CE QUE LA DIPLOMATIE CONGOLAISE ET LES FORCES VIVES DOIVENT DIRE AUX NATIONS DU MONDE A PROPOS DE L’INSECURITE LIEE AUX AGRESSIONS DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PAR SES VOISINS
Le discours du Chef de l’Etat à la 77e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies était très courageux. Il a eu l’avantage de présenter au monde les Etats voisins qui sont à la base de l’insécurité à l’Est du pays et dans toute la Sous-Région des grands lacs empêchant ainsi l’émergence des pays pourtant membres de la même communauté économique à savoir Communauté d’Afrique de l’Est.
Le Président Félix Antoine Tshisekedi ne pouvait ne pas « jeter l’opprobre » sur les bourreaux de son pays lorsqu’il a enfin décidé de pointer du doigt la félonie des Etats voisins qui convoitent les ressources de la RD Congo et qui n’hésitent pas à semer le chaos pour pêcher en eau trouble.
D’ailleurs, les congolais estiment que le Président a été trop diplomate. Il a mis des gants pour parler des incursions du Rwanda et de l’Ouganda en RD Congo à travers leurs milices. C’est, indubitablement pour valoriser le dialogue avec ce pays agresseur que le Président de la République Démocratique du Congo a omis certains faits importants antérieurs à son accession au pouvoir et a épargné les Etats occidentaux ainsi que les multinationales, qui sont autant que le régime rwandais, responsables de la déstabilisation de la sous-région et des crimes graves qui se commettent en RD Congo depuis 1993.
A notre humble avis, le discours du Président Félix n’a pas fini de nettoyer la gangrène. Je suis convaincu qu’il aurait pu être plus tranchant à l’instar du Premier Ministre malien à propos de la junte française ou du Président Malgache à propos des iles éparses ou encore du Président ukrainien à propos de la Russie contre qui il a ouvertement demandé non pas un dialogue mais des sanctions très sévères.
Le Ministère des affaires étrangères, les missions diplomatiques de la RD Congo, les forces vives y compris la diaspora congolaise se fondant sur le discours du chef de l’Etat devraient mener un lobby soutenu auprès de Grandes puissances. Ce lobby viserait à les informer notamment sur les causes réelles et sur les conséquences insupportables des agressions de notre pays par ses voisins. Il s’agirait surtout d’obtenir leur soutien en faveur de la RD Congo et surtout en faveur de la paix dans la sous-région. Sans la paix, le développement de ce pays et même de ses voisins n’est envisageable.
Pour cela, les diplomates congolais et la société civile doivent être plus percutant et ne devraient pas se contenter de n’évoquer que les actions conduites depuis l’entrée en fonction de l’actuel chef de l’Etat. Ces actions très louables ont mis en évidence la volonté politique du Chef de l’Etat de contribuer à la paix dans la sous-région et la mauvaise foi des homologues. Les Etats voisins ont bénéficié d’exorbitants avantages lors de la signature des contrats avec la RD Congo de sorte qu’on aurait cru que cela apaiserait la boulimie de nos voisins.
Tout en mettant l’accent sur les acquis obtenus depuis 2019, la RD Congo doit évoquer aussi, les efforts des régimes précédents. Il n’y a aucun avantage politique à minimiser ce que les autres ont fait. Encore que l’Etat congolais existait avant 2019. Lors de la 77e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, le régime rwandais a malicieusement exploité à son avantage cette absence de référence historique dans les discours des diplomates congolais.
En effet, ce pays, a soutenu que rien n’avait changé depuis 20 ans. Selon Monsieur Paul Kagame, la situation sécuritaire aux frontières qui séparent son pays avec le nôtre n’a pas évolué depuis l’installation de la MONUSCO.
En clair, le Président Rwandais accuse la RD Congo et la MONUSCO de n’avoir rien fait pour réduire le risque d’un autre génocide. Et l’occupation de Bunagana par le terroriste M23 viserait à obtenir du gouvernement congolais un nième dialogue pour prévenir ce risque. Une telle affirmation frise le mensonge et l’ingratitude à l’égard de la communauté internationale et à l’égard de la RD Congo qui a, comme l’a si bien dit le Président de la République, tendu la main, en signant plusieurs accords de coopération avec les Etats voisins, et, a organisé des actions de pacification intercommunautaire aussi bien au Sud Kivu qu’au Nord Kivu.
Lors de ses multiples voyages à l’étranger le Président Tshisekedi a pris le risque d’évoquer devant la diaspora congolaise sa volonté de rapprocher notre pays de ses voisins multirécidivistes. Bien plus, il a pris fait et cause pour nos compatriotes tutsi congolais dont le Rwanda se sert comme prétexte pour déstabiliser la RD Congo et pour piller ses ressources. Les FARDC ont été déployés dans les territoires du Sud Kivu pour combattre les milices armées communautaires qui sèment la terreur aussi bien au sein des banyamulenge qu’au sein des communautés bavira, de bafuliro et de babembe.
Bien plus encore, le Chef de l’Etat, a mis en place un Programme de Désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (DDRC-S) qui vise la réinsertion socio-économique des combattants membres des milices armées.
