L’Afrique regorge d’un potentiel immense en matière d’énergie. D’une part l’énergie nucléaire et l’énergie fossile qui d’ailleurs est la plus utilisée et de l’autre, les énergies renouvelables que sont le solaire, l’éolien, l’hydraulique qui sont l’avenir du monde dans un souci de protection de l’environnement. Pourtant, le manque d’électricité et les délestages sont monnaie courante.
L’énergie reste un pilier fondamental du développement économique, politique et social. Celle demeure toutefois un des principaux défis auxquels les pays du continent sont confrontés. En effet, la majorité se heurte à un manque important d’accès à l’énergie. Les habitants de différentes villes africaines n’ont toujours pas un accès convenable à l’électricité et l’Etat est souvent pointé du doigt.
Que manque-t-il donc aux pays africains pour avoir un plus large accès à l’énergie ?
« C’est vraiment une question de leadership et de volonté dans les pays que nous qualifions de développés« , pense Leonide Michael Sinsin qui nous accompagne durant cette émission. Il est Docteur en économie énergétique, fondateur de Aress (African Renewable Energy System & Solutions) et co-fondateur de Myjoulebox.
Le spécialiste en énergie souligne l’importance de la prise de conscience qui est essentielle pour les pays africains afin d’atteindre un bon niveau de développement.
Les initiatives en énergie solaire en RDC et dans l’éolien au Sénégal
Les intitiatives ne manquent pas. Les projets fleurissent sur le continent. Du projet du barrage hydroélectrique Inga 3 sur le fleuve Congo en RDC qui devrait permettre la production de 4.500 Mégawatt aux initiatives de production d’énergie solaire sur le continent, le retard peine pourtant à être comblé.
Certains pays de la région semblent se tourner vers l’énergie éolienne comme c’est le cas du Sénégal où le plus grand parc éolien de l’Afrique de l’Ouest, Taiba Ndiaye a été mis en place en 2020. Ce parc devrait améliorer considérablement le quotidien des Dakarois et surtout permettre de promouvoir cette énergie dans les pays côtiers.
Pour le Docteur Sinsin, « comme dans beaucoup d’autres domaines, l’Afrique fait son bout de chemin ».
« On peut trouver effectivement que la dynamique d’accroissement est faible parce qu’il y a plusieurs autres paramètres aujourd’hui à prendre en compte : les paramètres de financement, de ressources humaines et de formation », relativise-t-il.
Les populations et les entreprises africaines surtout pâtissent de ce déficit énergétique en Afrique. Si nous nous limitons à un statut de simples consommateurs, au final, le potentiel de l’énergie solaire en Afrique ne serait pas revelé comme souhaité.
La question du gaz naturel
Certains pays comme le Mozambique se sont engagés dans le gaz naturel avec l’immense projet piloté par le groupe Total. Depuis 2010, le groupe français y a fait des investissements importants après la découverte de quantités considérables de gaz naturel dans le bassin de Rovuma au large du Mozambique. On estime la découverte a près de deux milliards de m3 de barils de gaz naturel, ce qui équivaut à 12 milliards de barils de pétrole.
Le projet est actuellement suspendu pour des raisons de sécurité, plus précisément les attaques djihadistes dans la région mais pour Total, ce projet reste possible et le groupe espère reprendre les travaux au plus tard en 2023.
Ce projet représente une source d’espoirs pour certains experts en énergie sur le continent.
NJ Ayuk, président de la Chambre africaine de l’énergie, PDG du conglomérat panafricain de droit des sociétés Centurion Law Group, et auteur de plusieurs ouvrages sur l’industrie pétrolière et gazière en Afrique, dont Billions at Play, exorte le continent à saisir cette opportunité de développement et soutient que les dommages sur l’environnement ne sont pas si dramatiques qu’on pourrait le penser.
« Il faut ouvrir la voie à l’arrivée des énergies renouvelables sur le marché », exige l’expert en énergie.
Sur la question de l’environnement, NJ Ayuk pense que le gaz naturel conduira pas à pas l’Afrique vers une énergie exclusivement verte.
« Le grand défi est de considérer l’opportunité de passer des centrales électriques à charbon au gaz, tout en étant capable de contribuer à l’assainissement de l’environnement, mais aussi, en même temps, d’obtenir une énergie vraiment moins chère, abordable et fiable grâce au gaz » confie-t-il.
Pragmatisme africain dans la question de l’Energie
« Quand vous avez une femme sur un lit d’accouchement, vous ne lui dites pas quelle forme d’énergie il faut pour que le centre de santé tourne », explique le Docteur Sinsin qui pense que l’Afrique doit être ouverte à toutes sortes d’energie et saisir toutes les opportunités pour produire.
« Électrifier l’Afrique implique de savoir ce qu’une minute de coupure d’électricité coûte à nos mères, coute à nos soeurs, coûte à nos frères, coûte à nos artisans », conclue le Dr. Léonide Michael Sinsin.
Par Delali Sakpa (DW)