La République démocratique du Congo, c’est 450 tribus et ethnies. C’est donc 450 différentes manières d’avoir, coutumièrement, le droit de prendre comme épouse une femme, selon que chacune des coutumes conçoit la dot, ce présent que la famille du fiancé apporte à celle de la fiancée en guise de remerciement pour avoir pris soin d’elle depuis sa naissance. Certaines dots se ressemblent, certaines sont complètement différentes. Voyageons à travers 2 345 000 kilomètres-carrés et découvrons 8 types de dot :
Des chèvres, mais le nombre varie selon les tribus
Chez les Nandes ou Yira, peuple vivant principalement dans le grand Nord-Kivu, la dot est fixée à 12 chèvres. C’est pareil pour lesTembo, un peuple du Sud-Kivu. C’est le même nombre, officiellement, chez les Hunde, un peuple de Masisi, une partie sud du Nord-Kivu. Mais chez eux, quelques chèvres s’ajoutent, comme l’explique Eric Sima : « Au total j’en avais donné 18. En plus de 12, il en faut une pour les frères, une pour les tantes, une pour les oncles, une pour maman, une pour demander l’épouse, etc. »
Chez les Bazimba, un peuple du Maniema, il faut jusque 25 chèvres.
Ces chèvres s’accompagnent d’autres cadeaux qui sont plus ou moins les mêmes pour différentes tribus : Une grosse casserole ou le Kirinda (chez les Hunde) , une couverture, des habits pour les beaux-parents et pour la femme, un bidon vide, un box de sel de table, une machette, une houe etc.
Mais attention, chez certains peuples, dont les Shi du Sud-Kivu, ou les Tutsis, donner des chèvres en guise de dot peut être considéré comme une vraie insulte à la fiancée et à sa famille.
Un calibre 12 pour la chasse, une machine à coudre ou un appareil électronique
Chez certains Luba, l’unité principale de la dot est un fusil de chasse de calibre 12 ou le « Tshingoma ». Aujourd’hui, vu que la chasse n’est plus ce qu’elle était avant, le fusil est remplacé par une machine à coudre, une chaine steréo, un moteur à moulin, un congélateur etc. selon les besoins de la belle-famille. Ensuite vient une chèvre dédiée aux ancêtres, la « mbuji wa bakishi ». Puis la chèvre pour virginité de la mariée, celle-ci est donc censée n’avoir pas connu d’homme de sa vie. Cette chèvre est un cadeau exclusif de la mère de la mariée, un remerciement pour avoir bien éduqué sa fille. Enfin, comme chez les autres peuples cités haut, viennent différents autres cadeaux pour les parents de la mariée. Il faut noter que le chien, qui est un met mangé par certains Luba, n’entre pas forcément en compte pour la dot. C’est plutôt dans le menu de la cérémonie qu’il est inclus.
Chez les Lega, un peuple qui est à cheval entre le Sud-Kivu et le Maniema, le fusil calibre 12 est nécessaire. Il est accompagné des « Miziba », les coraux ou des perles que l’on ramasse dans les lits des cours d’eau douce.
Des boissons : de la bière, du vin ou du jus
Oui, il existe de tribus où seules les boissons suffisent comme dot. Il faut avoir à l’idée le fait que la dot est, en son essence, un cadeau. Un symbole de rapprochement entre les familles.
Chez les Kongo, le futur marié apporte de la bière, du vin et du jus. Actuellement cela se traduit par minimum deux caisses de bière, 2 caisse de boissons sucrée non alcoolisée (jus), 1 bidon de vin de palme, et de l’argent pour acheter un décapsuleur (cela se négocie entre 10 et 50 dollars américains). Mais ce n’est pas tout comme boisson, il faut ajouter un « nkotolo lu pangu », un pack d’alcool très fort, souvent du whisky, le mbogolo nkento une somme de près de 100 dollars américains ( si le futur époux veut directement cohabiter avec sa compagne). Pour terminer, on demande une série d’amandes payables en monnaie.
Chez Les Budu, à Wamba dans le Haut-Uélé, un bidon de Libondo, du vin palmiste, et celui de Mangoka, une liqueur forte faite à base de maïs, sont une exigence auxquelles on ne déroge pas.
Des outils de pêche
Chez les Lokele, un peuple qui vit sur les larges du majestueux fleuve Congo dans la province de la Tshopo, la dot est principalement constituée d’une pirogue et d’un filet. A cela on ajoute le manioc, un régime de banane plantain, du sombe (feuilles de manioc), des escargots et un bidon d’huile.
La dot en nombre de vaches
Alors que chez les Shi (Sud-Kivu), la tradition fixe la dot à 2 vaches, aujourd’hui elle se négocie de plus en plus difficilement selon les familles. Certaines exigent jusque 5 vaches et au-delà. Chez les Hema, un peuple pasteur d’Ituri, il en faut 10 pour épouser une femme. Et pour les Lendu (Ituri), il faut un mélange : 4 vaches plus 16 chèvres. Si la fille a fait des études supérieures, la dot peut monter jusqu’à 32 chèvres. Une anecdote sur la dot en termes de vaches : chez les Shi, la bouse est rendue tous les jours à la famille de l’époux jusqu’au jour où la vache mettra bas, assurez-vous donc qu’elle soit bien enceinte avant de la donner !
Le porc, un fusil de chasse et de l’alcool
Chez les Bowa, un peuple de Buta dans le Bas-Uélé, il faut 7 porcs ou cochons pour épouser une femme, un calibre 12, des escargots, 2 régimes de banane, des cocoricos, des arachides, un bassin, de la bière, un pagne de luxe type Super Wax, imprimé aux Pays-Bas.
Le troc, épouse ma sœur et j’épouse la tienne
Chez les pygmées. Il n’y pas de présent dit dot. On le fait troc, comme au début des échanges commerciaux. « Je te donne ma sœur, tu me donne la tienne. C’est tout », précise Bradeau Mbafumoja , un journaliste qui vit avec ce peuple dans la cité d’Oicha (Nord-Kivu).
Par Hervé Mukulu (amourafrique-congo.com)