Le décès du journaliste Mwissa Camus, le mercredi 17 juin 2020, à 90 ans, signe l’effacement complet de la liste des signataires du Manifeste de la Conscience africaine.
Publié le 29 juin 1956 par la revue bi-semestrielle « La Conscience africaine « , proche des milieux ecclésiastiques de Kinshasa et supervisée par l’abbé Albert-Joseph Malula, alors curé de la paroisse St-Pierre, au coeur de la « cité » africaine de Leopoldville avant de devenir le premier cardinal congolais en 1970, ce document historique est connu sous le nom de son support.
Il avait été rédigé par un groupe de rédacteurs conventionnellement acceptés, qui sont Joseph Ngalula Mpandanjila, Antoine Ngwenza, Albert N’Kuli, Dominique Zangabie et Victor Ndjoli, mais signé par un nombre plus large d’intellectuels de l’époque dont le journaliste Mwissa Camus, selon divers témoignages.
Historiquement, ce document est une reaction, favorable, à la publication connue sous le nom de « Plan Van Bilsen », sur l’émancipation du Congo belge, la colonie de la Belgique.
L’universitaire belge proposait une période de 30 ans pour réaliser »l’émancipation » totale de la colonie à partir de 1956. Le Manifeste était d’accord sur le timing, prônant « une fraternité humaine »sans distinction des races » et « sans partis politiques », leur préférant la création d’un mouvement national populaire ».
Le Contre-Manifeste de l’Alliance des Bakongo (Abako), qui fut publié à la fin de la même année, prit le contre-pied de ces « utopies » et soutint vigoureusement l’émancipation totale et immédiate, l’implication des partis politiques et la nationalisation des sociétés parastatales.
Ces dernières options allaient finalement l’emporter.
Le journal Masano
Muissa Camus a aussi créé et dirigé pendant près de 20 ans, a partir de 1970 avec l’apport de jeunes journalistes talentueux et dévoués comme Sasa Kasa yi Kiboba,Weber Mayo et Godé Castelot, le journal sportif « Masano », qui reste jusqu’à ce jour le plus fort tirage de la presse congolaise avec ses 10 000 exemplaires à la parution.
Plus tard, l’homme qui, de son propre aveu, restait » une boîte à idées » intarissable, lancera un autre titre d’information générale au nom de « Conscience », plus qu’évocateur des années de gloire des luttes autour de Malula.
Plus tard, l’homme qui, de son propre aveu, restait » une boîte à idées » intarissable, lancera un autre titre d’information générale au nom de « Conscience », plus qu’évocateur des années de gloire des luttes autour de Malula.
Né à Léopoldville (Kinshasa) en 1930, il est l’un des pionniers de la presse congolaise, avec Jean-Jacques Kande, Denis Sakombi, Justin Nzeza et Philippe Kanza.
Par Luc Mabiala