Au moins 3000 habitants de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont rejoint le Rwanda voisin, après l’éruption en début de soirée du volcan Nyiragongo surplombant cette ville.
Au moins 3.000 personnes venant de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont fui dans la nuit de samedi à dimanche vers le Rwanda après l’éruption du volcan Nyiragongo, a déclaré dimanche l’agence de la télévision publique.
Le Nyiragongo, qui surplombe Goma, est entré en éruption samedi soir, poussant le gouvernement congolais à ordonner l’évacuation de la ville dont les habitants fuyaient en masse, notamment vers le Rwanda. « Au moins 3.000 personnes venant de Goma, en RDC, ont déjà traversé vers le Rwanda pour fuir l’éruption du Nyiragongo, selon les derniers chiffres des autorités d’immigration rwandaises à la frontière Rwanda-RDC », a écrit sur Twitter la Rwanda Broadcasting Agency (RBA), qui diffuse la télévision publique.https://d-26248107813846160711.ampproject.net/2105072136000/frame.html
Logés dans les écoles
RBA a également posté des photos montrant de nombreuses personnes en marche, portant pour certaines des valises ou des matelas, et accompagnées du commentaire : « Des milliers de congolais et de résidents de la ville frontalière de Goma arrivant dans la ville de Rubavu, au Rwanda. » De part et d’autre de la frontière, les villes de Goma et de Rubavu sont toutes proches.
Un « plan d’urgence » a été mis en place par les autorités de Rubavu, précise RBA. « Les autorités du district de Rubavu ont déclaré à RBA que les personnes arrivant de Goma seront logées dans des écoles et des lieux de culte qui ont été préparés pour accueillir ceux qui fuient l’éruption du Nyiragongo », ajoute RBA.
« Les frontières rwandaises sont ouvertes et l’accueil de nos voisins se déroule paisiblement. Il n’y a pas eu de blocage quelconque mais plutôt l’organisation d’entrées et le dispatching coordonnés », a déclaré vers 02h00 du matin heure locale, sur Twitter, Vincent Karega, l’ambassadeur du Rwanda en RDC.
En début de soirée samedi, des lueurs rougeoyantes ont commencé à s’échapper du cratère du volcan et une odeur de soufre s’est répandue dans Goma, située sur son flanc sud, sur les rives du lac Kivu, selon un correspondant de l’AFP. Capitale régionale du Nord-Kivu, Goma compte près de 600.000 habitants, pour douze quartiers. Le plan d’évacuation des autorités prévoit qu’ils se rendent aux deux-tiers au Rwanda.
Mouvements de panique
« Le ciel est devenu rouge. Il y a une odeur de souffre. Au loin, on observe des flammes géantes sortir de la montagne. Mais il n’y a pas de tremblement de terre. Puis les sirènes n’ont pas hurlé jusque-là », a raconté au téléphone à l’AFP une habitante de Goma, Carine Mbala.
Selon un document interne de la mission de l’ONU en RDC (Monusco), dont l’AFP a eu copie, un hélicoptère onusien a « mené un vol de reconnaissance au dessus de la zone et a confirmé des activités d’éruption sur le Nyiragongo ».
« Rassembler les enfants »
Goma abrite un important contingent de Casques bleus et de nombreux membres du personnel de la Monusco. Elle est aussi la base de nombreuses ONG et organisations internationales. Selon un habitant de Goma, deux avions ont décollé dans la soirée de l’aéroport situé en pleine ville, habituellement sans activité aérienne le soir.
« Chaque personne dans la ville sait comment se comporter pendant l’éruption. (…) Il ne faut pas paniquer », a déclaré sur les radios locales Joseph Makundi, le coordonnateur de la protection civile au Nord Kivu.
« La première chose à faire pour chaque maman est de rassembler ses enfants, prendre les objets nécessaires, notamment carte d’identité, diplômes et actes de propriété. Prendre également un peu de nourriture voir ou aller », a-t-il dit. « Nous vous en avons déjà beaucoup parlé, vous savez comment sortir de la ville ».
Pour l’instant, l’Observatoire volcanologique de Goma surveille la direction de la lave et il s’avérait que celle-ci était le Rwanda pour l’instant.
Eruptions meurtrières
La précédente éruption majeure du Nyiragongo remonte au 17 janvier 2002. Elle avait causé la mort de plus de cent personnes, couvrant de lave quasiment toute la partie est de Goma, y compris la moitié de la piste de l’aéroport. Celle-ci s’était alors lentement écoulée vers la ville, qu’elle avait littéralement coupée en deux pour se déverser dans les eaux du lac Kivu.
Située dans la province du Nord-Kivu, voisine aussi de l’Ouganda, la région de Goma est une zone d’intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.
Une des caractéristiques de ces deux volcans ce sont les « éruptions douces », relativement fréquentes, des flux de lave s’écoulant par les flancs et non par une explosion dans le cratère. Ce fut le cas au moment de l’éruption de janvier 2002.
Selon une source au sein des autorités du parc national des Virungas, où sont situés le Nyiragongo et le Nyamuragira, voisins de quelques kilomètres, il s’agit d’« une éruption douce dans une des failles sur le flanc nord-est ». De la lave s’écoulerait vers la localité de Kibumba, à quelques kilomètres au nord de Goma, en direction de la frontière du Rwanda, tandis que la ligne électrique de la centrale de Matebe a été coupée.
Dans un rapport daté du 10 mai, l’Observatoire volcanologique de Goma avertissait que « l’activité séismo-volcanique au niveau du Nyiragongo » avait « augmenté », méritant « une attention particulière de surveillance »