La Représentante spéciale du Secrétaire général a affirmé, le 7 juillet 2021 matin, devant le Conseil de sécurité que la transition de la Mission pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dépend en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans l’est du pays, et que sur ce point, il « reste encore beaucoup à faire » avant que la Mission puisse se retirer de manière responsable, sa transition dépendant en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans ces régions.
Intervenant par visioconférence depuis Kinshasa, Mme Bintou Keïta a appelé à intensifier l’engagement politique dans la recherche de solutions non militaires aux conflits dans l’est de la RDC, mais aussi à parvenir à un accord avec le Gouvernement sur un ensemble de repères de transition qui lie clairement le programme d’action du Gouvernement, adopté par l’Assemblée nationale le 26 avril, à l’ajustement de la présence de la MONUSCO.
« Ce qui relie clairement le travail à accomplir pour la stabilisation politique et sécuritaire de la RDC, et le départ ultime de la MONUSCO, c’est le plan d’action du Gouvernement », a-t-elle déclaré, avant d’expliquer que celui-ci comprend des éléments concernant la protection des civils et la neutralisation des groupes armés, un nouveau programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRCS), et l’engagement d’organiser des élections nationales et locales en 2023.
Mme Keïta a indiqué qu’un groupe de travail conjoint entre le Gouvernement, la MONUSCO et les agences concernées a été lancé le 5 juillet dans le but d’appuyer la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement et dont la première tâche sera de produire le plan de transition qui, a-t-elle précisé, sera soumis au Conseil de sécurité en septembre.
La Chef de la MONUSCO a également relevé qu’outre la mobilisation des ressources, la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement dépendra largement de la stabilité de l’Union sacrée de la nation, la nouvelle coalition politique mise en place en avril. À cet égard, elle a estimé important que les manœuvres politiques liées aux préparatifs et à la gestion du processus électoral de 2023 ne détournent pas l’attention de la mise en œuvre des réformes indispensables. Dans ce contexte, elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que les élections de 2023 se tiennent dans les délais constitutionnels, prévenant par ailleurs des conséquences potentiellement dangereuses d’un débat clivant sur la nationalité.
Lors de cette séance, les membres du Conseil, qui étaient saisis du rapport du Secrétaire général (S/2021/587) couvrant la période 19 mars au 18 juin 2021, ont été nombreux à abonder dans ce sens, marquant notamment leur préoccupation face à la situation dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, sous état de siège depuis le 6 mai dernier.
L’état de siège mis en place dans ces provinces doit rester transparent, limité dans le temps et respectueux des droits humains et du droit international, a martelé le Royaume-Uni, tandis que les États-Unis ont appelé à s’attaquer aux causes profondes de la violence, notamment en luttant contre l’exploitation illégale des minerais et le trafic d’armes.
Pour relever tous les défis dans l’est du pays, les États-Unis ont aussi appelé à mettre pleinement en œuvre les engagements pris au titre du l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération afin, notamment, de renforcer la sécurité, mettre fin à l’impunité pour les violations des droits humains et les abus, et soutenir la stabilité. Même son de cloche du côté de la Fédération de Russie qui a jugé « déconcertante » « l’incapacité » des autorités congolaises à résoudre le problème de l’exploitation illicite des ressources naturelles.
Sur ce point, la Chine a suggéré de renforcer la coopération régionale pour enrayer l’exploitation illicite des ressources minières ainsi que le trafic d’armes légères et de petit calibre. Une approche défendue également par le Kenya qui, au nom des A3+1, a appelé à renforcer la présence de l’État dans les zones riches en minéraux et sa capacité à gérer l’ensemble du continuum d’extraction des ressources naturelles. Il est indispensable de s’assurer que les recettes de l’exploitation minière profitent au peuple congolais, au développement national et à la consolidation de la paix, a insisté la délégation.
De son côté, l’Inde a estimé que la « diplomatie régionale proactive » du Gouvernement permettra de répondre aux problèmes dans l’est du pays, tandis que l’Irlande s’est félicitée des efforts déployés par le Président Tshisekedi en sa capacité de Président de l’Union africaine pour approfondir l’engagement de l’Union africaine dans la région.
Face à l’évolution de l’emploi de bombes artisanales à Beni et l’augmentation des attaques des groupes armés, la France a jugé impératif de recentrer la MONUSCO sur les provinces de l’est. « Les moyens de protection des civils doivent être entièrement mobilisés par la Mission, conjointement avec les Forces armées de la RDC », a insisté la délégation pour qui la stabilisation de l’est du pays doit rester une priorité pour le nouveau Gouvernement. « Cela passe par la mise en œuvre de la stratégie de désarmement-démobilisation-réinsertion qui doit prévenir un nouveau cycle de violences », a-t-elle dit avant d’appeler à poursuivre la réforme de la police et de l’armée.
