L’avocate gambienne, qui a rendu mercredi 16 juin 2021, le tablier de Procureure de la Cour pénale internationale, revient sur ses réalisations et ses échecs après neuf ans passés à la tête du tribunal à La Haye (Pays-Bas).
Dans une interview avec la BBC réalisée à l’occasion de son départ, Fatoumata Bensouda explique que les critiques selon lesquelles la Cour pénale internationale (CPI) ne s’intéresse qu’aux Africains faisaient partie d’une campagne de « propagande » menée par ceux qui voulaient discréditer la Cour.
Après neuf années passées à la tête du tribunal à La Haye, l’avocate gambienne qui a quitté ses fonctions mercredi 16 juin 2021, est la deuxième personne à occuper ce poste.
Durant le magistère de la procureure sortante, toutes les 30 affaires traitées par la CPI ne concernaient que des Africains.
« Le travail de la CPI ne consiste pas à cibler un continent en particulier. Elle suit les preuves », explique-t-elle à Focus on Africa.
L’avocate gambienne s’est empressée de souligner que son bureau enquêtait également sur des situations dans plusieurs autres régions du monde.
Elle cite à cet effet la Géorgie, l’Afghanistan, les territoires palestiniens, la Colombie, le Myanmar, le Bangladesh, le Venezuela et les Philippines.
Entre réalisations et échecs
Fatoumata Bensouda s’est tout de même réjouie de ses réalisations à la tête du tribunal international.
Elle rappelle que les affaires qu’elle a poursuivies ont créé un précédent dans le droit international lorsqu’il s’agit de traiter les violences sexuelles.
Par exemple, en 2019, le seigneur de guerre congolais Bosco Ntaganda a été la première personne à être reconnue coupable par la CPI pour le crime d’esclavage sexuel.
Elle reconnait cependant qu’il y a eu aussi des échecs, notamment dans les acquittements de l’ex-vice-président de la République démocratique du Congo Jean-Pierre Bemba et de Laurent Gbagbo, l’ancien président de la Côte d’Ivoire.
« Il s’agit d’une cour de justice et, dans toute cour, il y a des acquittements et des condamnations », soutient Mme Bensouda.
L’échec des affaires relatives aux violences postélectorales de 2007 au Kenya lui restent également au travers de la gorge.
« Bien sûr, en tant que bureau du procureur, nous obtenons les meilleures preuves et les présentons aux juges… il s’agit toutefois d’un travail où nous avons été confrontés à de nombreux défis », dit-elle.
Avant de poursuvire : « mais quoi qu’il en soit, nous avons fait ce que nous étions censés faire en tant que procureure dans toutes les affaires, y compris celles dans lesquelles nous n’avons pas pu obtenir de condamnation. »
L’avocat britannique Karim Khan devra prendre le relais de Fatoumata Bensouda mercredi 16 juin 2021.
Avec BBC.CD