Dans un communiqué publié samedi 11 février 2O17 à Kinshasa (RD Congo), la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) se dit « préoccupée » par la persistance du conflit dans le Kasaï.
Le conflit est marqué par « des atrocités violentes commises par la milice Kamuina Nsapu y compris leur recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, tout en ciblant les symboles et les institutions de l’autorité de l’État ainsi que l’usage disproportionné de la force par les armées des Forces de la République démocratique du Congo (FARDC) dans leur réponse à la situation, » a affirmé le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, Maman Sidikou.
La Monusco indique que des rapports non confirmés font état d’au moins, une cinquantaine de morts résultant des affrontements entre Kamuina Nsapu milices et les forces de sécurité congolaises, depuis le 9 février, dans le territoire de Tshimbulu (160 kilomètres au sud-est de Kananga). Des sources locales contactées par afriqueactualite.com, parlent d’environ 70 civils tués dans les rangs des miliciens dont la plupart sont des enfants de moins de 15 ans.
Le chef de la Monusco, Maman Sidikou a, dans le communiqué, condamné les actions de la milice Kamuina Nsapu dans « le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats ainsi que leurs actes de violence contre l’État ». Par la même occasion, Maman Sidikou exprime sa préoccupation au sujet des rapports répétés, faisant état de « l’usage disproportionné de la force par les FARDC ».
Par conséquent, le chef de la Monusco entend offrir le soutien de la mission à une enquête « crédible de cette situation regrettable ». En outre, Maman Sidikou regrette « les morts et les blessures » subies dans ces affrontements et appelle les forces de sécurité congolaises à « agir en conformité avec les normes acceptables de lois nationales et internationales dans leur réponse à la situation ».
Depuis le début de cette crise, il y a environ six mois, la Monusco a cherché à soutenir efficacement les autorités congolaises face à la situation au niveau national et provincial. En plus de plusieurs engagements par le représentant spécial au niveau politique et de sécurité, la mission a renforcé sa présence sur le personnel civil et en uniforme dans la région.
La mission a également déployé une de ses équipes mobiles de surveillance de réponse dans les territoires de Tshikapa, Dibaya, Bunkode, Tshimbulu et Luiza pour « prévenir éventuellement, enquêter et documenter les violations des droits de l’homme, conformément à son mandat », affirme le communiqué.
Suite à la décision du Conseil de sécurité au début de 2014, la Monusco a redéployé plus de ressources en RDC. Il y avait aussi une réduction drastique du personnel militaire et civil, affectant la présence de la mission à Kananga compte tenu de la situation de sécurité améliorée à l’époque.
À l’heure actuelle, la mission a depuis décembre 2016, déployé une compagnie militaire de soldats à Kananga (Kasaï central) avec la tâche de protéger son personnel et ses biens, ainsi que la réalisation de la protection des civils.
Il sied de rappeler que jeudi et vendredi, le 9 et 10 février, des affrontements ont fait au moins une soixantaine de victimes dans la ville de Tshimbulu, dans la Kasaï-Central. Des violences provoquées suite à l’incursion de miliciens se revendiquant du chef traditionnel Kamwina Nsapu. Ces miliciens cherchaient à venger leur chef traditionnel, tué en août dernier par les forces de l’ordre. Au lendemain de ces violences, un calme précaire règne dans la ville de Tshimbulu.
La population est gagnée par la psychose. Les activités reprennent timidement. Les marchés sont fermés, les écoles aussi. Les populations restent terrées chez elles. En fin de semaine, des habitants disent avoir vu des centaines de miliciens entrer dans la ville pour venger leur chef traditionnel, tué en août dernier par les forces de l’ordre. Selon plusieurs habitants, les miliciens étaient armés de machettes et de fusils de chasse… Et, face à eux, l’armée n’a pas hésité à tirer à l’arme lourde.
Les bilans sont assez fluctuants. Selon la société civile, au moins 60 personnes ont été tuées. Pour l’heure, les autorités n’ont pas fait de bilan de cette situation. Il faut dire que depuis quelques mois, l’administration locale ne fonctionne plus. Le maire, l’administrateur du territoire et même les responsables du tribunal ont quitté Tshimbulu car ils sont eux-mêmes menacés par les miliciens.