un certain nombre de projets n’aboutissent pas.
Pour les parlementaires européens, ce surplus devrait donc revenir dans les caisses de l’UE, et non dans celle des pays européens. Et pourraient spécifiquement servir à financer les fonds fiduciaires en 2017. Ainsi, les États membres pourraient « honorer leurs engagements en lien avec la crise des réfugiés et verser une contribution […] aux fonds fiduciaires de l’Union et au nouveau Fonds européen pour le développement durable », souligne la résolution.
Finalité critiquée
Au-delà du financement problématique du fonds fiduciaire, son objectif est également régulièrement remis en cause. Ainsi, le fonds dont l’objectif principal est de lutter contre les causes profondes des migrations est très largement financé par le Fonds européen de développement (FED), principal outil de l’UE en faveur du développement et de la lutte contre la pauvreté.
La réorientation de l’aide au développement de l’UE vers les enjeux migratoires a régulièrement été dénoncée par les ONG, mais aussi par les représentants des pays africains et le Parlement européen.
Cécile Barbière