Dr Denis Mukwege, médecin directeur de l’hôpital de Panzi au Sud-Kivu le 12/03/2013 à Kinshasa, lors d’une conférence de presse.
En République démocratique du Congo (RDC), le nombre de victimes d’exécutions sommaires et extrajudiciaires a augmenté. Plus de 90% des violations ont été documentées dans les provinces où les groupes armés sont actifs, en particulier au Nord-Kivu et en Ituri.
C’est ce qui est ressorti lors du dialogue interactif sur la RDC organisé par le Conseil des droits de l’homme mardi 5 octobre 2021.
Selon, le Dr Denis Mukwege, fondateur de l’hôpital de Panzi et lauréat du prix Nobel de la Paix, la culture de l’impunité, qui règne toujours, reste l’un des principaux obstacles à l’instauration de la paix en RDC et elle explique (en grande partie) la perpétuation des atrocités de masse jusqu’à ce jour dans ces provinces.
Le lauréat du prix Nobel de la Paix a invité le système des Nations Unies à mettre en place « sans plus tarder » une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle dans son pays.
Denis Mukwege appelle à la création d’un tribunal international pour la RDC

Des personnes embarquent dans des pirogues sur le lac Albert pour fuir les violences en Itrui vers l’Ouganda à Tchomia, le 5 mars 2018.
Le docteur congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, a appelé, vendredi 10 septembre 2021, à la création d’un tribunal pénal international pour la RDC, dont l’Est est en proie aux violences armées depuis plus de 25 ans.
« Malgré l’état de siège instauré dans les Kivus et en Ituri » depuis début mai, « la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces provinces », écrit dans un communiqué Denis Mukwege, évoquant « avec effroi les récentes tueries » qui ont fait des dizaines de morts dans les territoires de Beni et Irumu.

L’ambassadeur des USA visite le Dr Mukwege à Bukavu, en RDC, le 16 avril 2021.
Les populations « vivent dans la peur et l’horreur », en dépit de la présence dans la région de la force de l’ONU (Monusco) en appui à l’armée congolaise. Pour lui, « cette situation tragique et scandaleuse n’est plus supportable ».
« Face à l’échec des solutions politiques et sécuritaires, nous sommes convaincus que le chemin de la paix durable passera par le recours à tous les mécanismes de la justice transitionnelle », estime le prix Nobel.Lire aussi : Vers une « accélération » de l’état de siège dans l’est de la RDC
« Alors que les dirigeants du monde entier prendront prochainement la parole » à l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, nous « exhortons » le président congolais Félix Tshisekedi à « solliciter l’aide des Nations unies et l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs », dit-il.
Selon le Dr Mukwege, médecin exerçant au Sud-Kivu, ces enquêteurs devront « exhumer les nombreuses fosses communes dans l’Est du pays et collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide ».
Le président congolais doit aussi, ajoute-t-il, « demander de manière expresse aux Nations unies l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour rendre justice aux victimes des crimes les plus graves ».
Il doit aussi « concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle », poursuit Denis Mukwege. Il faut « mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990 », conclut-il.Lire aussi : Le Dr Mukwege met l’accent sur les massacres dans l’Est
Avec ONU Info/VOA/AFP