À ce sujet, la République démocratique du Congo (RDC) a indiqué que la mise en place du régime d’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a permis des avancées significatives dans le cadre de la lutte contre les groupes armés réfractaires et la pacification de l’est de la RDC. La proclamation de l’état de siège et les résultats obtenus à ce jour constituent une opportunité que « nous devons capitaliser » afin d’éradiquer toutes ces forces négatives et d’en finir une fois pour toutes avec le cercle vicieux de la violence imposé par « les groupes armées et leur mafia », a-t-elle affirmé.
Pour autant, certaines délégations, à l’instar notamment de la Norvège et de l’Irlande, se sont inquiétées des graves défis liés à la protection des civils et aux besoins humanitaires, exacerbés par l’éruption du mont Nyiragongo en mai dernier. La pandémie de COVID-19 est un autre défi auquel doit faire face la RDC et notamment les femmes, a par ailleurs souligné Mme Ritha Kibambe, Directrice adjointe du Laboratoire de biologie médicale de la Clinique Ngaliema de Kinshasa, qui a concentré son intervention sur les difficultés structurelles et conjoncturelles qui ont fait de la gestion quotidienne de la crise de la COVID-19 une « épreuve titanesque ».
LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (S/2021/587)
Déclarations
Mme BINTOU KEÏTA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC) et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que ce qui relie clairement le travail à accomplir pour la stabilisation politique et sécuritaire de la RDC, et le départ ultime de la MONUSCO, c’est le plan d’action du Gouvernement. Celui-ci comprend des éléments concernant la protection des civils et la neutralisation des groupes armés, un nouveau programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRCS), et l’engagement d’organiser des élections nationales et locales en 2023, a-t-elle détaillé.
Ce plan d’action, adopté par l’Assemblée nationale le 26 avril, a également marqué l’investiture du nouveau Gouvernement du Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Elle a aussi constaté avec « satisfaction » que le nouveau Gouvernement compte 15 femmes à des postes ministériels, soit une augmentation de presque 30% par rapport au dernier Gouvernement. La nomination de la première femme au poste de gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC) est une autre manifestation de cette tendance encourageante, a-t-elle souligné.
Mme Keïta a indiqué avoir travaillé avec le Premier Ministre pour mettre en place un groupe de travail conjoint entre le Gouvernement, la MONUSCO et les agences concernées, qui appuiera la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement et supervisera le processus de transition de la Mission. Son lancement s’est tenu le 5 juillet, et sa première tâche est de produire le plan de transition qui sera soumis à ce Conseil en septembre, a-t-elle précisé.
Pour la Représentante spéciale, la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement dépendra largement de la mobilisation des ressources nécessaires, mais également de la stabilité de la nouvelle coalition politique mise en place en avril, l’Union sacrée de la nation. À cet égard, elle a estimé important que les manœuvres politiques liées aux préparatifs et à la gestion du processus électoral de 2023 ne détournent pas l’attention de la mise en œuvre des réformes indispensables.
Dans ce contexte, elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que les élections de 2023 se tiennent dans les délais constitutionnels et encouragé les responsables des institutions, formations politiques et responsables de la société civile concernés à travailler ensemble pour rassurer le pays sur l’organisation crédible et indépendante du processus électoral de 2023. Dans la même veine, elle a souligné la nécessité d’organiser des élections inclusives et apaisées, en prenant garde aux conséquences potentiellement dangereuses d’un débat clivant sur la nationalité. « Ceci, ainsi que l’encouragement à la pleine mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement, est l’objet actuel de mes bons offices », a-t-elle indiqué.
Sur un autre registre, la Représentante spéciale a alerté que la situation sécuritaire dans les provinces de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu reste très préoccupante. De plus, l’éruption du mont Nyiragongo le 22 mai -qui a entraîné un important mouvement de population- a encore exacerbé les vulnérabilités existantes dans les zones entourant Goma. Notant que la transition de la Mission dépend en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans ces régions, elle a estimé qu’il « reste encore beaucoup à faire avant que la MONUSCO puisse se retirer de manière responsable ».
La Mission continue de mettre en œuvre une stratégie holistique pour faire face aux défis sécuritaires dans l’est, ce qui inclut le maintien d’un dispositif robuste pour contrer les menaces contre la population civile. À cet égard, elle a fait part de sa satisfaction que la reconfiguration et le renforcement de la brigade d’intervention de la force sont en bonne voie avec le déploiement de la force de réaction rapide tanzanienne en mai et l’arrivée des trois autres forces de réaction rapide dans un avenir proche. De même, la capacité de la MONUSCO à recueillir des informations tactiques pertinentes a été renforcée. En outre, la force soutient la formation de 1 700 soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la province de l’Ituri, ce qui, a-t-elle espéré, contribuera à renforcer la protection des civils dans la région.
Toutefois, a-t-elle nuancé, les moyens militaires ne peuvent à eux seuls apporter des solutions durables. Sans le rétablissement de l’autorité de l’État, un plan de réforme du secteur de la sécurité significatif et la réconciliation des communautés locales, il est peu probable que nous assistions à des progrès durables. Il faut, a-t-elle insisté, mettre l’accent sur les nombreux besoins sociaux, économiques et de gouvernance, notamment en lien avec la gestion de l’appareil sécuritaire; répondre aux défis liés à la réforme foncière; et améliorer la gouvernance dans le secteur minier.
