Cet article concerne la crise diplomatique russo-ukrainienne de 2021-2022. Pour le conflit armé, voir invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
Rapport public du renseignement américain sur les mouvements de troupes russes près de la frontière russo-ukrainienne (3 décembre 2021). Il est estimé que la Russie a déployé environ 70 000 hommes, la plupart à une distance de 100 à 200 km de la frontière et que ce nombre pourrait s’accroitre à 175 000 hommes.
Date | 3 mars 2021–24 février 2022 (11 mois et 21 jours) |
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Lieu | Ukraine Oblast de Donetsk Oblast de Louhansk Russie Oblast de Rostov[1] Oblast de Voronej[1] Oblast de Briansk[2] Oblast de Belgorod[3] Oblast de Koursk[4] Oblast de Smolensk[2] Biélorussie Voblast de Homiel[4]mer Noire Ukraine/ RussieCrimée[4] |
Casus belli | Capacité d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Violations répétées du cessez-le-feu établi le 27 août 2020 dans le Donbass.Présence et exercices de troupes russes en Biélorussie et aux abords des frontières ukrainiennes, extension des installations militaires.Rupture du protocole de Minsk : reconnaissance de l’indépendance de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk par la Russie. |
Issue | Invasion de l’Ukraine par la Russie |
Ukraine Soutenue par : OTAN Union européenne et pays membres. États-Unis | Russie République populaire de Donetsk[N 1] République populaire de Lougansk[N 1] Soutenues par : Biélorussie Communauté des États indépendants Transnistrie (non reconnu)et diplomatiquement par : Chine Cuba[5] Iran[6] Syrie[7] Venezuela[7] |
La crise diplomatique russo-ukrainienne de 2021-2022 est une série d’incidents diplomatiques qui avivent les craintes d’une invasion de l’Ukraine par la Russie dans le cadre du conflit russo-ukrainien débuté en 2014. La Russie déploie depuis novembre 2021 d’importantes forces armées près de sa frontière avec l’Ukraine ainsi qu’en Biélorussie et en mer Noire[8]. Les enjeux de cette crise ne sont pas que régionaux puisque la Russie transmet aux États-Unis et à l’OTAN en décembre 2021 un projet d’accord dans lequel elle demande qu’ils s’engagent à ne pas élargir l’OTAN à l’Ukraine et qu’ils retirent leurs forces militaires des pays issus de l’URSS et du bloc de l’Est européen.
Cette crise est d’une gravité inédite depuis la crise ukrainienne de 2014. Les Occidentaux excluent d’intervenir militairement en Ukraine[8] mais menacent la Russie de sanctions « rapides et draconiennes » en cas d’invasion de l’Ukraine, allant bien au-delà des sanctions contre la Russie prises à la suite de la crise de 2014[9]. Les échanges diplomatiques se multiplient entre les parties jusqu’au plus haut niveau. Plusieurs échanges ont lieu entre Vladimir Poutine et respectivement Joe Biden et Emmanuel Macron notamment. La diplomatie occidentale est confrontée à un dilemme entre le risque d’une escalade militaire aux conséquences désastreuses et celui d’une reculade diplomatique qui discréditerait l’OTAN et donnerait lieu à une perte de confiance de ses membres européens[10].
La Russie nie cependant avoir l’intention d’envahir l’Ukraine. Cependant, prétextant un danger pour la Russie et dans le cadre d’une montée des tensions avec l’OTAN, Poutine reconnait l’indépendance des entités séparatistes et le 21 février 2022, les forces armées russes envahissent l’Est de l’Ukraine contrôlé par ces mêmes séparatistes[11],[12]. Le 24 février, Poutine annonce une « opération militaire » en Ukraine[13]. Cette annonce est suivie d’un bombardement des principales villes de l’Ukraine et d’une invasion effective[14].
Contexte
Les relations entre Moscou et Kiev se sont considérablement tendues depuis la révolution ukrainienne de 2014 menant à la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovytch. En effet, la Russie utilise l’instabilité de l’Ukraine pour déclencher l’annexion de la Crimée à la Russie suite d’un référendum contesté organisé après l’invasion de la péninsule par la Russie, tandis que des séparatistes proclament deux républiques dans la région russophone du Donbass : la république populaire de Donetsk et de Lougansk.
Si le rattachement de la péninsule ukrainienne n’est pas reconnue sur le plan international, la Russie gouverne de facto la région. Cette situation entraîne de nombreux conflits en mer d’Azov, dont le plus emblématique est l’arraisonnement de trois navires ukrainiens par la Russie le 25 novembre 2018 alors qu’ils tentaient de traverser le détroit de Kertch[15],[16].
Sur un autre niveau, le conflit à l’est du pays n’a pas cessé depuis 2014 et les accords de Minsk II en 2015. Après l’utilisation du format Normandie entre Paris, Berlin, Kiev et Moscou en 2019, un cessez-le-feu a été mis en place à partir du 27 juillet 2020[17].
En réaction, les pays occidentaux ont mis en place de nombreuses sanctions économiques visant les activités de personnalités proches du pouvoir et l’économie russe. Sur le plan diplomatique, la Russie est exclue du Groupe des huit — qui revient à sa forme initiale, le G7[18],[19].
Chronologie
Tensions de mars-avril 2021
Situation du conflit dans la région du Donbass. La zone rouge est contrôlée par les séparatistes pro-russes.
