
Au Fespaco, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, les projections officielles ont débuté dimanche 17 octobre 2021. Plusieurs catégories existent : longs métrages, mais aussi documentaires.
En sélection, « En route pour le milliard » du Congolais Dieudo Hamadi revient sur la guerre des Six Jours dans la ville de Kisangani (5-10 juin 2000) guerre entre les armées rwandaise et ougandaise.
Ils s’appellent Mama Bahingui, Gedeon, Sola, Mama Kashinde, Président Lemalema et ils font partie des 3 000 blessés de ces affrontements à Kisangani qui ont fait mille morts. Tous sont handicapés, se font fabriqués des attelles de fortune. Et 18 ans après cette guerre oubliée, ils décident d’aller à Kinshasa récupérer les dédommagements promis.
Une épreuve
Pour rejoindre la capitale, ils embarquent sur une barge d’un autre âge, fouettés par la pluie et les coups de vent, un voyage, une épreuve encore plus lorsque l’on est handicapé. Images saisissantes, comme celle de Mama Kashinde, elle n’a plus de bras, plus de jambes, mais sait utiliser un pilon ou faire de la couture.
Ce documentaire, s’il parle du rejet au sein même des familles, des pensées suicidaires de certains, est surtout une leçon de vie, de combat. Refoulés de l’Assemblée nationale, des bureaux des Nations Unies, l’équipe cherche finalement un avocat et attend beaucoup de l’élection du président Tshisekedi.
Bouleversant
Bouleversé comme de nombreux spectateurs à la sortie de la projection, Yémoussa Ouédraogo a eu du mal à trouver les mots : « Les dirigeants n’écoutent pas ceux qui ont des problèmes sérieux. Ils ont d’autres chats à fouetter que de résoudre les problèmes réels. La conclusion, c’est ça. Ça fait pitié. »
« En route pour le milliard » de Dieudo Hamadi est d’ores et déjà l’un des documentaires marquants de ce Fespaco.
Une grande vague de bien-être souffle sur la ville. Ouagadougou s’est faite belle pour le Fespaco. Un bon signal pour aller de l’avant, estime Charles: «Le fait que le Fespaco existe, ça montre qu’on est intègre. Et dans l’intégrité, il y a ce qu’on appelle le courage. On ne baisse pas les bras. On avance».
LA GUERRE DES SIX JOURS À KISANGANI
Cimetière mémorial de la guerre des six jours
à Kisangani de 2000.
La guerre des six jours est une succession d’affrontements meurtriers entre l’armée ougandaise et rwandaise à Kisangani du lundi 5 au 10 juin 2000 en République démocratique du Congo durant la deuxième guerre du Congo. Selon le groupe Justice et Libération, une association des droits de l’homme basée à Kisangani, les affrontements causèrent environ 1 000 morts et au moins 3 000 blessés dont la majorité dans la population civile[1]. L’évènement est nommé « guerre des six Jours » car il a duré six jours mais aussi parce qu’il a duré du 5 au 10 juin comme la guerre des Six Jours entre Israël et la Ligue arabe en 1967.
La ville de Kisangani avait déjà subi des affrontements entre les troupes rwandaises et ougandaises en août 1999 et le 5 mai 2000. Mais les affrontements de juin 2000 furent les plus meurtriers et ont sérieusement sinistré une grande partie de la ville de Kisangani avec de 7 000 à 10 000 obus tirés.
Venues principalement contrôler les richesses minières de la région, l’Armée patriotique rwandaise (APR) et l’Uganda People’s Defence Force (UPDF) ont également détruit ou endommagé un grand nombre de bâtiments (habitations, résidences, hôpitaux, espaces publics, commerces et lieux de culte) dont la centrale hydro-électrique de la Tshopo, l’Institut Lisanga et la cathédrale Notre-Dame.
D’autres séquelles et victimes subsistent de la guerre des six jours comme des personnes mutilées, des orphelins et des femmes violées ayant assistées à la mort de leurs maris et aux enlèvement de leurs enfants.
Une vingtaine d’années plus tard, les victimes congolaises de ces tragiques événements demandent réparation. Le médecin congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, tient à ce que les préjudices causés soient réparés et plaide pour l’établissement de mémoriaux, d’un tribunal international pénal pour la RDC accompagnés de réformes profondes des secteurs concernés.
Avec RFI/Wikipédia