Mme Keïta a ensuite annoncé que le cadre juridique du PDDRCS a été promulgué par le Président le 5 juillet et que la MONUSCO a élaboré un projet de stratégie pour soutenir son opérationnalisation, en mettant particulièrement l’accent sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants nationaux et étrangers actifs en Ituri, dans les Kivu et au Tanganyika.
La MONUSCO a également accéléré son engagement politique dans les zones de conflit, ce qui inclut ma récente intervention dans le contexte de la violence intercommunautaire en cours dans les hauts plateaux du Sud-Kivu, a-t-elle poursuivi. Dans cette province, la Mission aide le Gouvernement à faire avancer un processus politique plus large en faveur de la stabilisation, qui comprendra des réunions entre les gouverneurs du Sud-Kivu et ceux des régions voisines du Rwanda et du Burundi, ainsi que des forums réunissant des représentants des femmes, des jeunes et du secteur privé.
Elle a indiqué que les relations entre la RDC et l’Ouganda et la RDC et le Rwanda, en particulier, ont pris un tournant, comme l’ont démontré les récentes rencontres entre le Président Tshisekedi et le Président Museveni, puis avec le Président Kagame. Elle a espéré que cela pourra servir de tremplin à une stabilisation politique plus large dans la région des Grands Lacs.
Poursuivant, Mme Keïta a fait savoir que l’état de siège déclaré au Nord-Kivu et en Ituri le 6 mai demeure en vigueur, et insisté sur la nécessité de respecter strictement les droits de l’homme et le droit international humanitaire dans ce contexte. Par ailleurs, en ligne avec la stratégie conjointe pour le retrait progressif de la MONUSCO, la Mission a cessé ses activités dans la région des Kasaï le 30 juin.
En résumé, la Représentante spéciale a énuméré les tâches immédiates et principales qui incombent à la Mission, à savoir notamment: soutenir activement la mise en œuvre du programme d’action du Gouvernement; encourager la mise en place des conditions permettant aux élections de 2023 de se tenir à temps et de manière consensuelle; intensifier l’engagement politique dans la recherche de solutions non militaires aux conflits dans l’est de la RDC tout en augmentant la pression sur les groupes armés par une posture plus active de la Force. Il s’agit également, a-t-elle ajouté, de parvenir à un accord avec le Gouvernement sur un ensemble de repères de transition qui lie clairement le programme d’action du Gouvernement à l’ajustement de la présence de la Mission.
Mme RITHA KIBAMBE, Directrice adjointe du Laboratoire de biologie médicale de la Clinique Ngaliema de Kinshasa, a mis l’accent sur les défis auxquels les femmes ont fait face et continuent à faire face durant la pandémie de COVID-19 en RDC, attirant l’attention sur les difficultés structurelles et conjoncturelles qui ont fait de la gestion quotidienne de la crise de la COVID-19, une « épreuve titanesque ». Elle a cité l’histoire de Godelive et Thérèse, chargées de la « Prévention Contrôle des Infections » dans l’un des plus grands centres COVID de la ville-province de Kinshasa, qui ont dispensé des formations à plus de 300 agents hospitaliers pour limiter les contaminations au niveau des unités de soins.
Elle a expliqué que la RDC manquait d’outils de protection individuelle du personnel. « Nous avons de sérieux problèmes de communication dans nos communautés et les gens ne croient pas à la maladie, moins encore au vaccin », s’est-elle inquiétée. Par ailleurs, elle a mis l’accent sur les grands défis logistiques liés à la prise en charge dont la disponibilité de l’oxygène, d’ambulances, de médicaments, de moniteurs cardiaques. Malgré un appui de la Banque mondiale pour mettre de l’oxygène à disposition des hôpitaux, Mme Kibamba a souligné les difficultés d’acheminement de cet oxygène en raison de la pénurie de bonbonnes vides et de véhicules de transport. La nécessité d’une production intra-hospitalière d’oxygène s’impose.
Mettant l’accent sur l’impact particulièrement négatif de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation et sur les familles, elle a expliqué que les confinements ont perturbé le calendrier scolaire. « Ni les parents d’élèves, ni leurs professeurs n’étaient préparés pour un enseignement à distance », a-t-elle expliqué avant d’appeler à des solutions urgentes pour l’amélioration de la qualité de l’éducation dont un accompagnement numérique de l’enseignement, ainsi qu’un apprentissage obligatoire de l’utilisation des outils des technologies de l’information dès l’école primaire.
Mme Kibambe a également exhorté le Conseil de sécurité à apporter un appui réel, efficace et durable à la gestion de cette pandémie en RDC en mettant l’accent sur la femme « qui est au centre de la vie de la famille en Afrique ». Elle a aussi insisté sur la nécessité de renforcer le système sanitaire de la RDC afin de permettre aux communautés d’accéder à des soins de qualité, et aux professionnels de santé d’exercer en toute sécurité.