L’empoisonnement et l’emprisonnement de l’opposant politique Alexeï Navalny a dégradé les relations entre le Kremlin et les capitales européennes[20]. Sur un autre plan, l’année 2021 commence avec l’expulsion de la République tchèque de dix-huit diplomates russes accusés d’espionnage et l’annonce par le G7 que l’annexion de la Crimée ne sera pas reconnue[21],[20].
Dans le Donbass, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a constaté une augmentation de 30 % de la violation du cessez-le-feu entre février et mars 2021 alors que le conflit dans cette région a fait en 7 ans plus de 13 000 morts[22],[17]. Aussi, les nombreux mouvements de troupes russes constatés près de la frontière ukrainienne incitent l’OSCE à demander plus de transparence de la part de Moscou sur ses activités — comme le précise le partenariat entre la Russie et l’organisation défensive européenne[23]. La recrudescence des violations de cessez-le-feu et l’augmentation des victimes au sein de l’armée ukrainienne est principalement le fait de snipers côté séparatistes. L’interdiction de reporters chez ces derniers ne permet pas de connaître leurs situations[24],[25].
Dans le même temps, Moscou a distribué de nombreux passeports russes à la population du Donbass[23]. Aussi, de nombreuses fausses informations ont été relayées par la presse russe sur des attaques ukrainiennes et sur des agressions envers la population russophone en Ukraine comme à Odessa[22]. De son côté, la stratégie du président Volodymyr Zelensky est de répondre a minima aux agressions séparatistes. C’est ainsi qu’il a obtenu les conditions du cessez-le-feu qui fut le plus long depuis le début du conflit. Toutefois, Zelensky a demandé en ce début d’année 2021 le soutien de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et de l’Union européenne et une accélération du processus d’intégration de l’Ukraine, à rebours de sa politique depuis le début de son mandat[17].
Fin avril, Moscou a annoncé le retrait de ses troupes abaissant ainsi les tensions dans la région sans toutefois mettre fin à la crise[26].
Échanges diplomatiques
Les mois qui suivent la montée des tensions initiée en février sont marqués par de nombreuses rencontres diplomatiques entre les chefs d’État occidentaux, russes et ukrainiens. La plus emblématique est la rencontre entre Joseph Biden et Vladimir Poutine à Genève le 16 juin 2021 qui relance les échanges entre les locataires de la Maison Blanche et du Kremlin après des échanges télévisés[27]. Deux jours plus tôt, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé de nouveau sa volonté d’intégrer l’association atlantique — malgré l’opposition de certains pays membres dont l’Allemagne — et dit regretter que le président américain rencontre le président russe avant lui[27]. Dans le même temps, Washington a annoncé un support supplémentaire de 150 millions de dollars américains à Kiev et a réitéré, par la voix du secrétaire d’État, Anthony Blinken, son soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN[28],[27].
Alors à la fin de son mandat de chancelière allemande, Angela Merkel a multiplié pendant l’été 2021 les visites diplomatiques entre Washington, Kiev et Moscou pour s’assurer de la mise en place du gazoduc Nord Stream 2 — dont l’un des objectifs est de contourner l’Ukraine, comme dans une autre mesure le projet Turkish Stream, qui ne disposera plus de pressions face à la Russie qui y fait transiter la majorité de son gaz — et pour renouveler le soutien de Berlin à l’Ukraine face à la Russie[29],[30]. C’est dans ces conditions que l’Ukraine fête le trentenaire de son indépendance[31].
Novembre 2021 – février 2022
Novembre 2021
Selon les observateurs de l’OSCE, entre le 29 octobre et le 31 octobre, le régime de cessez-le-feu dans la région de Donetsk a été violé 988 fois, et à Louhansk 471 fois soit deux fois plus souvent qu’en 2020[réf. nécessaire]. Les observateurs du SMM de l’OSCE ont signalé le mouvement de matériel militaire des Forces armées ukrainiennes, ainsi que des tentatives répétées d’étouffer le signal de ses drones, qui sont utilisés pour surveiller le terrain. Dans le même temps, des publications sont apparues dans les médias occidentaux selon lesquelles la Russie envoyait à nouveau des troupes à la frontière ukrainienne. Des photos satellites de véhicules blindés russes ont été citées comme preuves[32].
Les 2 et 3 novembre 2021, le directeur de la Central Intelligence Agency et ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, William Burns, est venu à Moscou et y a rencontré de hauts responsables du renseignement russe[33]. Selon CNN, le but du voyage était de faire part au Kremlin de l’inquiétude de Joe Biden à propos de la situation à la frontière ukrainienne[34]. Burns a également demandé la collaboration des autorités russes pour lutter contre des hackers opérant depuis le territoire russe et attaquant des entreprises américaines avec des rançongiciels. Des sources de la chaîne de télévision ont rapporté qu’après le voyage, Burns s’est entretenu par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky afin d’apaiser les tensions entre Moscou et Kiev. Dans le même but, un haut responsable du département d’État américain a été envoyé en Ukraine le 4 novembre[35],[36].
