Par Oscar BISIMWA
Après 4 mois d’arret d’activités suite à la Covid-19, le centre d’autonomisation des jeunes filles vulnérables dénommée « LA GRACE » réouvre ses portes.
Le lancement est intervenu ce mardi 14 juillet au quartier Pakadjuma dans la commune de Limete, site choisi pour le projet qui a vu ses debuts en 2017 grace au partenariat Nord-Sud entre le Cadre de Récupération et d’Encadrement pour l’Epanouissement integral des Jeunes, CREEIJ en sigle et l’ONG Belge GIRB, avec l’appui financier de la Wallonie Bruxelles internationale WBI.
Aux activités routinières d’alphabétisation citoyenne, le projet a bénéficié d’un appui financier de la coopération Suisse en RDC pour renforcer ses activités. Ainsi les formations thématiques sur le genre, la santé sexuelle et reproductive, les droits humains, le leadership, les violences sexuelles et basées sur le genre, la protection de l’enfant ainsi que l’assainissement et la protection de l’environnement se sont ajoutées.
Etant donné que la plupart de ces jeunes filles s’adonnent à la prostitution suite au manque d’occupation et des moyens de survie, le Centre prevoit d’offrir des formations en métiers notamment la coupe et couture, l’informatique, la fabrication des savons et détergents ect…
La finalité étant d’amener ces jeunes filles qui expérimentent les traumatismes divers suite à un environment hostile a leur équilibre mental, moral et social, un accompagnement psycho-social est prevu afin d’aider les bénéficiaires du projet à entrer dans un schéma de transformation intégrale qui est, par ailleurs, la finalité de ce programme.
UNE LEÇON À LA BONNE PERSONNE
Ces mardi 14 et jeudi 16 juillet, plus de 100 filles vulnérables de ce quartier populaire et pauvre de Kinshasa étaient à l’école de la santé sexuelle et reproductive. La leçon est assurée à une cible qui en a le plus besoin. Ces femmes et jeunes filles dont la plupart se livrent à la prostitution comme moyen de survie du fait de la pauvreté, ont partagé leurs expériences personnelles, dans la méthode participative utilisée par les formatrices.
Elles ont été ensuite sensibilisées sur le danger qu’elles courent dans cette activité déshonorante. Peu après, ces femmes et jeunes filles ont suivi des enseignements sur la santé sexuelle, appris à maintenir leur hygiène menstruelle et à planifier les naissances.
« En suivant les enseignements sur la gestion de mon cycle menstruel, j’ai réalisé que tomber enceinte est une question de volonté et que je peux l’éviter quand je ne désire pas être grosse. Ensuite, je sais désormais comment prendre soin de mon corps lors de mes saignements et les pratiques à éviter pour ne pas contracter des infections. C’est une formation qui va changer notre vie », témoigne Ekofo.
Selon Pascaline Zamuda, Coordonnatrice de CREEIJ, il est question de briser les limites que les inégalités sociales ont placées à l’égard de ces jeunes filles et leurs donner la chance d’être utile à elles-mêmes ainsi qu’à la nation. « La société congolaise est marquée par les inégalités du genre alors que les droits des femmes et des jeunes filles sont garantis dans les instruments internationaux ratifiés par la République démocratique du Congo en plus des lois nationales notamment la constitution, la loi sur la parité récemment promulguée par le Président de la République et la nouvelle loi portant répression des viols et violences sexuelles.
L’image des femmes et des jeunes filles est entachée des préjugés et stéréotypes. L’éducation des enfants qui émane des coutumes et traditions consacre les inégalités des genres, relèguent les femmes et les jeunes filles au second plan et étouffent toute ambition de se réaliser. Les femmes sont ainsi abusées, violees, et exploitées en toute impunité. Ce qui conduit à la banalisation voir la normalisation des violences sexuelles et basées sur le genre ».
Comme conséquence, poursuit l’organisatrice, les filles sont ruinées et vouées à la pauvreté suite à l’abandon de l’école, la maternité précoce, les cancers gynécologiques et le VIH SIDA. Ainsi les filles et les femmes demeurent pauvres et faiblement représentées à des postes de prise de décision à tous les niveaux et en proie à des violations des divers ordre.
Voilà pourquoi, explique Pascaline Zamuda, afin de franchir les barrières des difficultés qui les empêchent de s’affirmer dans la société congolaise, nous avons développé un programme visant à offrir un cadre d’apprentissage des cours d’alphabétisation couplés aux cours de droits humains, d’éducation civique et électorale aux filles du quartier Pakadjuma dans la commune de Limete ».
Cette formation en santé sexuelle et reproductive intervient quelques mois après qu’elles aient suivi des cours d’alphabétisation depuis l’année dernière. CREEIJ leur a assuré ensuite un accompagnement psycho-social, une orientation dans la dénonciation des viols, violences sexuelles et basées sur les genre.
À l’issue de la formation en cours, ces jeunes filles vont suivre des formations en coupe et couture, informatique fabrication, des détergents et en éducation financière.
À la fin de la partie théorique, les consultations et l’offre des services vont etre organisées, histoire de mettre effectivement à l’œuvre les bénéficiaires de ces formations.
Pakadjuma est une zone qui connaît une situation d’insalubrité assez importante. Il est constitué de plus ou moins 5000 sinistrés et déplacés. La majorité sont des femmes, jeunes filles et enfants vivant dans la pauvreté, l’insalubrité, la précarité, la promiscuité, la dépravation des mœurs, l’alcoolisme, le chômage l’absence des infrastructures sanitaires, scolaires et hygièniques. Les habitants de ce quartier vivent par 10 dans des petits hangars faits des triplex ou des toles dans des conditions inhumaines.