« En innovant pour un système sanitaire national solide et moderne qui fait de la place au secteur public mais aussi au privé, nous pourrons assurer la couverture universelle des maladies et l’organisation des ripostes aux défis de santé », a-t-elle encore dit. Elle a aussi appelé à financer la recherche en médecine et la production locale des intrants de santé ainsi que des médicaments. Il faut aussi renforcer le système de communication et la sensibilisation au sein de nos communautés et créer des structures d’accompagnement de l’éducation, a-t-elle ajouté.
M. DAI BING (Chine) a estimé que la situation politique actuelle en RDC est positive, se félicitant de la formation du nouveau Gouvernement et de l’adoption de son plan d’action triennal. Ceci démontre, selon lui, la détermination du Président Tshisekedi et du Gouvernement de maintenir la paix et la sécurité au niveau national, et de promouvoir les réformes. La Chine espère donc travailler de concert avec la RDC pour atteindre ces objectifs.
Le délégué a toutefois fait part de sa préoccupation face à la situation sécuritaire dans l’est de la RDC qui reste inquiétante. Il a dit espérer que le Gouvernement s’efforcera de promouvoir le désarmement, la démobilisation et la réintégration communautaire. Au niveau régional, il a exhorté à renforcer la coopération pour faire face à l’exploitation illicite des ressources minières et enrayer le trafic d’armes légères et de petit calibre. Il a constaté, en outre, que la situation humanitaire demeure grave, citant notamment la pandémie de COVID-19, la résurgence des cas d’Ebola et de la récente éruption volcanique. Se félicitant de la création d’un programme de crédit pertinent par plusieurs institutions financières mondiales, il a exhorté les autres partenaires internationaux à intensifier leur soutien. À la lumière du retrait progressif de la MONUSCO, il a également appelé les agences des Nations Unies et d’autres partenaires à accroître leur contribution aux efforts de consolidation de la paix, tout en promettant le soutien continu de la Chine.
Au nom du Groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. MARTIN KIMANI (Kenya) a pris note de la déclaration de l’état d’urgence dans les provinces orientales touchées par le conflit. Il a exhorté les Nations Unies, ainsi que les partenaires financiers et techniques, à soutenir et renforcer les capacités des institutions nationales chargées de l’état de droit, la sécurité et le développement inclusif afin de créer des environnements propices à une paix durable. Il s’est félicité de la mise en place d’un programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRCS) par le Gouvernement, et a pris note de l’établissement d’un groupe de contact et de coordination mandaté en vue de l’éradication des forces hostiles dans la région des Grands Lacs. Compte tenu du retrait progressif de la MONUSCO des Kasaï et de la région du Tanganyika, il a jugé essentiel d’élaborer un transfert efficace des tâches importantes aux autorités locales, notamment les réseaux d’alerte précoce.
Par ailleurs, M. Kimani s’est déclaré gravement préoccupé par l’augmentation des incidents de violence, dont la violence sexuelle et sexiste dans l’est de la RDC. Il s’est dit alarmé par l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés (EEI) par des groupes armés tels que les ADF. Il s’est particulièrement inquiété des conséquences de l’exploitation illégale des ressources naturelles avant d’appeler à renforcer la présence de l’État dans les zones riches en minéraux et sa capacité à gérer l’ensemble du continuum d’extraction des ressources naturelles. Enfin, il a jugé indispensable de s’assurer que les recettes de l’exploitation minière profitent au peuple congolais, au développement national et à la consolidation de la paix. À ce titre, il a souligné le rôle important de la coopération régionale dans la mise en œuvre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Déclaration de Lusaka pour lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs.
M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a estimé que les développements politiques de ces derniers mois illustrent la ferme volonté des dirigeants de la RDC de faire avancer le programme de réformes malgré les difficultés. Le délégué a ainsi salué la formation d’une nouvelle coalition et l’installation d’un nouveau Gouvernement et dit espérer que la coalition au pouvoir et l’opposition continueront à travailler pour réduire les tensions politiques et relever les défis auxquels le pays est actuellement confronté.
Sur le plan sécuritaire, notamment dans l’est de la RDC, les activités des groupes armés, en particulier les Forces démocratiques alliées (ADF), sont une source de graves préoccupations. Dans ce contexte, il a pris note de la déclaration de l’état d’urgence mis en place par le Gouvernement de la RDC dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. « Nous espérons que l’administration militaire et les FARDC entreprendront des opérations pour neutraliser les groupes armés de manière efficace et répondre aux doléances de la population », a-t-il dit. Il a également estimé que la « diplomatie régionale proactive » du Gouvernement permettra de répondre aux problèmes dans l’est du pays, l’engageant par ailleurs à accélérer la mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation, entre autres.
Quant à la situation humanitaire qui s’est encore détériorée en raison de la pandémie et de l’éruption volcanique du mont Nyiragongo, le représentant a souligné que plus de 9 millions de personnes ont besoin d’aide, et espéré que le manque criant de financement du plan de réponse humanitaire sera comblé par l’aide généreuse de la communauté des donateurs.