Le 2 novembre, Dmytro Iaroch, l’ancien chef de l’organisation Secteur droit, a été nommé conseiller du commandant en chef des forces armées ukrainiennes (en) Valeri Zaloujny. Le 4, l’ancien vice-Premier ministre Oleksiy Reznikov est nommé ministre de la Défense[37]. Sa nomination s’accompagne d’un communiqué de la présidence ukrainienne affirmant qu’il ne communiquera pas avec les médias sur une durée d’un mois pour se familiariser avec ses fonctions[38]. Ce changement au sein du gouvernement se fait dans un contexte politique confus[39].
En novembre 2021, le ministère russe de la Défense a qualifié le déploiement des navires de guerre américains en mer Noire de « menace pour la sécurité régionale et la stabilité stratégique ». Selon le ministère russe, le véritable objectif des forces américaines en mer Noire est de préparer une éventuelle tentative de régler le conflit par la force[40]. Le président russe Vladimir Poutine évoque aussi ces exercices comme un facteur de tensions lors d’un échange téléphonique avec le président français Emmanuel Macron[41].
Le 13 novembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky annonce que la Russie a à nouveau amassé 100 000 soldats dans la zone frontalière[42]. Début novembre, des responsables américains alertent l’UE du renforcement de la présence militaire russe et d’une possible invasion de l’Ukraine[43],[44]. Ces informations ont été contredites par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov[45]. Peskov a accusé l’Ukraine en retour de « planifier des actions agressives contre le Donbass »[46] et a exhorté l’OTAN à cesser d’amener des forces militaires le long des frontières de la Russie et à renoncer à armer l’Ukraine avec des armes modernes[47].
Le 15 novembre, Volodymyr Zelensky et le président du Conseil européen Charles Michel ont évoqué la situation. Le même jour, Dmitry Kuleba s’est entretenu sur les mêmes sujets à Bruxelles. Le nouveau chef du ministère de la Défense, Oleksiy Reznikov, s’est rendu à Washington, où il a rencontré le 18 novembre le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Le 16 novembre, le secrétaire d’État à la Défense britannique Ben Wallace s’est rendu à Kiev. Le 15 novembre, Vladimir Poutine a signé un décret sur la fourniture d’un soutien humanitaire à la population de certains districts des régions de Donetsk et de Louhansk en Ukraine[48].
Le 16 novembre 2021, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a appelé l’Occident à envoyer à la Russie « un signal clair appelant à réduire les tensions, en évitant toute escalade en l’Ukraine et les alentours ». Stoltenberg a ajouté que l’alliance enregistre une « concentration inhabituelle » de forces russes près de la frontière ukrainienne. Le 15 novembre, le ministre allemand des Affaires étrangères par intérim Heiko Maas et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont exprimé leur inquiétude. Dans le même temps, l’attaché de presse du Pentagone, John Kirby, a confirmé que les États-Unis continuaient d’observer les mouvements militaires de la Fédération de Russie près des frontières de l’Ukraine, et le chef du département d’État Antony Blinken en a discuté avec Jean-Yves Le Drian. Il a été rapporté que les États-Unis discutaient de réactions avec des alliés européens[49].
Le 21 novembre 2021, le chef de la Direction principale du renseignement du ministère de la Défense de l’Ukraine, Kirilo Boudanov, a rapporté que la Russie aurait concentré plus de 92 000 soldats et des systèmes de missiles balistiques à courte portée Iskander près des frontières ukrainiennes. Boudanov a déclaré que la Russie était à l’origine des manifestations contre la vaccination contre le COVID-19 à Kiev et d’autres rassemblements en Ukraine, qu’il s’agit de la préparation d’une invasion militaire à grande échelle. Selon Boudanov, la Russie a besoin des manifestations pour que la population ukrainienne ne lui résiste pas lors de l’opération militaire, estimant que les autorités ukrainiennes l’ont trahie : « Ils veulent organiser des rassemblements et des manifestations pour montrer que les gens sont contre le gouvernement », a-t-il déclaré dans une interview au Military Times. « Ils essaient de prouver que notre gouvernement trahit le peuple. » Selon le chef des services secrets ukrainiens Boudanov[50], des actions actives devraient être attendues en janvier-février 2022[51],[52].Carte montrant deux plans russes supposés, publiés séparément par le quotidien Bild[53] et le Center for Strategic and International Studies[54].
Décembre 2021
Moscou, à son tour, accuse l’Ukraine d’actions agressives. Le 1er décembre, la Russie a reproché à l’Ukraine d’avoir déployé la moitié de son armée (environ 125 000 soldats) dans le Donbass pour affronter les séparatistes pro-russes[55]. Le 3 décembre, le président Poutine a critiqué l’Ukraine pour avoir utilisé un drone Bayraktar TB2 contre des séparatistes pro-russes dans le Donbass[56],[57]. C’est la première fois que l’armée ukrainienne utilise ce type de drone[58],[59]. L’armée ukrainienne a déclaré que la frappe a eu lieu en réponse à un tir d’un canon Howitzer D-30 en possession des séparatistes et visait exclusivement des véhicules sur le sol ukrainien[58],[57]. Ces drones, de fabrication turque, ont été le facteur déterminant de la supériorité azérie lors du conflit du Haut-Karabagh en 2020 et participe à la diplomatie d’Ankara — membre de l’OTAN et proche du Kremlin depuis 2015 — dans la région[59],[60]. L’utilisation de ce type d’arme est proscrit par les accords de paix de Minsk[61],[59]. Kiev reconnaît que l’utilisation de ces armes pourrait servir de prétexte à une réaction russe[58].
