
Les attaques répétées attribuées aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) ont forcé les autorités scolaires à ordonner la fermeture de 54 écoles à Ruwenzori, dans le territoire de Beni, dans l’Est de la RDC, à seulement deux mois de la fin de l’année scolaire 2021-2022.
Cette décision inquiète le responsable de l’administration éducationnelle dans le secteur de Ruwenzori qui dit craindre l’impact de cette longue fermeture sur l’éducation des enfants.Dans le secteur de Ruwenzori, dans l’Est de la RDC, ce sont désormais les piaillements des oiseaux qui remplacent le brouhaha et la clameur des petits écoliers dans la cour des écoles.
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L’école primaire de Kalembo est l’un des établissements affectés par la décision administrative de suspendre les enseignements pour des raisons de sécurité.
Insécurité ambiante

Kitsa Floribert, directeur de l’EP Kalembo, qui n’a plus eu accès à son bureau depuis presque une année ne sait plus où sont ses clés qu’il garde à domicile.
« Il y a eu les ADF qui nous avaient envahi ici et nous avons étés obligés de fermer les portes et de nous en aller dans le milieu, à Bolongo surtout où nous sommes en train d’étudier », raconte-t-il à la BBC.
Selon lui, un effectif de 332 écoliers s’est déplacé pour fuir les tracasseries vers l’Ouganda ou Butembo.
« L’école est là ! Elle est déjà abandonnée », regrette-t-il.
La situation d’insécurité scolaire date de deux ans dans le secteur de Ruwenzori.
Ce qui inquiète le sous-proved (Chef de sous division de la province éducationnelle) Dominique Sondirya, à deux mois de la fin de l’année scolaire.
« Quand j’arrivais, nous avions plus de 250 écoles. Aujourd’hui, je peux dire que le tiers est fermé. Au moins 50 écoles et une quinzaine d’autres qui sont délocalisées, c’est-à-dire qui sont en train de fonctionner, tant bien que mal, au sein d’autres écoles », explique l’autorité.
« Nous sommes à deux mois de la clôture de l’année scolaire, mais mon inquiétude est que les parents et les enfants sont éparpillés », dit-il.
« Vous voyez à partir de Loselose, à Halungupa, récemment à Masambo, c’est pratiquement impossible que ces écoles puissent rouvrir », fait remarquer le sous-proved.
« Les enfants ont perdu leur droit à l’éducation »

Pour la société civile locale, il faut d’abord sécuriser les entités afin de rassurer les populations.
« Dans le groupement Malambo, c’est depuis deux ans que les enfants n’étudient plus. Ils perdent ainsi leur droit à l’éducation », souligne Ricardo Rupende, président de la société civile locale.
A son avis, la sécurité passe avant tout.
« Chaque école doit être sécurisée. Il faut sécuriser exactement l’agglomération. Comme on l’a fait Mutwanga et à Nzenga », confie-t-il.
Cependant, il regrette que « plusieurs unités ne se sont pas encore mises dans cette idée, dans cette philosophie-là de sécuriser et l’entité et les écoles ».
Ce qui explique, selon lui, la raison pour laquelle « on n’étudie pas ».
C’est depuis 2020 que les violences ont pris de l’ampleur dans le secteur de Ruwenzori, poussant ainsi des milliers de familles à abandonner leurs villages.
La dernière attaque la plus meurtrière dans le secteur a été perpétrée dans le village de Masambo, le mois dernier. Une attaque qui s’était soldée par la mort de plus de 30 civils tués à la machette.
Yassin Kombi KadinaBeni (RDC) – BBC Afrique