Bruxelles conditionne son soutien à la République démocratique du Congo au respect de la Constitution, a déclaré la cheffe de la diplomatie belge, Sophie Wilmès lors de son entretien avec le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère Josep Borrell. A Bruxelles, la République démocratique du Congo s’invite au menu. Capitale de la Belgique et siège de l’Union européenne, la ville cosmopolite a abrité récemment la réunion de deux hauts responsables du vieux continent qui ont mis le curseur sur la RDC. L’occasion s’est avérée propice pour examiner l’évolution de la situation politique au pays de Lumumba et tabler sur les conditions optimales pour réchauffer les relations belgo-congolaises. Occasion surtout, pour les autorités belges, de poser leurs préalables au soutien du régime de Félix Tshisekedi.
Lors d’une réunion de travail tenue le lundi 8 février 2021 en effet, la vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, Mme Sophie Wilmès, s’est entretenue avec M. Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. La cheffe de la diplomatie belge a fait référence au soutien de son pays au président Félix Tshisekedi, notamment « dans ses efforts visant à dégager une nouvelle dynamique politique en RDC ».
Un bémol dans ce soutien déclaré. Le fait qu’il est « conditionné par le respect de la Constitution, l’aboutissement des réformes bénéficiant à la population congolaise et par la préparation adéquate du scrutin de 2023 », a insisté la patronne de la diplomatie belge.
Ces déclarations de Sophie Wilmès interviennent au moment où le camp présidentiel se déploie pour écarter ses adversaires du levier du pouvoir, afin de permettre à Félix Tshisekedi de rester seul maître à bord.
Bruxelles hausse ainsi le ton et rappelle le principe sacrosaint du « respect de la Constitution ». Et, bien entendu, d’autres textes légaux.
.« FABRICATION D’UNE MAJORITE PARLEMENTAIRE »
Au regard de cette approche développée par la cheffe de la diplomatie belge, un analyste équilibré croit déceler en ce préalable une pique relative « à la fabrication d’une majorité parlementaire en pleine législature, contrairement aux prescrits du règlement en vogue dans les deux chambres du Parlement ».
La reconfiguration même des institutions en cours serait, selon lui, consécutive au « coup de force » contre les textes validés en plénière et qui régissent l’organe législatif.
. »L’aboutissement des réformes bénéficiant à la population congolaise » est aussi une des préoccupations de l’autorité belge qui tient à voir les dirigeants congolais axer leur pouvoir sur la recherche du bien-être général, plutôt que sur leurs intérêts particuliers. Ce préalable montre à quel point Bruxelles s’attend à la poursuite des réformes censées asseoir la démocratie en RDC.
In fine, la ministre Wilmès tient à rappeler au chef de l’État et à d’autres dirigeants congolais la nécessité de préparer à bon escient le scrutin de 2023 pour permettre au pays d’avoir des dirigeants réellement élus et qui ne soient plus l’objet d’une avalanche de contestations, comme aujourd’hui.
.VIVEMENT UN PARCOURS COMMUN
Ce n’est qu’avec ces garanties que l’ancienne métropole s’attend à consolider ses relations bilatérales avec la RDC et encourager les deux pays à redevenir « des partenaires traditionnellement proches » par l’histoire et un parcours commun de plusieurs décades.
Vœu formulé en septembre 2019, lors de la visite, à Kinshasa, de Sophie Wilmès, alors Première ministre belge, et à Lubumbashi, en février 2020, au moment où « les deux parties se sont résolues à normaliser les relations bilatérales distendues depuis quelques années », et « pour rassurer les opérateurs économiques belges quant à la disponibilité de la RDC de les accueillir ».
Par FDA