Les déclarations dures de Kiev et de Moscou sonnent dans le contexte d’une impasse sur toutes les plates-formes de négociation existantes. Il n’y a pas de contacts au sein du Format Normandie et ils ne sont attendus à aucun niveau : il n’y aura pas de sommet, les ministres des Affaires étrangères n’ont pas encore pu coordonner une réunion, et les conseillers politiques n’ont pas communiqué depuis septembre. Au sein du Groupe de contact trilatéral, les négociations se réduisent à discuter de la question de savoir si la Russie est partie au conflit.
Le 9 décembre, la Russie a accusé l’Ukraine d’avoir déplacé de l’artillerie lourde vers la ligne de front où les séparatistes combattent avec les forces ukrainiennes[62]. Le chef d’état-major général russe, Valéri Guérassimov, a déclaré : « Les livraisons d’hélicoptères, de véhicules aériens sans pilote et d’avions [de l’OTAN] à l’Ukraine poussent les autorités ukrainiennes à prendre des mesures brutales et dangereuses. Toute provocation des autorités ukrainiennes par la voie d’un règlement forcé des problèmes du Donbass sera supprimé. »[63] Le 31 décembre 2021, après un appel téléphonique entre le président américain Biden et le président russe Poutine, Poutine a déclaré que si les États-Unis les sanctionnaient, ce serait « une erreur fatale ».
La Russie présente le 17 décembre 2021 deux textes nommés « Traité entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité »[64] et « Accord sur les mesures pour assurer la sécurité de la Fédération de Russie et des Etats membres de l’OTAN »[65] et annonce sa volonté de négocier dès le lendemain soit le 18 décembre[66]. Ces documents, prêts à être signés contiennent ces exigences[67] :
- l’interdiction de tout nouvel élargissement de l’OTAN – aussi bien de l’Ukraine, que de tout autre pays (Finlande, Suède par exemple)[68] – et d’empêcher les activités militaires proches de la frontière russe ;
- de ne pas déployer de militaires et d’armements supplémentaires dans les pays rejoignant l’OTAN en mai 1997 et avec son « accord » en citant en particulier le 21 janvier 2022, les cas de la Roumanie et de la Bulgarie[69] ;
- l’interdiction de l’implantation de nouvelles bases américaines sur le sol de l’ex-URSS[66].
Janvier 2022
Réunion entre les délégations américaines et russes à Genève le 21 janvier 2022.
Le 10 janvier 2022, le gouvernement ukrainien a annoncé qu’il avait arrêté un agent du renseignement militaire russe présumé qui tentait d’en recruter d’autres pour mener des attaques dans la ville ukrainienne d’Odessa. Plus tard, le 14 janvier, l’Ukraine a été frappée par une vaste cyberattaque dont les auteurs étaient soupçonnés d’être des pirates informatiques russes. Le même jour, les services de renseignement militaires ukrainiens ont déclaré que des services spéciaux de la Russie préparaient des « provocations » contre des soldats russes stationnés en Transnistrie, un État séparatiste non reconnu internationalement considéré comme faisant partie de la Moldavie, pour créer un prétexte à une invasion russe de l’Ukraine.
Des pourparlers bilatéraux ont eu lieu à Genève le 10 janvier 2022, pour discuter des préoccupations concernant leurs activités militaires respectives et pour faire face aux tensions croissantes concernant l’Ukraine. Les pourparlers (« la réunion extraordinaire du dialogue sur la stabilité stratégique ») étaient dirigés par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, et la sous-secrétaire d’État américaine, Wendy Sherman (en). La réunion de Genève a été suivie d’une réunion du Conseil OTAN-Russie à Bruxelles le 12 janvier 2022, qui a réuni les 30 membres de l’OTAN et la Russie pour discuter, selon le communiqué officiel publié par l’OTAN, « de la situation en Ukraine et autour de celle-ci, et les implications pour la sécurité européenne » ; la déclaration du ministère russe de la Défense à l’issue de la réunion a été : « [La Russie] a apporté des évaluations russes de l’état actuel dans le domaine de l’euro-sécurité, et a également donné des explications sur les aspects militaires du projet d’accord russe sur les garanties de sécurité ». Les pourparlers ont été jugés par la Russie comme infructueux.
Le 21 janvier, une autre réunion à lieu entre le Secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken et le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov à Genève[70].
Le samedi 29 janvier 2022, le ministère russe de la Défense annonce que la Russie finalise le transport d’un arsenal militaire en Biélorussie, pour un exercice conjoint prévu mi-février, dont des missiles anti-aériens et des avions de combat[71].
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit le lundi 31 janvier 2022 sur la crise ukrainienne à la demande des États-Unis, à la veille d’un entretien téléphonique prévu entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Avec ses alliés de l’Otan, Washington intensifie ses efforts pour dissuader la Russie d’envahir l’Ukraine, tout en préparant de nouvelles sanctions contre Moscou[72].
