
Le directeur exécutif de la fondation dénonce les « conditions physiques, psychologiques et sanitaires désastreuses », mais aussi les « traumatismes qu’ils ont tous subis ».
Le Père Georges Mizingi œuvre en République Démocratique du Congo (RDC) auprès des anciens enfants soldats. Lors d’une interview réalisée par l’Agence Fides, il raconte comment les missionnaires permettent leur réinsertion sociale.
Georges Mizingi explique le cercle vicieux qui a conduit ses enfants à devenir soldat, de la perte de leurs parents et l’abandon de l’école à la guerre en RDC.
« Le problème des enfants soldats est très complexe particulièrement dans la région du Haut Uele, au nord-est du pays. Le conflit de longue durée est dévastateur et la société de cette partie du Congo est presque détruite. Les enfants en subissent les conséquences atroces : ils perdent leurs parents, abandonnent les études et c’est la raison pour laquelle, notre action vise non seulement à offrir une aide à ceux qui ont fait l’expérience de la guerre en tant que soldats, mais dans un sens plus large, à tous les enfants que nous considérons comme les plus vulnérables. C’est aussi ceux qui ont subi les conséquences indirectes de la guerre comme les enfants qui ont été mutilés et ceux qui ont été témoins de la violence dans leurs communautés. »
Dans la région de Dungu, les civils ont subi les attaques de l’Armée de résistance du Seigneur ougandaise. L’Agence Fides parle de 30 000 enfants soldats dans cette région. La plupart sont âgés de 8 à 15 ans, 40% d’entre eux sont des filles.
C’est dans ce contexte que s’est engagé le Vicariat de l’Ordre de Saint-Augustin, sensibilisant les « communautés locales au problème de l’éducation et de la protection des enfants ». Aux côtés de la Fondation Augustinienne dans le Monde, ils ont également mis au jour la construction d’un quartier pour accueillir ces enfants. Une centaine de garçons y vivent. Mais ils sont au moins 1000 chaque année à bénéficier des activités qui y sont proposées.
Maurizio Misitiano est le directeur exécutif de la fondation. Il dénonce les « conditions physiques, psychologiques et sanitaires désastreuses », mais aussi les “traumatismes qu’ils ont tous subis ». Il l’affirme, ces enfants ont été traités « de manière inhumaine ».
« En général, tous les enfants arrivent dans nos installations dans des conditions physiques, psychologiques et sanitaires désastreuses. Il y a des enfants qui arrivent avec les pieds meurtris par les longues distances qu’ils ont dû traverser pour s’échapper en marchant pour des jours sans chaussures dans la forêt. D’autres arrivent déshydratés parce qu’ils mangent mal, ils n’ont pas accès à l’eau potable quand ils sont dans des groupes armés et ils sont traités de manière inhumaine. Mais l’aspect le plus délicat concerne les traumatismes qu’ils ont tous subis. Dans certains cas, ils ont des troubles cognitifs et de la communication. En fait, la première étape de prise en charge est la réadaptation physique, puis nous les emmenons au centre et là, les enfants entament un processus de réadaptation sociale. Ici, les psychologues interviennent et c’est grâce à leur soutien que les enfants suivent un parcours de réhabilitation au sein d’un programme hebdomadaire. »
Par M.C. (Info Chrétienne)