La famille de l’opposant historique congolais Etienne Tshisekedi wa Mulumba, décédé le 1er février dernier à la clinique Saint-Elisabeth d’Uccle à l’âge de 84 ans, envisage de demander une autopsie du corps car elle s’interroge sur la rapidité du décès, a annoncé lundi son fils, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
« Nous allons demander l’expertise d’un médecin et d’un avocat pour voir les suites à donner à ce décès. Ce qui est clair c’est que nous nous posons des questions dans la famille sur ce décès inopiné », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à Bruxelles à la veille, lundi 13 février 2017, de son retour prévu à Kinshasa.
« La décision sera prise après concertation des médecins et des avocats de la famille », a ajouté Félix Tshisekedi, qui est également secrétaire général adjoint en charge des questions diplomatiques et politiques du parti que présidait son père, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS, la principale formation d’opposition en République démocratique du Congo).
Etienne Tshisekedi était arrivé le 24 janvier à Bruxelles – officiellement pour un « check-up » médical – en souffrant de la jambe gauche et « dans un état de fatigue générale » Il est décédé une semaine plus tard, des suites d’une embolie pulmonaire.
La famille s’étonne de la « rapidité avec laquelle son état s’est dégradé », selon l’héritier présomptif du leader d’opposition. » Nous n’avions aucune raison de nous inquiéter », a-t-il dit.
Selon Félix Tshisekedi, son père a notamment subi une anesthésie générale pour une « intervention chirurgicale au pied gauche » alors que les spécialistes estiment qu’une anesthésie locale aurait suffi.
« Les médecins nous ont expliqué qu’ils ont du passer à l’anesthésie générale parce que l’intervention a duré plus longtemps que prévu. Mais certains médecins ne sont pas d’accord. Il n’y avait pas de crainte à avoir », a-t-il souligné.
Aucune date fixée pour le rapatriement du corps, selon Félix Tshisekedi
Aucune date n’a encore été fixée pour le rapatriement de la dépouille de l’opposant historique congolais Etienne Tshisekedi wa Mulumba en République démocratique du Congo (RDC), a annoncé lundi son fils, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en assurant que la famille biologique ne liait pas les funérailles à la formation d’un nouveau gouvernement – contrairement au parti.
L’un des points d’achoppement est l’exigence de la famille de construire à Kinshasa un mausolée pour accueillir le corps de défunt, décédé le 1er février dernier à Uccle à l’âge de 84 ans, a-t-il admis lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
« Un mausolée, si on l’a fait pour Laurent-Désiré Kabila (le père du président actuel Joseph Kabila, assassiné en janvier 2001 et déclaré « héros national », ndlr) pourquoi pas pour Etienne Tshisekedi? », a lancé Félix-Antoine Tshisekedi à la veille de son retour prévu à Kinshasa.
Mais le gouverneur de la ville-province de Kinshasa a refusé les deux lieux – la place Triomphale, située près du stade des Martyrs, ou les environs du Palais de Justice, au centre de la capitale congolaise – proposés par la famille, a indiqué le frère du défunt président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS, le principal parti d’opposition en RDC), Mgr Gérard Mulumba, évêque de Mweka, dans la province du Kasaï occidental, dans le centre de la RDC.
Le gouverneur, André Kimbuta, n’a à ce jour proposé aucune alternative, même si le gouvernement congolais évoque parfois la banlieue de Kinshasa.
Felix-Antoine Tshisekedi a toutefois démenti devant la presse que la famille biologique conditionne formellement le rapatriement de la dépouille à la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale, objet de négociations à Kinshasa.
Pour la famille biologique, « l’accord politique est un souhait, pas une exigence », a-t-il affirmé, rappelant que la priorité de la famille était l’enterrement rapide de son « patriarche ». Même si cette famille est « très inquiète quant aux risques » de violences que pourraient engendrer des funérailles mal organisées, alors que le pouvoir a promis des obsèques « dignes », selon Félix Tshisekedi.
« Nous ne voulons pas de bain de sang, Etienne Tshisekedi était un homme de paix », a ajouté le fils, qui est aussi secrétaire général adjoint en charge des questions diplomatiques et politiques de l’UDPS et qui est présenté comme l’héritier présomptif du vieil opposant.
Mais le parti a pris, depuis Kinshasa une position différente, conditionnant le rapatriement du corps de son président à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, objet de difficiles négociations à Kinshasa. « Les dates du rapatriement (de Belgique) et de l’enterrement de notre héros ne seront connues que si et seulement si deux préalables rencontrent des solutions », a prévuneu dès la semaine dernière le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, lors d’une conférence de presse au siège kinois de l’UDPS.
Selon lui, ces deux conditions sont la « fixation du lieu et de la forme de l’enterrement, l’érection d’un mausolée au centre-ville de Kinshasa où sera gardé pour l’éternité le corps du père de la démocratie » et « la prise en charge de tous les frais liés aux obsèques par l’Etat à travers le gouvernement de large union nationale ».
La formation de ce gouvernement d’union nationale de transition (Gunt), chargé de gérer le pays jusqu’à l’organisation des prochaines élections, fait l’objet de négociations menées depuis début janvier sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) après un premier accord de partage du pouvoir conclu le 31 décembre dernier.
Il s’agit de mettre en place une transition politique destinée à sortir pacifiquement de la crise provoquée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au delà du 19 décembre dernier.
Lalibre.be