Février 2022
Début février, les Occidentaux excluent d’intervenir militairement en Ukraine[8] mais menacent la Russie de sanctions « rapides et draconiennes » en cas d’invasion de l’Ukraine, allant bien au-delà des sanctions contre la Russie prises à la suite de la crise de 2014[9]. Les échanges diplomatiques se multiplient entre les parties jusqu’au plus haut niveau. Plusieurs échanges ont lieu entre Vladimir Poutine et respectivement Joe Biden et Emmanuel Macron[73] notamment. La diplomatie occidentale est confrontée à un dilemme entre le risque d’une escalade militaire aux conséquences désastreuses et celui d’une reculade diplomatique qui discréditerait l’OTAN et donnerait lieu à une perte de confiance de ses membres européens[10]. La Russie nie cependant avoir l’intention d’envahir l’Ukraine.
Le 15 février 2022, la Russie annonce entamer le retrait des troupes ayant terminé leurs exercices militaires. L’OTAN se montre sceptique et demande des preuves[74]. Le 17 février 2022, Washington affirme que le nombre de soldats massés aux frontières ukrainiennes n’a pas diminué mais augmenté de 7 000 hommes additionnels[75].
Le 18 février, la république populaire de Donetsk et la république populaire de Lougansk ont annoncé l’évacuation des civils vers la Russie[76] avec des allocutions pré-enregistrées le 16 février[77]. Le même jour, les deux républiques ont proclamé la mobilisation générale suite à un regain de tension dans le Donbass[78] ; un véhicule portant des plaques d’immatriculation attribuées au chef de la police de Donetsk Denis Sinenkov explose sans faire de blessé[79], tandis qu’une rencontre entre Antony Blinken et Sergueï Lavrov est prévue pour le 24 février[80].
Le 21 février 2022, lors d’une allocution télévisée, Vladimir Poutine annonce la reconnaissance russe de l’indépendance des républiques populaires de Donetsk et Lougansk et les forces armées russes envahissent l’Est de l’Ukraine contrôlé par les séparatistes pro-russes[81],[82].
Le lendemain, l’administration Biden qualifie officiellement les mouvements de troupes russes d’invasion, ouvrant la voie à des sanctions plus sévères de la part des États-Unis à l’encontre de la Russie[83] ; elle annonce aussi de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine[84]. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, lance un appel « à la désescalade dans la crise ukrainienne, […] à un cessez-le-feu immédiat et au rétablissement de l’Etat de droit »[85]. Il demande à la Russie d’appliquer tous les principes de la Charte des Nations Unies[86]. La reconnaissance de l’indépendance de plusieurs régions du Donbass par Moscou est, toujours selon le Secrétaire général de l’ONU, « une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine »[85], tout en appelant à la négociation. Le gouvernement allemand décide quant à lui de suspendre l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2[84].
Suites
Le 24 février 2022, la Russie lance une opération militaire en Ukraine, des explosions à Kiev et dans plusieurs grandes villes sont signalées moins d’une heure après l’annonce par le président russe d’une opération militaire dans le but de « démilitariser et dénazifier l’Ukraine »[87]. Le ministère de l’Intérieur russe a, quant à lui, rendu « illégaux » tous les rassemblements opposés à la guerre. La ville de Kiev a mis en place un couvre-feu et le gouvernement ukrainien a rompu toutes relations diplomatiques avec Moscou[88].
Le 25 février, Sergueï Lavrov annonce que la Russie est prête à des négociations si l’Ukraine dépose les armes[89]. Ce même jour, le Conseil de l’Europe suspend la Russie en réponse de ses actes de guerre dans le conflit russo-ukrainien[90]. Le Royaume-Uni a décidé de stopper les avoirs britanniques du président russe Vladimir Poutine et de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, montre la liste des nouvelles sanctions décidées par Londres en réponse à l’offensive lancée par Moscou contre l’Ukraine. Le premier ministre britannique Boris Johnson avait annoncé plus tôt, dans la journée, une mesure en ce sens, similaire à celle décidée en parallèle par les dirigeants de l’Union européenne.
Cyberguerre
Le principal réseau international de hackers « Anonymous » déclare sur sa page Twitter une cyberguerre au gouvernement de la Fédération de Russie. Ils ont revendiqué des attaques par déni de service sur le site de la chaîne de télévision Russia Today[91]. Le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie ( FSB de Russie ) évalue le niveau de menace pour les ressources d’information de la Russie comme critique[92]. Les Américains envisagent eux aussi d’intégrer cette cyberguerre pour venir en aide à l’Ukraine en perturbant la connectivité Internet à travers la Russie, coupant l’alimentation électrique ou altérant les commutateurs de chemin de fer pour entraver la capacité de la Russie à réapprovisionner ses forces[N 2],[93].
L’Ukraine est victime de multiples cyberattaques, par déni de service et par le biais de logiciel malveillants capables de supprimer les données de serveurs stratégiques[91].
Guerre de l’information
Avec la désinformation généralisée et les médias sociaux amplifiant les revendications militaires et les demandes reconventionnelles, il est difficile de déterminer exactement les informations fiables pour donner les deux points de vue de façon neutre[94].
Pour justifier l’invasion de l’Ukraine, les forces séparatistes sont soupçonnée d’avoir orchestrées plusieurs fausses attaques pour justifier l’escalade militaire[95].
Le renseignement américain avait déjà, quatre semaines plus tôt exprimer son inquiétude par rapport à cela. John Kirby, porte-parole du Pentagone a déclaré lors d’une allocution : « Nous avons des informations selon lesquelles les Russes veulent probablement fabriquer un prétexte pour une invasion, ce qui correspond tout à fait à leurs façons de faire »
« Il est probable que le gouvernement russe, nous le pensons, prépare une fausse attaque de soldats ou d’agents de renseignement ukrainiens contre le territoire russe ou des russophones [d’Ukraine] », a-t-il ajouté[96].