Il a par ailleurs indiqué que pendant l’éruption volcanique, les Casques bleus indiens ont sécurisé les actifs de l’ONU à l’aéroport de Goma, joué un rôle clef dans l’activation d’un centre de contrôle de crise, et aidé à assurer la sécurité de la population locale pendant l’évacuation.
Mme ALICIA BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a salué les efforts visant à accroître la représentation des femmes lors de la formation du nouveau Gouvernement en RDC. Elle a regretté que la violence se poursuive dans les provinces orientales malgré la récente prolongation de l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri. Elle s’est dit alarmée par l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés, avant d’exhorter les autorités compétentes à renforcer les contrôles nationaux des matériaux utilisés pour fabriquer ces engins. Concernant la situation humanitaire, la représentante a dit apprécier le travail des autorités nationales, des acteurs humanitaires et du personnel de la MONUSCO, pour soutenir la population touchée par l’éruption du volcan Nyiragongo. Elle a jugé nécessaire de redoubler d’efforts pour faciliter l’accès universel, juste, équitable et abordable aux vaccins contre la COVID-19 pour l’ensemble de la population congolaise.
Concernant le processus de retrait de la MONUSCO, Mme Massieu a pris acte du retrait des forces des provinces du Kasaï et du Kasaï-Central le 30 juin. En ce qui concerne le processus de transition, elle a salué la formation du groupe de travail conjoint auquel participent diverses entités du Gouvernement de la RDC et des Nations Unies. « Ce travail de coordination est essentiel pour établir les paramètres de référence qui permettront de poursuivre la réduction de la présence de la MONUSCO, et le transfert des fonctions aux autorités nationales », a insisté la représentante. Elle a également jugé important d’assurer la continuité des tâches dans des domaines essentiels comme la prise en charge des enfants dans les conflits armés.
M. RICHARD M. MILLS, JR (États-Unis) a tout d’abord présenté ses condoléances à la famille et aux collègues de la caporale Kamanga, Casque bleue malawienne tuée le 10 mai alors qu’elle servait dans la MONUSCO. Il a ensuite salué la formation du nouveau Gouvernement de la RDC, notant que celui-ci a une occasion historique de réaliser des réformes cruciales pour le peuple congolais. Il s’est également félicité de la nomination d’un nombre record de femmes à des postes ministériels.
Le représentant s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et de l’augmentation du nombre de victimes parmi les civils suite aux attaques des ADF et d’autres groupes armés. Alors que l’état de siège extraordinaire dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu se poursuit, il est essentiel que les services de sécurité respectent les droits humains et garantissent l’accès humanitaire dans toutes les zones touchées par le conflit, a-t-il estimé. M. Mills a salué le nouveau programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation du Gouvernement et encouragé la poursuite des mesures visant à le rendre opérationnel en partenariat avec la MONUSCO. Le Gouvernement congolais doit également s’efforcer de continuer à faire progresser la réforme du secteur de la sécurité tenant compte de la dimension de genre.
Pour relever tous les défis dans l’est du pays, le représentant a appelé à mettre pleinement en œuvre les engagements pris au titre du l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération afin de renforcer la sécurité, mettre fin à l’impunité pour les violations des droits humains et les abus, et soutenir la stabilité. À cet égard, la délégation a réitéré l’importance de s’attaquer aux causes profondes de la violence, notamment en luttant contre l’exploitation illégale des minerais et le trafic d’armes légères.
Préoccupé par les informations faisant état de viols et d’autres formes de violence sexuelle liées au conflit, M. Mills a exhorté le Gouvernement de la RDC à promouvoir la participation significative des femmes dans le secteur de la sécurité. Il a ensuite salué les efforts conjoints de la MONUSCO et du Gouvernement de la RDC pour établir des points de repère afin de guider la planification de la transition et le transfert des tâches à l’équipe de pays de l’ONU, ainsi que l’éventuelle appropriation par le Gouvernement qui permettra de mettre fin au maintien de la paix.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué la mise en place d’un nouveau Gouvernement et les progrès accomplis vers une plus grande représentation des femmes dans la vie publique. Il a jugé important que la mise en œuvre des réformes en matière de justice et de protection des droits des femmes reste une priorité, tout comme les préparatifs des élections de 2023. « Nous restons préoccupés par le fait que malgré l’état de siège déclaré, la situation sécuritaire dans les provinces orientales de la RDC continue de se détériorer », a-t-il dit avant de condamner la récente attaque contre la MONUSCO qui a coûté la vie à une Casque bleue en charge de la protection des civils. Préoccupé par le fait que le nombre de violations graves commises contre les femmes et les enfants reste très élevé, il a encouragé le Gouvernement de la RDC à poursuivre ses engagements et ses efforts pour prévenir ces violations.
Alors que la récente éruption volcanique a provoqué des difficultés supplémentaires pour le peuple congolais et la situation humanitaire désastreuse, le représentant de l’Estonie a salué les efforts déployés par les autorités congolaises, la MONUSCO, les partenaires internationaux et les acteurs humanitaires en réponse à ces effets dévastateurs. Après avoir salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme conjoint d’appui à la réforme de la justice, M. Jürgenson a jugé essentiel de faire avancer la stratégie nationale sur la réforme du secteur de la sécurité ainsi que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Enfin, dans le contexte du retrait progressif de la MONUSCO, il a jugé important que le plan de transition comprenne des repères et des indicateurs objectifs et mesurables.
