La valeur boursière totale des 250 premières entreprises d’Afrique a progressé de 21 % dans notre palmarès annuel, reflétant le regain de la confiance des investisseurs et la vigueur des monnaies par rapport au dollar.
La valorisation boursière des plus grandes entreprises africaines a enregistré une forte croissance ; si elle bénéficie de la vigueur des devises dans la plupart des pays du continent, les investisseurs en dollars ou en euros en profitent également. Le palmarès des 250 premières entreprises d’Afrique classe les plus grandes sociétés cotées en Bourse. Leur valeur totale, mesurée par la capitalisation boursière exprimée en dollars, se chiffrait à 887 milliards $ au 31 mars 2018, soit 21 % de plus que dans le classement 2017.
Cette année, de grandes sociétés ayant leur siège social hors de l’Afrique du Sud ont poursuivi leur expansion sur le continent.
Ces dernières années, la valeur totale des 250 premières entreprises a beaucoup varié, car des géants de l’industrie sont sortis du classement après des fusions, acquisitions ou scissions, mais aussi en raison des fluctuations des devises et des tendances mondiales en matière d’investissement. La capitalisation boursière a atteint son sommet en 2015, à 948 milliards $ avant de plonger en 2016 à 764 milliards $. Elle a encore diminué en 2017, pour s’établir à 732 milliards $, mais ce déclin était lié en grande partie au retrait de la première société, SAB Miller, reprise pour la somme de 103 milliards $ par Anheuser- Busch InBev. L’opération vise à créer la plus grande société de brasserie du monde. Si l’on tient compte de ce fait, le palmarès de l’an dernier montrait déjà des gains pour de nombreuses sociétés.
L’amélioration de la situation politique dans beaucoup de pays a contribué à faire progresser la valeur boursière, en particulier en Afrique du Sud où la mauvaise gouvernance, qui a caractérisé la présidence de Jacob Zuma, avait nui au climat des affaires et aux performances des entreprises. En novembre 2017, le rapport de force a basculé en faveur de Cyril Ramaphosa, faisant monter la valeur du rand par rapport au dollar. Ramaphosa est devenu Président en février 2018 les dirigeants économiques sont désormais rapidement remplacés par des personnalités compétentes. Le rand a progressé de 13,5 % par rapport au dollar depuis l’an dernier, tandis que l’indice boursier n’a augmenté que de 2 % sur la même période. Les agences de notations de crédit, qui avaient averti de possibles révisions en baisse, suspendent leurs décisions, en attendant de voir comment évolue l’économie.
Reprise au Nigeria
La situation politique est demeurée stable dans d’autres grandes économies en 2017 et 2018, notamment au Kenya où le président Uhuru Kenyatta et le chef de l’opposition Raila Odinga, ont mis fin à une impasse politique, instaurant une trêve en mars 2018, et faisant grimper le shilling à son niveau le plus élevé depuis deux ans. La paix séduit les investisseurs étrangers, intéressés en particulier par les émissions d’obligations à taux d’intérêt élevé, menant à de meilleures prévisions de croissance.
L’un des autres pays qui profite d’une plus grande stabilité est le Nigeria, avec des prévisions de croissance modeste après deux ans de récession, même si le pays doit toujours résoudre des questions liées au change, aux taux d’intérêt, à Boko Haram dans le nord du pays, et à l’insécurité politique dans le delta du Niger, pour maintenir le niveau de production de pétrole. Le cours du pétrole à 66-70 $ le baril redonne confiance aux investisseurs, accroît les réserves de change et le budget de l’État. Outre le Nigeria, le Maroc est demeuré stable, tourné vers l’avenir. En Égypte, une politique forte a également apporté de la stabilité pour les affaires.
Dans plusieurs pays, la reprise a favorisé les valeurs boursières. Au Nigeria, le principal indice a bondi de plus de 62 %, en devise, ce qui a largement compensé le déclin du naira de près de 14 % par rapport au dollar. Au début de l’année 2018, l’indice nigérian atteignait son plus haut niveau depuis neuf ans. Le principal indice boursier du Kenya a également progressé de 40 % et celui de l’Égypte de 34 %, tandis que la devise de ces pays restait stable et légèrement plus forte par rapport au dollar.
Comme les années précédentes, les géants sud-africains continuent de dominer le tableau, occupant 30 des 34 premières places du classement en 2018. Mais des concurrents situés au nord du fleuve Limpopo ont pris de l’importance : le nigérian Dangote Cement est passé du 20e au 16e rang avec une hausse de 39% de sa valeur boursière, à 12,3 milliards $, tandis que le kenyan Safaricom s’est hissé du 23e au 17e rang avec une augmentation de 57% de sa valeur boursière, également à 12,3 milliards $. Maroc Telecom, au 11e rang, a perdu une place, malgré une progression de 14% de sa valeur, qui se chiffre à 14,2 milliards $.
Naspers reste en tête
Comme d’habitude, la dernière place du tableau est un bon indicateur de croissance. La société au bas du classement affiche une valeur de 394 millions $, soit 20 % de plus que l’an dernier, où la valeur avait déjà progressé de 12 % par rapport à 2016.
Par Tom Minney (Le Magazine de l’Afrique)