Les médias informationnelles russes ont délibérément propagée des fausses informations, comme par exemple la crucifixion d’un enfant par les forces militaires ukrainiennes [97], ou encore d’avoir tenté d’exploser un conteneur de gaz au chlore près de zone civil à Gorlovska[98].
Les forces armées ukrainiennes sont aussi accusée d’avoir propagée de fausse information. Le ministère des armées ukrainienne a par exemple publier une vidéo montrant un drone turque abattant un char d’assaut du régime syrien près de Maarat Al-Numan en Syrie, et a écrit : » FORCES ARMÉES UKRAINIENNES ONT LIBÉRÉ UNE VIDÉO AVEC LA DESTRUCTION DE L’ÉQUIPEMENT MILITAIRE RUSSE Bayraktar TB2 » [99].
Conséquences économiques
Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, Moscou a réduit de façon draconienne la part du dollar dans son économie pour faire face à certaines sanctions économiques[100]. Ainsi, à l’inverse de l’Iran qui a été coupé du réseau Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) en 2012 et 2018, les conséquences d’une telle suspension seraient moindres pour la Russie qui a développé des alternatives comme un système de messagerie financière ou encore la carte de paiement Mir désormais utilisée par 87 % des Russes[100].
Lors de la semaine du 7 au 13 février, plusieurs pays occidentaux demandent à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine en raison de l’imminence d’un conflit dans la région[101]. Ainsi, le 14 février, de nombreuses places boursières européennes ouvrent en nette baisse comme c’est le cas à Paris ou encore à Milan[102],[103],[104]. Le rouble russe perd aussi de la valeur avant de se stabiliser autour des 86,5 RUB pour 1 euro[105].
Pour Raphaël Glucksmann, président de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, cette crise montre l’urgence pour l’Union européenne d’utiliser son pouvoir commercial — notamment usant du devoir de vigilance — pour influer sur des États ne respectant pas ses valeurs et exerçant des pressions sur ses frontières[N 3],[106]. La forte dépendance en gaz russe pour des pays de l’Union illustre selon Glucksmann cette nécessité[N 4],[106].
Washington annonce le 21 février de nouvelles sanctions à l’encontre des régions séparatistes du Donbass à la suite de leur reconnaissance par Moscou. Joe Biden va « publier un décret qui interdira tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions ». D’autres sanctions pourraient suivre[107]. D’autres sanctions financières suivent, annoncées par Joe Biden le 22 février[108].
Réaction
Ukraine
Dans une interview accordée au journal français Libération en avril 2021, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a déclaré que le renforcement des troupes russes près de la frontière avec l’Ukraine et la détérioration de la situation dans l’est de l’Ukraine étaient les plus graves depuis l’attaque contre des marins ukrainiens dans le Détroit de Kertch en novembre 2018[109].
En novembre 2021, Kyrylo Budanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, a déclaré que la Russie se préparait à une attaque d’ici fin janvier ou début février 2022[110]. Le 25 janvier 2022, le ministre de la Défense Oleksiy Reznikov a déclaré qu’il ne voyait pas de menace d’attaque immédiate d’une invasion russe à grande échelle de l’Ukraine ; il a insisté sur le fait que la menace n’avait pas augmenté de manière significative en huit ans car « l’armée russe n’avait pas formé de groupe de frappe capable de mener une invasion »[111],[112]. Le 28 janvier 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l’Occident à ne pas créer de « panique » dans son pays face à une éventuelle invasion russe, ajoutant que les avertissements constants d’une menace « imminente » d’invasion mettent l’économie de l’Ukraine en danger[113],[114]. Zelensky a déclaré que « nous ne voyons pas une plus grande escalade » qu’au début de 2021, lorsque le renforcement de l’armée russe a commencé[115].
Dans la nuit du 23 au 24 février 2022, quelques heures avant que Vladimir Poutine annonce une intervention militaire en Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un discours en langue russe, a appelé la société civile en Russie à faire pression sur ses dirigeants pour prévenir une grande guerre en Europe qui pourrait débuter d’un jour à l’autre. Il déclare : « Les Russes veulent-ils la guerre ? J’aimerais tant connaître la réponse à cette question. Et cette réponse dépend de vous, citoyens de la Fédération de Russie », accusant Moscou d’avoir déployé 200 000 hommes pour attaquer son pays et révélant avoir tenté de parler, sans succès, à Vladimir Poutine[116].
Russie
Le ministre russe des Affaires étrangèresSergueï Lavrov rencontre le secrétaire d’État américainAntony Blinken le 2 décembre 2021.