Mme MONA JUUL (Norvège) a tout d’abord présenté ses condoléances à la famille et au peuple d’Haïti à la suite de l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Elle a ensuite salué la formation du nouveau Gouvernement en RDC, notant que celui-ci compte « plus de femmes que jamais auparavant », ainsi que l’adoption du programme d’action du Gouvernement pour 2021-2023. Cela constitue, à ses yeux, une base solide pour l’avancement de la RDC.
Dans le même temps, elle a exhorté la RDC à assurer une participation significative de toutes les parties prenantes dans de la cadre de la réforme électorale devant mener à l’élection présidentielle de 2023. La Norvège s’attend à ce que les voix de chacun soient entendues, y compris la société civile, les femmes et les jeunes.
Mme Juul s’est ensuite préoccupée des graves défis liés à la protection des civils et aux besoins humanitaires dans l’est de la RDC, notant que ceux-ci ont été exacerbés par l’éruption du mont Nyiragongo en mai. Elle a également fait part de son inquiétude face à l’augmentation de la violence, en particulier dans la province de l’Ituri. Elle a condamné toutes les attaques et exigé que tous les acteurs respectent et se conforment aux obligations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. Ceci s’applique également aux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, qui sont toutes deux actuellement en état de siège.
Poursuivant, la représentante a reconnu les défis immenses auxquels sont confrontés le Gouvernement et la MONUSCO en matière de consolidation de la paix. Elle a insisté sur l’importance de la réforme du secteur sécuritaire et sur la création d’un cadre durable en matière de désarmement, démobilisation et réintégration. Elle a également souligné que des initiatives novatrices menées par les populations locales sont nécessaires pour parvenir à une situation plus stable en RDC. Et elles doivent être soutenues par ce Conseil, par l’ensemble des Membres des Nations Unies et par les pays et organisations de la région, a-t-elle préconisé.
M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a salué les mesures prises par le nouveau Gouvernement pour assurer la stabilité politique et mener à bien des réformes clefs en vue d’une paix et d’un développement durables. « Cela a été clairement démontré par l’approbation quasi unanime par le Parlement du Programme d’action du Gouvernement pour 2021-2023 », a estimé le représentant, avant de s’inquiéter de la détérioration de la situation sécuritaire au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri. M. Pham a condamné les attaques contre les civils, les soldats de la paix et le personnel humanitaire, avant de se préoccuper de l’impact de la pandémie de COVID-19, de l’insécurité et de l’éruption du volcan Nyiragongo sur la situation humanitaire. « Le nombre de personnes ayant besoin d’aide est passé de 15,6 millions en 2020 à 19,6 millions en 2021, soit 21% de la population », a dit le représentant du Viet Nam, avant de noter que 27,3 millions de personnes, soit 29% de la population, sont confrontées à l’insécurité alimentaire, dont 6,7 millions à un niveau d’urgence.
Il a appelé à des actions soutenues et coordonnées pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité en RDC, avant de demander des efforts concertés pour lutter contre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles, promouvoir la réconciliation entre les communautés, et lutter contre les discours de haine. Il a aussi insisté sur la nécessité d’accélérer les activités de désarmement, de démobilisation, de réinsertion avant de souligner l’importance d’intensifier la coopération régionale et le soutien de la communauté internationale.
M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, en particulier au Nord-Kivu et en Ituri. Il a exhorté le Gouvernement de la RDC à veiller à ce que l’état de siège mis en place dans ces provinces reste transparent, limité dans le temps et respectueux des droits humains et du droit international. Il a aussi encouragé le Gouvernement de la RDC à planifier avec la MONUSCO ses efforts pour lutter contre les groupes armés. Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par l’impact sanitaire, alimentaire, social et économique de la pandémie, indiquant que le Royaume-Uni a fourni près de 17 millions de dollars pour soutenir la réponse de la RDC à la COVID-19. En outre, la réponse rapide et efficace à la récente résurgence d’Ebola au Nord-Kivu a démontré l’importance d’appuyer les structures de santé locales.
En ce qui concerne la transition de la présence de l’ONU en RDC, il a encouragé le Gouvernement de la RDC à s’engager pleinement avec la MONUSCO et l’équipe de pays de l’ONU à travers le groupe de travail conjoint, y compris sur l’articulation d’un plan de transition conjoint qui doit être fourni au Conseil en septembre. « Une coordination efficace entre la MONUSCO et l’équipe de pays sera également essentielle au succès de la transition » a-t-il insisté. Il a particulièrement salué les progrès réalisés au Tanganyika pour réunir la MONUSCO, l’équipe de pays de l’ONU, les autorités locales et la société civile afin de rendre opérationnel le plan de transition provincial. Ce désengagement des provinces du Kasaï et du Tanganyika permettra à la MONUSCO de recentrer ses efforts sur les trois provinces fortement touchées par le conflit dans l’est de la RDC, a-t-il noté.
