Condamné en première instance à 18 ans de prison pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » en Centrafrique, l’ancien vice-président de la RD Congo et ex-chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba a vu vendredi 8 juin 2018 sa culpabilité annulée en appel devant la Cour pénale internationale.
« La chambre de première instance a eu tort de … ». Cette formulation plusieurs répétée pendant la lecture du verdict en appel, vendredi 8 juin 2018, dans l’affaire Jean-Pierre Bemba a dû forcément susciter des applaudissements au siège du Mouvement de libération du Congo (MLC). D’autant que ce parti espérait la libération de son leader avant la présidentielle – encore hypothétique – prévue le 23 décembre 2018.
Selon la majorité des juges de la chambre d’appel (trois sur cinq), les premiers juges ont commis des « erreurs » qui « ont sérieusement entaché » leurs conclusions. Des charges qui ont été formulées « de façon trop large », la « non prise en compte des mesures prises par Jean-Pierre Bemba », le fait qu’il n’y avait « aucune indication du nombre des crimes », listent notamment les magistrats.
Par conséquent, Christine Van den Wyngaert, juge présidente, a annoncé « l’annulation des conclusions de culpabilité de Jean-Pierre Bemba » et son acquittement pour les charges de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ».
La Chambre d’appel de la #CPI a décidé, à la majorité, d’acquitter Jean-Pierre Bemba Gombo des charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Communiqué de presse à venir
Jean-Pierre Bemba ne sera cependant pas remis en liberté immédiatement, a précisé la juge Christine Van den Wyngaert, car il est poursuivi dans l’affaire portant sur la subornation de témoins. Il « demeurera en détention eu égard à une autre affaire dans laquelle il a été déclaré coupable d’atteintes à l’administration de la justice, dans l’attente d’une décision de la Chambre de première instance VII », a précisé la Chambre d’appel de la CPI.
La Chambre d’appel estime cependant « qu’il n’y a pas lieu de le maintenir en détention » et exhorte les juges de première instance à « examiner d’urgence » la mise en liberté.
« Le vrai jeu politique va commencer »
Contacté par Jeune Afrique, le député MLC Fidèle Babala, son bras droit, estime que « c’est un heureux aboutissement pour l’homme, sa famille biologique et politique, mais aussi pour le pays ». Il espère que Jean-Pierre Bemba – « qui reste en prison pour des raisons administratives », selon lui – « retrouvera le plus tôt possible sa liberté.
« Le vrai jeu politique va commencer avec ce grand leader de la scène politique congolaise en liberté », a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation pour le Congo (UNC), sur Twitter, dans les minutes qui ont suivi le prononcé de l’acquittement. Il ajoute qu’il ne faut « jamais enterré quelqu’un avant la décision de Dieu ».
Jamais enterré quelqu’un avant la décision de Dieu. Rendons grâce à Dieu pour l’acquittement de mon frère JP Bemba. Le vrai jeu politique va commencer avec ce grand leader de la scène politique congolaise en liberté. Ma derrière parole à jpb : foi en Dieu
« Aujourd’hui est un grand jour pour les Congolais ! », a pour sa part réagit l’opposant Moïse Katumbi, qui adresse sur le réseau social ses « félicitations » à Jean-Pierre Bemba. « Son acquittement montre que la vérité finit toujours par triompher. A ceux qui utilisent encore des faux procès, cette décision marque le début d’une nouvelle ère de justice pour la RDC ».
Félicitations à mon compatriote JP Bemba. Son acquittement montre que la vérité finit tjrs par triompher. A ceux qui utilisent encore des faux procès, cette decision marque le début d’une nouvelle ère de justice pour la #RDC.
Aujourd’hui est un grand jour pour les Congolais !
Reconnu coupable le 21 mars 2018, en tant qu’autorité hiérarchique, de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité », Jean-Pierre Bemba avait été condamné à 18 ans de prison le 21 juin de la même année.
Qualifié de « figure de proue » du Mouvement de libération du Congo (MLC), alors groupe armé, par la CPI, « Jean-Pierre Bemba n’a pas exercé un contrôle nécessaire » pour empêcher les quelque 1 500 hommes composant les trois bataillons du MLC déployés en Centrafrique pour soutenir Ange-Félix Patassé, alors président de la République, à commettre des attaques contre les civils, avait expliqué Mme Sylvia Steiner, juge principale de la chambre de première instance III de la CPI, lors de l’audience publique à La Haye.
Freddy Matungulu : « Bon retour au pays »
Dans un message adressé vendredi 8 juin 2018 à la secrétaire générale du Mouvement de libération (MLC), la députée nationale Eve Bazaiba, le professeur Freddy Matungulu Ilankir président du parti politique Congo Naq Biso n(CNB), salue l’acquittement du sénateur Jean-Pierre Bemba par la CPI en lui souhaitant « un bon retour au pays ».
« Honorable Eva Bazaiba, Congo Na Biso et moi-même nous joignons au MLC pour célébrer l’acquittement du Vice-président JP Bemba. Nous lui souhaitons un bon retour au pays et une reprise fructueuse de sa vie citoyenne et politique », écrit-il dans son message dont une copie est parvenue à congoreformes.com.