Le Kremlin a nié à plusieurs reprises avoir l’intention d’envahir l’Ukraine[117],[118]. Le président russe Vladimir Poutine a rejeté ces craintes comme « alarmistes »[119]. Sergueï Narychkine, directeur du service de renseignement extérieur russe, a rejeté les rapports d’une éventuelle invasion de l’Ukraine affirmant qu’il s’agissait de « propagande malveillante du département d’État américain »[120]. Le 30 novembre 2021, Poutine a déclaré qu’une expansion de la présence de l’OTAN en Ukraine, en particulier le déploiement de tout missile à longue portée capable de frapper des villes russes ou des systèmes de défense antimissile similaires à ceux de la Roumanie et de la Pologne, constituerait un problème de « ligne rouge » pour la Russie[121],[122],[123]. En janvier 2022, Nikolaï Jouravlev, vice-président du Conseil de la Fédération, a averti que l’Europe ne recevrait pas de gaz naturel, de pétrole et de métaux de la Russie au cas où la Russie serait déconnectée du système de paiement international SWIFT, de plus, une telle décision ne pourrait être réalisable car elle nécessiterait le consentement de tous les pays participant à ce système[124]. Fin janvier 2022, Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, a déclaré que l’idée que la Russie « menace l’Ukraine » était « absolument ridicule » et a ajouté : « Nous ne voulons pas de guerre. Nous n’en avons pas du tout besoin »[125]. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexander Grushko, a condamné le déploiement de troupes, de navires de guerre et d’avions de combat de l’OTAN en Europe de l’Est, affirmant que l’alliance militaire « diabolisait la Russie » afin de « justifier l’activité militaire sur le flanc oriental [de l’OTAN] »[126]. La Russie a accusé l’Ukraine de ne pas mettre en œuvre les accords de Minsk conclus en 2015 dans le but d’instaurer la paix dans le Donbass[127].
Communauté internationale
- Albanie et Kosovo : Le colonel des forces armées albanaises Ardian Lulaj et le chef kosovar de la communication stratégique, le colonel Sefer Isufi, ont tous deux déclaré début décembre 2021 que leurs pays respectifs seraient disposés à déployer les forces armées albanaises et les forces de sécurité du Kosovo dans une future mission en Ukraine si les États-Unis décident de mener une telle entreprise[128].
- Allemagne : En avril 2021, lors d’une conversation téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel a exigé que le chef du Kremlin réduise sa présence militaire près des frontières de l’Ukraine[129]. En décembre 2021, le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en garde contre des « conséquences » pour le gazoduc Nord Stream 2, un projet de gazoduc russe exploité par Gazprom, qui livre du gaz naturel à l’Allemagne[130],[131]. En janvier 2022, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a averti que « toute nouvelle escalade entraînerait un prix élevé pour le régime russe – économique, politique et stratégique »[132]. L’Allemagne a maintenu sa politique consistant à ne pas fournir à l’Ukraine d’armes létales. La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht a déclaré que l’Allemagne souhaitait « désamorcer » les tensions et que fournir des armes ne serait « pas utile »[133]. L’Ukraine a également affirmé que l’administration allemande bloquait l’approvisionnement en armes via l’OTAN[134]. Le 21 janvier 2022, il a été signalé que l’Allemagne avait empêché l’Estonie d’exporter des armes d’origine allemande[135]. Le ministre letton de la Défense Artis Pabriks a qualifié les relations de l’Allemagne avec la Russie (et la Chine) d’« immorales et hypocrites »[136]. Le 26 janvier, l’Allemagne a annoncé qu’elle allait expédier 5 000 casques à l’Ukraine, tout en réaffirmant qu’elle ne fournirait aucune arme létale. Le maire de Kiev et ancien champion du monde de boxe poids lourd Vitali Klitschko a qualifié cette offre de « blague »[137],[138]. Le 19 février 2022, l’Allemagne appelle ses ressortissants à quitter l’Ukraine dès que possible, considérant qu’un conflit militaire est possible à tout moment. Les autorités allemandes déconseillent également tout déplacement vers l’Ukraine[139],[140].
- Australie : Le 24 janvier, la ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, a offert son aide à l’Ukraine dans la lutte contre les cyberattaques russes. Elle a également appelé la Russie à « désamorcer » les tensions et a exhorté les australiens vivant en Ukraine à évacuer[141]. Des sentiments similaires ont été exprimés par le ministre des Finances Simon Birmingham (en), qui a averti que l’Australie lèverait des sanctions financières contre la Russie en cas d’hostilités[142].
- Belgique : Le 24 janvier 2022, le chef de la défense belge Michel Hofman a déclaré que les forces belges étaient en attente dans la Baltique et se préparaient « à intervenir dans un certain délai, mais aujourd’hui il est trop tôt pour dire où et comment »[143].
- Biélorussie : Le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko a déclaré que son pays « ne veut pas la guerre », mais si quelqu’un « la tire, lui impose des sanctions ou l’intimide », il « abandonnera presque » car, selon ses propres termes, ils sont « invincibles »[144]. Il a également déclaré qu’il enverrait « tout un contingent de l’armée biélorusse » à la frontière avec l’Ukraine, car « les Ukrainiens auraient commencé à attirer des troupes là-bas »[145]. Le 18 janvier, le Digital Forensic Research Lab du groupe d’experts d’Atlantic Council a publié un compte rendu de l’arrivée des troupes russes en République de Biélorussie. En particulier, des lanceurs de roquettes multiples BM-27 Uragan à la station Retchytsa dans l’oblast de Gomel au nord de Kiev[146].
