Dada, âgée de 15 ans, et sa fille, Hussaina, âgée de 2 ans, chez elles, dans un refuge communautaire d’accueil à Maiduguri, dans l’Etat de Borno, au Nigéria, le 1er mars 2017. Dada avait 12 ans lorsque Boko Haram l’a capturée avec sa sœur aînée.
Alors que le 20e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies devrait marquer une étape importante pour le programme « Femmes, paix et sécurité », la pandémie de Covid-19 a mis en péril les progrès réalisés jusqu’à présent, notamment pour les survivants et les personnes exposées à la violence sexuelle liée au conflit dans des endroits où les combats sont nombreux et où la gouvernance est faible, ont alerté les Nations Unies (ONU) et l’Union européenne (UE) dans un message conjoint a l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit.
« Depuis que la pandémie de Covid-19 fait rage dans des régions du monde touchées par des conflits armés, les obstacles que doivent affronter les rescapés de violence sexuelle se sont démultipliés. Il peut être difficile de signaler les crimes ; les foyers d’hébergement et les cliniques peuvent être fermés », a expliqué dans un message le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Selon l’ONU et l’UE la pandémie crée un environnement susceptible d’aggraver la violence à l’égard des femmes et des enfants, y compris la violence sexuelle et la violence exercée par un partenaire intime.
« Nous devons prévenir ces crimes et y mettre fin, inscrire les rescapés au cœur de notre action, tenir les auteurs responsables de leurs actes et étendre notre soutien à toutes les personnes touchées », a ajouté le chef de l’ONU.
Des femmes soldats de la paix tanzaniennes dialoguent avec des femmes à Beni, en RDC.
Les voix des survivants risquent d’être réduites au silence et oubliées
Les victimes de la violence sexuelle liée aux conflits sont parmi celles qui portent le poids de la pandémie et leurs voix risquent d’être réduites au silence et oubliées, ont souligné l’ONU et l’UE.
« Les restrictions actuelles à la circulation des personnes empêchent les survivants d’accéder aux services essentiels, notamment à la sécurité, à la protection et aux services de santé sexuelle et reproductive, et les empêchent de demander justice », ont expliqué les deux organisations.
L’ONU et l’UE précisent que la pandémie a un impact négatif sur la réponse de l’État de droit et empêche, par exemple, les responsables de l’application des lois d’enquêter sur les incidents de violence sexuelle et les autorités judiciaires d’entendre les affaires.
Aussi, les quarantaines et autres restrictions de mouvement perturbent le travail des entités des Nations Unies dans la collecte d’informations, la vérification des violations et le renforcement du respect des obligations internationales par les parties étatiques et non étatiques, y compris l’interdiction des violences sexuelles liées aux conflits.
« Nous sommes déterminés à renforcer encore leur travail pour atténuer l’impact de la pandémie sur la vie des survivants de la violence sexuelle liée aux conflits, notamment en termes de soutien pour les aider à reconstruire leur vie et leurs moyens de subsistance », ont affirmé l’ONU et l’UE, appelant à un « changement des attitudes sociales à tous les niveaux ».
Agir en tenant compte de l’expérience et des décisions des survivants
Pour parvenir à ces changements, les organisations invitent à veiller à ce que la voix des survivants et des personnes à risque soient entendues, tout en assurant la participation des femmes aux processus de prise de décision et de consolidation de la paix.
Aussi la réponse à la pandémie et le redressement doivent être fondés sur le plein respect des droits de l’homme pour tous, qui accorde une attention particulière aux besoins et aux préoccupations des victimes.
Selon l’ONU et l’UE, la société civile, les organisations internationales et régionales, les défenseurs des droits de l’homme, les artisans de la paix et les chefs traditionnels et religieux, les médias et le secteur privé, ont tous un rôle à jouer dans la remise en cause des normes sexospécifiques néfastes qui perpétuent la violence sexuelle. Tandis que « plus que jamais, les gouvernements doivent être transparents, réactifs et responsables ».
Les deux entités ont renouvelé leur engagement à travailler ensemble pour prévenir la violence sexuelle liée aux conflits, à protéger les victimes, à mettre fin à l’impunité des auteurs et à garantir l’accès à la justice, aux réparations et à l’indemnisation des survivants.
« En cette Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, nous témoignons notre solidarité aux rescapés. Nous nous engageons à les écouter et à agir en tenant compte de leurs expériences et de leurs décisions », a renforcé M. Guterres.
Par CR/Canu