M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) s’est inquiété de la capacité des groupes armés illégaux à maintenir une activité militaire importante, en citant la principale menace posée par les Forces démocratiques alliées. Après avoir salué les mesures d’état de siège mises en place en Ituri et au Nord-Kivu, le représentant a jugé déconcertant que les autorités congolaises soient toujours incapables de résoudre le problème de l’exploitation illégale des ressources naturelles, qui sont utilisées par des groupes armés illégaux pour financer leurs activités. Il s’est néanmoins félicité de la stabilisation de la situation au Tanganyika, grâce aux efforts du Gouvernement et de la MONUSCO.
Parmi les défis, le représentant russe a cité le ralentissement économique lié à la pandémie de COVID-19 et plus récemment à l’éruption du volcan au Nord-Kivu. À cet égard, il a salué la réaction rapide du Gouvernement, qui a permis à la plupart des gens de rentrer chez eux et noté que des pilotes sous contrat russes ont fourni une assistance aux réfugiés et aux victimes. Il a souligné que la Fédération de Russie s’attend à ce que le Gouvernement s’emploie à améliorer les conditions humanitaires, à résoudre les différends frontaliers, et les tensions intercommunautaires et à mettre en œuvre son programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion communautaire et stabilisation. Il a également souligné la nécessité de mettre en œuvre l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération, dont un pilier est la coopération élargie avec les voisins, avant d’exhorter les pays voisins à promouvoir un climat de coopération. Il a ainsi salué l’offre de bons offices du Président de l’Union africaine pour apaiser les tensions. Il a par ailleurs exprimé sa consternation face aux informations faisant état de manifestations contre la présence de la MONUSCO au Nord-Kivu et d’attaques de la population locale contre la Mission.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est félicitée de l’adoption du programme d’action du Gouvernement de l’Union sacrée de la nation qui représente, à ses yeux, une occasion significative pour le changement et la réforme en RDC et dans la région. Elle s’est également félicitée des efforts déployés par le Président Tshisekedi en sa capacité de Président de l’Union africaine pour approfondir l’engagement de l’Union africaine dans la région. En effet, a souligné Mme Nason, la facilitation de la coopération avec d’autres organisations régionales ainsi qu’avec les états voisins pour répondre aux menaces communes, notamment l’activité continue des groupes armés dans l’est de la RDC, est essentielle.
Poursuivant, la représentante a loué la priorisation de la participation des femmes, insistant pour que cette tendance continue afin de créer des avantages véritables par rapport à l’égalité des sexes et la responsabilisation des femmes en RDC. Elle a ensuite fait part de sa profonde préoccupation face à l’insécurité croissante, la détérioration de la situation humanitaire et les niveaux alarmants de violations et d’abus des droits humains, y compris par des acteurs étatiques, en RDC. La récente éruption volcanique du mont Nyiragongo a accentué les fragilités multiples et imbriquées auxquelles sont confrontées les populations de la RDC et de la région des Grands Lacs, tandis que la déclaration de l’état de siège démontre l’ampleur de la violence dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Il est important que tous les acteurs respectent les droits de l’homme pendant cette période, a-t-elle insisté.
Mme Nason a par ailleurs estimé crucial que le retrait progressif de la MONUSCO soit en phase avec la situation sécuritaire qui prévaut sur le terrain. La mise en œuvre du retrait doit également inclure des réformes dans les secteurs de la justice et de la sécurité, en s’appuyant sur des outils et des acteurs dans les domaines de l’aide humanitaire, de la résolution des conflits et du développement durable. Elle s’est en outre inquiétée de l’augmentation du sentiment anti-MONUSCO sous forme de manifestations et d’attaques.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a mis l’accent sur trois points en citant respectivement l’urgence de mettre fin à la violence, la nécessité de garder au centre de l’attention les droits et la santé de la population et enfin l’importance des réformes pour accompagner la transition de la MONUSCO. Face à l’évolution de l’emploi de bombes artisanales à Beni et de l’augmentation des attaques des groupes armés, il a jugé impératif de recentrer la MONUSCO sur les provinces de l’est. « Les moyens de protection des civils doivent être entièrement mobilisés par la Mission, conjointement avec les Forces armées de la RDC », a insisté le représentant avant de spécifier que la brigade d’intervention de la force qui vient de se renforcer doit y prendre toute sa part. Il a salué l’engagement de plusieurs responsables politiques et membres de la société civile pour lutter contre les discours de haine qui attisent les violences intercommunautaires.
S’agissant des droits et de la santé de la population, M. de Rivière a appelé à poursuivre la lutte contre l’impunité. Il a particulièrement salué la condamnation de 21 combattants CODECO par le Tribunal militaire de l’Ituri pour crimes contre l’humanité. Pour ce qui est de la lutte contre la pandémie de COVID-19, « alors que le pays est frappé par une troisième vague, la France et la RDC viennent de signer une convention de 9 millions d’euros pour renforcer le système de santé du Nord-Kivu », a dit la France avant de prévenir que ceux qui mèneront et planifieront des attaques contre le personnel médical ou humanitaire pourront être désignés par le Conseil de sécurité au titre du régime de sanctions.