- Bulgarie : Début janvier, le ministre bulgare de la Défense Stefan Yanev a répondu à une question parlementaire sur le déploiement d’unités militaires supplémentaires sur le territoire bulgare que la Bulgarie s’oppose à « l’escalade des mesures militaires avant que tous les autres moyens diplomatiques ne soient utilisés » et que la Bulgarie n’avait pour l’instant « pas de position nationale » sur la situation[147]. Le 21 janvier, le Premier ministre bulgare Kiril Petkov a condamné l’appel russe à la Bulgarie de quitter l’OTAN et au retrait des troupes de l’OTAN de Bulgarie et de Roumanie, tandis que le président Roumen Radev a qualifié la déclaration d’« inacceptable »[148].
- Canada : En janvier 2022, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a déclaré que le Canada accorderait à l’Ukraine un prêt de 120 millions de dollars canadiens, mais ne transférerait pas d’équipement militaire[149]. Le Canada annonce l’envoi de forces spéciales le 17 janvier 2022[150].
- Chine : Le dirigeant chinois et secrétaire général du PCC Xi Jinping a soutenu la demande de la Russie selon laquelle l’Ukraine ne doit jamais rejoindre l’OTAN[151]. Le 14 janvier 2022, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a souligné que tous les pays devraient observer une résolution traditionnelle de l’ONU sur la trêve olympique « de sept jours avant le début des Jeux olympiques jusqu’à sept jours après la fin des Jeux paralympiques ». Dans ce délai, la proposition de résolution de trêve commencerait donc le 28 janvier 2022 et se terminerait le 20 mars 2022[152].
- Corée du Sud : Le président de la République de Corée Moon Jae-in a ordonné au gouvernement d’élaborer des mesures «d’urgence» afin de répondre à la situation politique en Ukraine, craignant que la crise sécuritaire ne nuise aux intérêts des Sud-Coréens[153].
- Croatie : Le 19 janvier 2022, le Premier ministre croate Andrej Plenković, s’adressant au Sabor, a déclaré que la situation dans l’est de l’Ukraine était très préoccupante et la plus tendue depuis 2014 et a déclaré : « La Croatie ne veut pas que la situation s’aggrave et réagira clairement et résolument pour prévenir toute instabilité »[154],[155]. Le 25 janvier 2022, le président croate Zoran Milanović, a considéré le renforcement militaire de l’OTAN et l’administration Biden dans la région de « conduite incohérente et dangereuse » dans les affaires de sécurité internationale et souligné son rôle de commandant en chef de la Croatie en déclarant à la presse : « Nous n’avons aucune influence là-dessus et nous n’aurons rien à voir avec cela. Je garantis que la Croatie n’enverra aucune troupe en cas d’escalade. Au contraire, elle rappellera toutes les troupes, jusqu’au dernier soldat croate »[156],[157]. Milanović a poursuivi en disant qu’un « arrangement pour répondre aux intérêts de sécurité de la Russie » devait être trouvé et que la crise aiguë sur l’Ukraine était « principalement déterminée par la dynamique de la politique intérieure américaine »[157]. Le même jour, le Premier ministre Andrej Plenković a réagi aux remarques du président en disant qu’en les entendant, il pensait que c’était dit « par un responsable russe » ; il a également présenté des excuses à l’Ukraine et à son gouvernement pour l’accusation de Milanović selon laquelle l’Ukraine était « l’un des États les plus corrompus » et a réitéré que la Croatie soutenait l’intégrité territoriale de l’Ukraine et qu’aucune troupe croate ne se trouvait en Ukraine, tandis que la déclaration du président « n’avait absolument rien à voir avec la politique du gouvernement de la République de Croatie »[158].
- Danemark : Le 13 janvier 2022, le Danemark a envoyé quatre avions de combat F-16 et une frégate avec un équipage de 160 personnes dans les États baltes pour renforcer la présence avancée renforcée de l’OTAN et patrouiller en mer[159],[160].
- Espagne : Le 20 janvier, l’Espagne a commencé à déployer des avions, des navires et des forces de l’OTAN en Bulgarie[161].
- Estonie, Lettonie et Lituanie : Le 10 janvier 2022, le Conseil de défense de l’État lituanien a été convoqué pour discuter des tensions russo-ukrainiennes. En réponse au comportement militaire russe agressif, le conseil a décidé d’augmenter le nombre de troupes et d’accélérer les plans de modernisation militaire[162]. Le 17 janvier, la Lettonie a renforcé la présence militaire dans l’est du pays[163]. Le 19 janvier, le Premier ministre estonien a annoncé une augmentation extraordinaire des dépenses de défense de 380 millions d’euros pour l’exercice budgétaire en cours[164]. Les États baltes ont également décidé d’accélérer leur propre acquisition d’armes, y compris le système d’artillerie de roquettes conjointes[165],[166]. L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont également demandé d’augmenter les déploiements militaires des troupes de l’OTAN et des États-Unis dans les pays baltes afin de dissuader le comportement agressif russe[167],[168].
- États-Unis : Le 2 avril 2021, le président Biden a eu sa première conversation téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky[169]. Le 13 avril, Biden a eu un appel téléphonique avec le président russe Poutine ; Biden « a souligné l’engagement indéfectible des États-Unis envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine » ; Biden a également exprimé l’inquiétude des États-Unis « sur le renforcement soudain de l’armée russe en Crimée occupée et aux frontières de l’Ukraine, et a appelé la Russie à désamorcer les tensions »[170],[171]. À la mi-avril 2021, le département américain du Trésor, ainsi que l’UE, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada.
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