Sous réserve d’une bonne campagne de vaccination, les Investissements étrangers vers l’Afrique devraient repartir cette année, après une diminution de 16% en 2020. Outre la reprise de projets mis en attente, le continent devrait bénéficier de sa meilleure insertion dans les chaînes de valeur.
Très attendu chaque année, le rapport 2021 sur l’investissement dans le monde de la Cnuced a rendu son verdict. Sans surprises, la pandémie de la Covid-19 a eu un impact significatif sur les IDE (investissements directs étrangers), en recul de 35% dans le monde en 2020.
Leurs flux vers l’Afrique a diminué de 16%, à 40 milliards de dollars, contre 47 milliards en 2019. « La cascade de défis économiques et sanitaires dus à la pandémie, combinée aux faibles prix des produits de base énergétiques, a pesé lourdement sur les investissements étrangers vers le continent », résume le rapport.
En effet, les économies dépendantes de produits de base ont été plus sévèrement touchées que les autres. Autre mesure de l’état d’esprit des investisseurs, les annonces de nouveaux projets ont chuté de 62% à 29 milliards $ tandis que les fusions et acquisitions ont atteint 3,2 milliards $ (-45%). Plus impressionnante encore la chute de 74% des annonces de financement de projets internationaux, particulièrement pertinentes pour les grands projets d’infrastructure, à 32 milliards $.
Les entrées d’IDE en Afrique du Nord se sont contractées de 25 % atteignant 10 milliards $, avec des baisses importantes dans la plupart des pays. L’Égypte est restée le principal bénéficiaire des investissements étrangers en Afrique.
La hausse prévisible de la demande de produits de base, en particulier dans l’énergie, entraînera une augmentation des investissements dans les ressources naturelles. De plus, la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales et l’importance croissante des chaînes de valeur régionales ouvriront de nouvelles perspectives.
Pour leur part, les flux vers l’Afrique subsaharienne ont diminué de 12 % pour atteindre 30 milliards $, les investissements n’ayant augmenté que dans quelques pays. Les IDE vers l’Afrique australe ont diminué de 16 %. Le recul a atteint 18% en Afrique de l’Ouest, en dépit, paradoxalement, d’une légère augmentation des flux entrants au Nigeria, passés de 2,3 à 2,4 milliards$.
Le Sénégal fait également partie des quelques économies du continent qui ont bénéficié de flux entrants plus élevés en 2020, avec une augmentation de 39 % à 1,5 milliard de dollars, en raison d’investissements dans l’énergie.
L’Afrique centrale est la seule région d’Afrique qui a enregistré une augmentation des entrées de capitaux en 2020, avec des entrées de 9,2 milliards $, contre 8,9 milliards $ en 2019, à la faveur d’une augmentation des flux entrants en République du Congo (de 19 %, à 4,0 milliards $). Les IDE à destination de l’Afrique de l’Est ont reculé à 6,5 milliards $ (-16%).
Certains facteurs positifs pour 2021 et 2022
Les investissements dans les Objectifs de développement durables de l’ONU ont également diminué, sauf dans les énergies renouvelables. Dans ce domaine, les opérations internationales de financement de projets ont augmenté de 28 % pour atteindre 11 milliards $.
À noter un plongeon, peu surprenant, des flux d’IDE en provenance des pays africains eux-mêmes. Ils ont néanmoins représenté 1,6 milliard $, dont 931 millions sortant du Togo et 492 millions venant du Maroc.
La Cnuced prévoit une croissance des IDE en Afrique en 2021, dans un contexte de reprise économique « tiède » et d’un programme lent de déploiement des vaccins menacent l’ampleur de la reprise des investissements. Les IDE vers le continent ne devraient croître que de 5 % en 2021, ce qui est inférieur aux taux de croissance prévus à l’échelle mondiale et dans les pays en développement.
« Malgré les prévisions d’une faible reprise de l’investissement en 2021, certains facteurs positifs permettent d’envisager une reprise de l’IDE d’ici 2022 et un retour aux niveaux pré-pandémie », commente le directeur de l’investissement et des entreprises de la Cnuced, James Zhan.
La hausse prévisible de la demande de produits de base, en particulier dans l’énergie, entraînera une augmentation des investissements dans les ressources naturelles. De plus, la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales et l’importance croissante des chaînes de valeur régionales ouvriront de nouvelles perspectives aux pays africains.
Troisièmement, la mise en œuvre de projets clés annoncés en 2021 ou auparavant, y compris ceux qui ont été retardés en raison de la pandémie, pourrait soutenir les IDE. Enfin, la finalisation imminente du protocole d’investissement durable relatif à la Zone de libre-échange continentale africaine pourrait donner un élan aux investissements intracontinentaux.
À noter qu’au niveau mondial, l’organisme onusien prévoit que les IDE vont atteindre un point bas au cours de l’année 2021 avant de rebondir de l’ordre de 10% à 15% et retrouver leur niveau de 2019 au cours de l’année prochaine.
PAR KIMBERLY ADAMS (Le Magazine de l’Afrique)