La justice de la République démocratique du Congo a renversé mercredi 14 juillet 2021 la décision prise la veille de placer en résidence surveillée l’ancien Premier ministre Augustin Matata, soupçonné de détournement de fonds publics, a-t-on appris auprès de son avocat.
« L’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon n’est plus en résidence surveillée. Le parquet général près de la Cour constitutionnelle en a décidé ainsi ce mercredi soir. Il est rentré à son domicile sans être accompagné par des policiers », a déclaré à l’AFP Me Laurent Onyemba.
« Sa fuite n’est pas à craindre. Pour la suite de l’affaire, il répondra désormais aux invitations du parquet en homme libre », a indiqué à l’AFP un magistrat, sous couvert d’anonymat.
Dans la journée, l’AFP a consulté un mandat du parquet près la Cour constitutionnelle daté de mardi, qui ordonnait que M. Matata « soit placé en état d’arrestation provisoire et assigné à résidence » à son domicile.
« Ce dossier est fondamentalement politique. Nous comptons demander sa comparution en homme libre parce qu’il n’y a rien contre lui », avait commenté l’AFP Me Onyemba.
La justice reproche à l’ancien Premier ministre d’avoir « payé plus de 110 millions de dollars à des créanciers fictifs, victimes de la +zaïrianisation+ des entreprises étrangères » lorsqu’il était au gouvernement, a-t-il expliqué.
« Ce qui est faux sur toute la ligne. Nous avons apporté toutes les preuves que la liste des créanciers, la certification des dettes nées de la +zaïrianisation+, bref tous les dossiers ont été préparés plusieurs années avant son arrivée au gouvernement », a encore expliqué Me Onyemba.
La Zaïrianisation est une mesure d’expropriation sans indemnisation d’entrepreneurs étrangers décidée dès 1973 par l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko.
Aujourd’hui sénateur, M. Matata fut ministre des Finances de 2010 à 2012 et Premier ministre de 2012 à 2016, sous le mandat de l’ex-président Joseph Kabila.
Les sénateurs congolais s’étaient prononcés contre des poursuites visant M. Matata dans une première affaire. Mais, le 5 juillet, six membres du bureau du Sénat ont consenti à une demande du procureur près la Cour constitutionnelle de lever l’immunité parlementaire du sénateur Matata Ponyo.
En République démocratique du Congo, la Cour constitutionnelle est le juge pénal du président et du Premier ministre pour les faits commis lorsqu’ils étaient en fonction.
Avec VOA/AFP