By Congo réformes – 22 août 2017 0 5
L’Association de Défense des droits de patients, ADP sonne l’alerte après près d’un mois depuis le lancement de la grève des médecins des hôpitaux publics. Cette structure qui s’est fixée pour mission de veiller sans relâche aux droits de patients de manière générale à travers toute l’étendue du territoire national en appelle à la retenue de la part des protagonistes de la grève pour que soit privilégié les vies humaines en péril faute des soins de santé. L’occasion était donnée pour la présidente de l’ADP d’annoncer le lancement à la deuxième moitié du mois de septembre, de la campagne de sensibilisation sur les droits des patients.
C’était au cours d’une conférence de presse organisée le vendredi 18 aout à l’hôtel invest de Kinshasa que cette annonce a été faite. Pour Elodie présidente de l’Ong, la responsabilité étant partagée, la situation sur terrain invite gouvernement et médecins à une prise de conscience sans tarder pour mettre fin au drame qui s’invite à grands pas. « Puisse les deux protagonistes mettre chacun de l’eau dans son vin et privilégier la voie du dialogue en vue d’épargner, les vies humaines » a-t-elle plaidé.
Et de dénoncer, « ce mouvement de grève a privé à nous tous spécialement, les malades de la jouissance d’un droit fondamental, le droit à la santé, car ne pouvant pas être reçus en consultation médicale ».
Ce réquisitoire tombe à point nommé du fait de la durée et de l’allure que prennent les choses après, que les médecins aient radicalisé leur position. Nul n’ignore du moins pour le reste que la RDC est confrontée à sempiternelle question d’absence criante de politique sanitaire clairement définie. La grève dans les hôpitaux publics n’arrange pas les choses d’autant plus que les malades constamment soumis au régime de consultation médicale qu’en cas d’atteinte d’un seuil de malaise, ne peuvent qu’être d’avantage abandonnés à leur propre triste sort comme le souligne Mme la présidente de l’ADP, Elodie Muzigirwa avocate de profession.
C’est dans un même sens que l’Abl redoute, les conséquences dramatiques et au cout inestimables liées à cet état des choses. « au regard de cette situation inacceptable ; l’Association de défense des droits de Patients lance pour ce faire un cri d’alarme, et interpelle les uns et les autres, les en appelle au sens élevé de responsabilité vis-à-vis des malades et de la population toute entière » a- t- on plaidé.
A noter que le comble profile à l’horizon avec effet immédiat de non admission de malades dans aucune structure médicale, ni en consultation ni en urgence, quelque en soit la gravité. Pire encore, les internés peu importe leur état, ne bénéficieront plus d’un traitement et pourront recevoir un préavis de 3 à 4 jours pour quitter leurs lieux d’internement respectifs.
CAMPAGNE DE SENSIBILISATION
Mettant la circonstance à profit, Elodie Muzigirwa a annoncé à l’intention de tous, le lancement courant septembre précisément, dans la deuxième quinzaine, de la campagne de sensibilisation aux droits des patients. Cette initiative gigantesque retiendra Kinshasa comme province pilote. Leitmotiv de l’Ong qu’elle préside, l’idée prend corps dans un contexte particulier. A ausculter les propos d’Elodie Muzigirwa tout part des statistiques alarmantes de l’enquête menée de janvier à juin 2017 par l’Association de Défense des Droits de Patients dans ville de Kinshasa. En effet ce travail atteste que sur 50 personnes interrogées, 45 ont déclaré soit avoir subi une maltraitance hospitalière, soit connu une complication médicamenteuse, soit avoir perdu un proche pour des causes qu’ils ont jugé évitables. Les patients sont exposés aux risques multiformes en milieux hospitaliers, ce qui diminue la confiance vis-à-vis des professionnels de santé et des institutions sanitaires tant publiques que privées.
Cette attitude allant à l’encontre des prescrits de la déclaration universelle des droits de l’homme et de l’article 47 de la constitution congolaise qui stipule que : « le droit à la santé et à la sécurité alimentaire est garanti. La loi fixe les principes fondamentaux et les règles d’organisation de la santé publique et de la sécurité alimentaire », ne peuvent être tolérée continuellement sans y remédier. Le même tableau est dressé par l’Organisation Mondiale de la Santé qui mentionne dans un rapport que 700.000 à 800.000 décès attribués aux faux médicaments sont signalés chaque année. Avec en sus, la rentabilité du marché de la contre façon où, le bénéfice est estimé à près de 534 milliards de dollars l’an. Sans crainte d’etre contredite, l’ADP fait état d’un chaos qui appelle à des mesures urgentes sans les quelles, la population irréversiblement condamnée à disparaitre.
Au régard de ce tableau sombre, L’Association de Défense des droits de Patient militant au devant de tout, en faveur de la « Démocratie Sanitaire » entendez, la possibilité offerte aux patients de se transformer en acteur des soins de santé, se fixe comme objectifs général par la campagne à lancer dans les prochains jours, de contribuer à la promotion d’accès aux soins de santé de qualité, la sécurité des Patients à travers la Défense des droits des usagers de services de santé en République Démocratique du Congo.
Ainsi, il sera question du concret avec entre autre, l’appui à la mise en place des Associations spécifiques des Patients ; la mise en place d’un réseau des Patients en RDC ; le renforcement mieux, la sensibilisation des usagers de santé sur leurs droits et sur les mécanismes de défense. Les cibles choisies sont sans conteste, les usagers des services de santé, les prestataires des soins, le gouvernement central, les gouvernements provinciaux, le parlement national et provinciaux et la liste est longue.
La méthodologie du travail prévoit à cet effet, des actions principalement orientées en premier lieu vers le changement de comportement, l’appui aux structures sanitaires et l’assistance juridique en second lieu.
Patrick Lokoni