Par Oscar BISIMWA
On s’achemine petit à petit vers la fin des consultations initiées depuis le 2 novembre 2020 par le président de la République. En attendant son second message à la nation, comme il l’avait promis, et sans pénétrer son secret, Félix Tshisekedi formera certainement un nouveau gouvernement. Ce dernier sera un « gouvernement de mission ». Il émanera de la nouvelle configuration d’une majorité parlementaire issue de l’Union sacrée de la Nation.
Mais l’équation la plus difficile mais pas impossible à résoudre pour le Président de la République reste celle de « briser l’accord FCC-CACH mais demeurer dans le respect strict de la constitution et des lois de la République, les textes réglementaires entendus.
Il est évident que le Chef de l’État a plusieurs marges de manœuvres. Félix Tshisekedi a les mains libres, une fois dégager un consensus à la suite de ses consultations, pour mettre en place un gouvernement des missions. Ça se chuchote d’ailleurs dans les couloirs du palais de la nation, tout comme dans tous les salons politiques.
Le Premier Ministre est issu de la majorité
Au terme de la constitution de la République démocratique du Congo, le Premier Ministre provient de la Majorité parlementaire. À ce sujet, le règlement intérieur de l’assemblée nationale est clair: « les groupes parlementaires sont constitués pour toute la durée de la législature ». C’est la somme de ces groupes déclarés de la majorité parlementaire qui forme la famille dont provient le premier ministre.
Ceci suppose que le premier ministre du prochain Gouvernement devrait provenir de l’un des partis ou regroupements membres de la majorité parlementaire issue des élections de décembre 2018. Et ils sont connus, sous réserve des directives particulières de chaque regroupement membre.
Dans cette majorité, on compte en tête de listes le PPRD de Joseph Kabila, l’AFDC-A de Modeste BAHATI, l’UDPS de Félix Tshisekedi et l’UNC de Vital Kamerhe. C’est de l’un de ces partis que devrait provenir nécessairement le prochain chef de l’exécutif National, si le président de la République tient à respecter la constitution.
Katumbi, Bemba… Au Gouvernement
Reçus par le Président Félix Tshisekedi dans le cadre des consultations nationales qu’il a initiées dernièrement, Moïse Katumbi, leader du parti Ensemble pour la République et Jean Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo (MLC) feront sûrement parti du prochain Gouvernement. L’opinion semble s’y attendre et les attend. « Le pays a besoin de leurs bras et leurs têtes », lâche un kinois interrogé.
Une partie de l’opinion voudrait d’ailleurs voir l’un des deux leaders politiques nommé à la tête du gouvernement qui
sera formé dans les tout prochains jours.
Mais la constitution les élimine d’office de la course à la primature, leurs partis étant déjà aligné dans l’opposition parlementaire. L’article 26 du règlement intérieur de l’assemblée nationale interdit aux groupes parlementaires de changer leur appartenance en pleine législature. La transhumance politique y est prohibée.
Par contre, des partis de l’opposition peuvent intégrer le gouvernement, à des postes autres que la primature. Le Président de la République peut appeler n’importe quel compatriote à lui prêter mains fortes, dans le cadre d’un gouvernement d’ouverture.
Joseph Kabila l’a fait en 2012 en ouvrant la porte à quelques opposants tels que Jean Paul Nemoyato de la CDC nommé ministre de l’économie nationale. Plus tard en 2014 avec Thomas Luhaka du MLC nommé Vice-premier ministre en charge des PT NTIC, Jean Nengbangba du RDC KML à l’enseignement technique, Michel Bongongo de l’UFC au budget etc.
Ce qui n’est pas à confondre avec un gouvernement d’union nationale. Celui-ci suppose une remise en question de l’ordre institutionnel établi, généralement précédé par un dialogue au cours duquel les belligérants discutent sur toutes les options, y compris sur des questions qui touchent l’institution président de la République.
Shadari (PPRD), Bahati Lukwebo (AFDC-A) ou Vital Kamerhe (UNC), Qui donc devrait être le prochain Premier Ministre issu de la majorité parlementaire comme l’exige la constitution ? L’avenir nous le dira.