Mettant l’accent sur l’importance des réformes, M. de Rivière a rappelé que la stabilisation de l’est du pays doit rester une priorité pour le nouveau Gouvernement. « Cela passe par la mise en œuvre de la stratégie de désarmement-démobilisation-réinsertion qui doit prévenir un nouveau cycle de violences », a-t-il dit avant d’appeler à poursuivre la réforme de la police et de l’armée et à mettre en place un processus transparent et crédible pour les élections de 2023. Il a dit que ces efforts ne porteront leurs fruits qu’avec l’engagement résolu des pays de la région, avant de saluer la création du nouveau groupe de contact et de coordination qualifié d’initiative conforme à l’esprit de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Enfin, le représentant de la France a estimé que le retrait de la MONUSCO des Kasaï puis du Tanganyika impose d’y accroître la présence des agences, fonds et programmes des Nations Unies.
M. PAUL EMPOLE LOSOKO EFAMBE (République démocratique du Congo) a commencé par présenter ses condoléances au Gouvernement, au peuple et à la famille du Président haïtien, Jovenel Moïse, assassiné, et souhaité un prompt rétablissement à son épouse blessée dans l’attaque survenue aujourd’hui.
M. Efambe a ensuite indiqué que la situation politique a été dominée par la formation du Gouvernement de l’Union sacrée pour la nation dont l’approbation et la reconnaissance par le Parlement lui permettra, selon lui, de mettre en œuvre des réformes importantes qui figurent dans son programme d’action, notamment dans les domaines de l’administration, de la justice et de la sécurité. Cela permettra, a-t-il dit, d’améliorer les conditions de vies des populations et atteindre le développement durable en RDC.
Au niveau régional, il a indiqué que le Président Tshisekedi poursuit ses efforts pour la normalisation des relations entre la RDC et les pays voisins aussi bien dans le cadre de l’intégration économique que dans le cadre de la recherche de la paix et de la sécurité dans la région. Il a évoqué à cet égard, le protocole d’accord entre son pays et l’Ouganda sur la traque des rebelles ougandais des ADF, le commerce transfrontalier et la construction d’une route entre les deux pays qui passe par Beni. De même, il a parlé des trois accords de coopération avec le Rwanda sur les investissements, la prévention de l’évasion fiscale et la coopération entre des sociétés aurifères.
Sur le volet sécuritaire, a poursuivi M. Efambe, l’actualité du pays a été dominée par la mise en place par le Président d’un régime d’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, une décision qui, a-t-il dit, a permis des avancées significatives dans le cadre de la lutte contre les groupes armés réfractaires et la pacification de l’est de la RDC. Il a cité, dans ce contexte, la neutralisation de plusieurs centaines de miliciens, la reddition de nombreux éléments de ces groupes armés, le démantèlement de plusieurs réseaux de trafics illicites d’armes et de munitions ainsi que de minerais. De plus, de nombreuses localités de l’est de la RDC ont été récupérées et de nombreux otages autrefois détenus notamment par les ADF ont été libérés sans compter, a-t-il poursuivi, une réduction sensible des attaques contre les civils.
Les mesures prises dans ce cadre continuent d’être renforcées en vue de mettre la pression sur ces forces négatives et leurs complices. Ce renforcement est traduit par une augmentation des effectifs militaires ainsi que la reprise des opérations militaires conjointes FARDC-MONUSCO. Pour son gouvernement, la proclamation de l’état de siège et les résultats obtenus à ce jour, constituent une opportunité que « nous devons capitaliser » afin d’éradiquer toutes ces forces négatives et d’en finir une fois pour toute avec le cercle vicieux de la violence imposé par « les groupes armées et leur mafia ».
Poursuivant, M. Efambe a indiqué que pour garantir la protection et la promotion des droits de l’homme dans les deux provinces, le Gouvernement et l’armée ont mis en place des mécanismes disciplinaires pour sanctionner sévèrement les militaires qui iront « à l’encontre de ces droits ».
S’agissant du retrait progressif de la MONUSCO, il a souligné qu’un Groupe de travail conjoint RDC-MONUSCO a été mis en place afin de produire le document de référence devant servir de stratégie conjointe et permettre un transfert graduel de responsabilité et un retrait ordonné et définitif de la MONUSCO.
Pour conclure, la délégation qui a exprimé sa gratitude aux pays contributeurs de troupes pour leur soutien, a réitéré les appels de son gouvernement à la communauté internationale, aux amis et partenaires de la RDC disant qu’il est « plus que temps » de mobiliser les moyens nécessaires et suffisants pour éradiquer les forces du mal qui sévissent depuis plus d’une vingtaine d’années dans l’est et la partie nord du pays. Ce faisant, il a tenu, pour finir, à « rassurer » les membres du Conseil de la détermination du Président de la République à restaurer la paix dans la partie est du pays et à amener inexorablement la RDC vers la construction d’un véritable état de droit.
Avec ONU Infos