Les ministres de la Santé de la Cedeao ajustent leurs actions et leurs recommandations aux pays ouest-africains pour lutter contre la pandémie et préparer le déconfinement le plus efficace possible.
Afin de coordonner et de renforcer les efforts entrepris en Afrique de l’Ouest pour la lutte contre la maladie à coronavirus, une réunion de coordination des ministres de la Santé de la Cedeao s’est tenue le 2 juin 2020, sous la présidence de Osagie Ehanire, ministre au Nigeria. À l’issue des présentations des experts et d’une réunion par vidéoconférence, les ministres ont convenu de plusieurs décisions ou orientations communes.
Les ministres ont mené des réflexions sur la nécessité de sensibiliser progressivement les populations à accepter de vivre avec le virus dans les pays où la pandémie a diminué ou s’est stabilisée, car les mesures de restrictions physiques « ne peuvent être appliquées indéfiniment ».
Ils entendent prendre des mesures pour atténuer l’impact socio-économique de la pandémie sur les populations. Ils veulent mobiliser davantage de ressources pour renforcer les capacités nationales et régionales de réponse et renforcer les capacités de recherche (traçage) des contacts, d’isolement et de prise en charge. Il faut accroître l’effectif du personnel de santé.
Pour cela, les ministres veulent faire appel aux agents de santé communautaires. Ainsi qu’aux professionnels des disciplines alliées à la santé et aux étudiants des facultés de médecine et autres écoles de formation des agents de santé. Il s’agit de trouver les compétences en matière de santé publique, notamment en ce qui concerne la recherche des contacts et l’atténuation de la situation actuelle de pénurie en personnel.
Les États veulent davantage décentraliser le dépistage, la surveillance et la prise en charge des cas à travers la dévolution de ces compétences aux districts accompagnée du déploiement de professionnels et de volontaires pour appuyer les efforts locaux.
Afin de se préparer, les pays devront élaborer une stratégie de surveillance et de prise en charge transfrontalières. Pourquoi pas, dès lors, désigner des postes frontières dotés d’installations de surveillance renforcées, de personnel formé et de plateformes solides de partage des données, notamment des cartes à puce ? La réflexion devra être approfondie.
La Cedeao entend donner la priorité à « une approche inclusive », contextualisée et ciblée de communication sur les risques, qui favorise l’adhésion aux mesures de santé publique en même temps qu’elle tient compte de la situation socio-économique des populations.
L’Afrique n’oublie pas qu’il faut renforcer la surveillance et la prise en charge des maladies autres que la Covid-19. Des mesures telles que l’engagement des communautés à travers l’implication des chefs traditionnels et religieux en vue de créer la demande, garantir l’offre et promouvoir la reddition des comptes doivent être envisagées.
Mieux évaluer les traitements
Chacune des mesures prises doit l’être sur la base de données, notamment dans le cadre de l’assouplissement des mesures de confinement. Les ministres ont convenu que cet assouplissement, qui a déjà commencé dans certains pays membres, doit être fondé sur des données, adapté au contexte local et mis en œuvre de façon progressive. Son effet sur la pandémie doit être évalué après une période d’environ deux semaines, et les mesures de confinement appliquées de nouveau en cas de résurgence de cas.
Sur le plan médical, face aux informations contradictoires qui circulent concernant la chloroquine et l’hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid-19, les ministres ont demandé aux pays qui continuent à utiliser la chloroquine à titre compassionnel de documenter soigneusement la réaction des patients ainsi que tout effet secondaire.
Dans la même logique, ils encouragent l’évaluation des avantages potentiels des médicaments traditionnels qui sont en essais cliniques, notamment Covid-organics, comme cela se fait pratique dans certains pays.
Plus généralement, les ministres ont mené des réflexions sur la nécessité de sensibiliser progressivement les populations à accepter de vivre avec le virus dans les pays où la pandémie a diminué ou s’est stabilisée, compte tenu du fait que les mesures de restrictions physiques « ne peuvent être appliquées indéfiniment ».
Concernant la circulation des hommes et des biens, les ministres ont demandé à l’OOAS de travailler en collaboration avec les départements et autorités concernées, en vue de l’élaboration de directives et protocoles sanitaires relatifs aux mouvements transfrontaliers par voies terrestres.
Les ministres ont aussi exprimé « leur profonde gratitude » aux bailleurs et aux partenaires qui ont contribué de manière significative au financement du plan régional budgétisé de réponse, notamment la Banque africaine de développement, le gouvernement allemand (BMZ, KFW), l’Union européenne et la France.
Les ministres se sont engagés à appuyer le président du Comité ministériel en charge de la santé et à travailler ensemble, en échangeant leurs données et leurs expériences, en vue de mettre fin à la pandémie de Covid-19.
Enfin, les ministres ont exprimé leur « profonde gratitude » à Muhammadu Buhari, président du Nigeria, « pour son leadership et son engagement dans la réponse régionale à la pandémie ».
Ils ont exprimé leur gratitude au Bureau régional Afrique de l’OMS, au CDC Afrique, ainsi qu’à la Fondation Jack Ma pour leur appui technique et pour la fourniture de matériels médicaux nécessaires, y compris les kits de diagnostic.
Les ministres ont aussi exprimé « leur profonde gratitude » aux bailleurs et aux partenaires qui ont contribué de manière significative au financement du plan régional budgétisé de réponse, notamment la Banque africaine de développement, le gouvernement allemand (BMZ, KFW), l’Union européenne et la France.