Dix jours après le début de sa campagne de vaccination COVID, la RDC n’a réussi à vacciner que 2 734 personnes début mai 2021, selon des sources officielles. Cela a incité le pays à donner la plupart des 1,7 million de doses reçues dans le cadre de l’initiative COVAX, de peur qu’elles ne soient périmées. Que se passe-t-il ?
La République Démocratique du Congo va en partenariat avec l’agence des Nations Unies pour l’enfance, Unicef, redistribuer à d’autres pays plus d’un million de doses de vaccins Astra Zeneca qu’elle a reçus dans le cadre du programme Covax et qui expirent en juin prochain.
Selon le responsable de la communication de l’Unicef, Jean-Jacques Simon, c’est à la demande du ministère de la Santé congolais que l’Unicef va effectuer cette rétribution à quelques pays africains entre autres le Sénégal, le Ghana ainsi que l’Angola pour s’assurer qu’elles sont utilisées avant la date d’expiration.
Mais quelles sont les raisons de cette redistribution ?
A ne pas manquer sur BBC Afrique :
- Santé et sexualité : 24 choses sur le vagin que toute femme doit savoir
- Comment notre compréhension actuelle de l’univers est en réalité « un aveu de notre ignorance »
- La cuisinière qui ne mangera plus jamais
Le lancement retardé du programme de vaccination
Le 2 mars 2021, la République Démocratique du Congo avait reçu un premier lot 1,7 million de doses du vaccin Astra Zeneca par l’intermédiaire de COVAX, un partenariat entre la Coalition pour les Innovations en matière de Préparation aux Épidémies (CEPI), Gavi, l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Prévue pour le 15 mars, les autorités sanitaires du pays avaient décidé de suspendre le lancement de la campagne de vaccination afin d’attendre les conclusions des études sur le vaccin Astra Zeneca qui, selon certains pays, provoquait des troubles de la coagulation sanguine chez des personnes sur lesquelles il a été administré.
Pour le ministre congolais de la santé, le docteur Eteni Longondo, aucun lien n’avait été formellement prouvé et que les experts sanitaires de la RDC avait pris la décision de reporter le début de la campagne de vaccination « par mesure de précaution ».
Après avoir recueilli les informations sur les effets secondaires de ce vaccin dans plusieurs pays, notamment en Europe, les autorités congolaises avaient décidé de retarder le lancement de la campagne qui a finalement démarré très timidement le 19 avril dernier à Kinshasa.
La République démocratique du Congo n’a depuis lors administré des doses du vaccin Astra Zeneca qu’à 2 734 personnes, selon des données de l’OMS, particulièrement dans la ville de Kinshasa.
La réticence de la population
Depuis l’annonce du premier cas Covid-19 en RDC en avril 2020, les autorités congolaises font face à la méfiance des populations. Si pour certains, c’est la peur d’être pris pour des cobayes qui les envahissent, pour d’autres, cette maladie n’existe tout simplement pas.
Lire aussi :
- Covid en Afrique: cinq questions aux chercheurs du continent
- Le vaccin covid aussi efficace dans le « monde réel » que lors des essais
Pour Jean-Jacques Simon, responsable de la communication de l’Unicef, la réticence de la population au vaccin Astra Zeneca est sans doute l’une des raisons du faible nombre de personnes vaccinées depuis le début de la campagne.
«Certainement il y avait une réticence de la population au vaccin Astra Zeneca comme c’était le cas dans d’autres pays africains, à cause des reportages diffusés par les médias qui émettaient des doutes sur le vaccin créant des caillots sanguins chez les personnes vaccinées. Les risques sont extrêmement limités, et le vaccin Astra Zeneca est très sûr » a-t-il conclut.
Des problèmes de logistiques
Certaines autorités sanitaires ne disposent pas d’assez de personnels et de formation suffisante pour distribuer des vaccins et manquent d’équipements.
Lire aussi :
- Covid 19 : comment s’effectue la prise en charge des malades à domicile
- Coronavirus : « nous perdons souvent des patients à cause du manque d’électricité »
Bien plus, les problèmes des logistiques sont aussi à la base de cette redistribution très lente. Il s’agit entre autres de la gestion de la chaine du froid ainsi que du nombre insuffisant des vaccinateurs afin d’atteindre rapidement les zones concernées par la vaccination.
Le responsable de la communication de l’Unicef pense qu’il faut renforcer les capacités de ces derniers afin de les rendre plus efficaces sur terrain. Et demander à Covax d’envoyer un vaccin avec une plus longue date de péremption pour atteindre un plus grand nombre de Congolais.
Avec BBC