Ces actions sont de nature à favoriser la compréhension internationale et la cohabitation pacifique mais seront inefficaces à cause des guerres que les pays voisins n’arrêtent d’imposer à la RD Congo depuis plus de 30 ans. Ces actions doivent être portées à la connaissance de la communauté dite internationale. Les guerres à répétition vont induire leur inefficacité. Par exemple, aucun mayi mayi n’acceptera d’être démobilisé tant que les milices terroristes seront intégrées dans l’armée congolaise après des pseudo dialogues empreints de filouterie.
Pour démonter les accusations fallacieuses du Rwanda et de l’Ouganda et mettre en évidence leur mauvaise foi, les forces vives et la diplomatie congolaise doivent se fonder sur les rapports du Programme DDRRR (MONUSCO- Gouvernement). Ils pourront ainsi démontrer, statistiques à l’appui, qu’en termes d’effectifs et de capacité de nuisance, les FDRL et les ADF/NALU sont des groupes de bandits qui causent l’insécurité plus en RD Congo qu’au Rwanda. En effet, grâce notamment au Programme susvisé, le gouvernement congolais a rapatrié depuis presque 22 ans, de nombreux combattants FDRL.
Des opérations conjointes FARDC/RDF ont été conduites sur le sol congolais dans ce but.
Pour cela, la diaspora congolaise, la société civile population congolaise et les diplomates congolais doivent désormais présenter aux Nations du monde et cela de façon diachronique, tous les efforts consentis par les prédécesseurs du Président Tshisekedi, de Mobutu à Kabila fils en passant par Mzee Laurent Désiré Kabila. On aurait pu mentionner à chaque étape les violations graves des droits humains commises par le Rwanda et sur lesquelles la communauté internationale a décidé de fermer les yeux.
En Effet, la mise en place de la CEPGL à l’initiative du feu Président Mobutu, communauté dont la mission première était d’ordre sécuritaire que le souci d’intégrer les économies des pays membres, montre la bonne foi du Marechal et sa volonté politique de privilégier la stabilité aux frontières des Etats des Grands Lacs. Pour cela, la CEPGL s’est dotée des instruments qui mettent en place un cadre de règlement pacifique des conflits.
Après le Président Mobutu, Mzee Laurent Désiré Kabila a facilité toutes les attaques de l’armée rwandaise contre la milice FDRL dès l’entrée de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo en septembre 1996 jusqu’à la conquête totale de la RD Congo en mai 1997. Dès septembre 1996, les rebelles de l’AFDL avançaient en RD Congo en ouvrant un couloir pour le retour forcé des réfugiés rwandais et de nombreux FDRL. Même si cette exode massive a été entachée des crimes graves commis contre les hutus rwandais et congolais dans la ville de Goma et dans les camps des réfugiés jusqu’à Kinshasa en passant par les massacres de Tingi tingi.
Après sa prise de pouvoir en mai 1997, sacrifiant au Rwanda la fierté ainsi que la souveraineté de la RD Congo, et, dans l’objectif d’aider ce pays voisin à traquer les FDRL, Mzee Laurent Désiré Kabila avait nommé le Général rwandais James Kabarebe au poste de chef d’Etat Général en RD Congo. Quel pays du monde ferait cela ? Au lieu de s’en prendre aux FDRL, le régime rwandais s’est mis à rêver de prendre le pouvoir en RD Congo et de l’exercer par procuration à travers quelques congolais tutsi ou non acquis à sa cause. Parmi ceux-ci on compte les membres d’antan du Rassemblement Congolais pour la Démocratie. On se rappellera que la branche armée du RCD soutenu par le Rwanda et l’Ouganda avait lancé sa vaine offensive contre Kinshasa à partir de la Base Militaire de Kitona le 04 aout 1998.
La dénonciation par Laurent Désiré Kabila des violations massives des droits de l’homme commises par les troupes rwandaises au cours de leurs avancées vers Kinshasa et sa résistance à ces tentatives d’occupation de la République Démocratique du Congo lui avait coûté la vie. On soupçonne la main noire des multinationales et de certains impérialistes occidentaux.
Signalons en passant, que le RCD a tout de même occupé, avec le soutien logistique et militaire du Rwanda toutes les provinces de l’Est du pays pendant près de 5 ans soit de 1998 à 2003. Ce mouvement avec ses dirigeants politiques, son administration et ses combattants avait eu tout le temps pour neutraliser les FDRL.
La communauté internationale devrait interpeler le Rwanda, l’Ouganda et les leaders du RCD sur le bilan de cette occupation. Ceux-ci devraient pouvoir informer la RD Congo et les Nations unies sur le nombre des combattants FDRL attrapés ou abattus au cours de ces cinq années d’occupation de 5 anciennes provinces de l’Est sur les 11 que comptait le pays.
La diplomatie congolaise doit jouer sur le fait que Joseph Kabila qui avait succédé à son père au pouvoir en 2001 a vite compris que son héritage comportait entre autres l’épineux problème des ambitions des dirigeants des Etats voisins qui construisent sur fond des guerres, la gouvernance économique de leurs pays sur les pillages des ressources de la RD Congo et les massacres des congolais. Pendant qu’il tentait tant bien que mal de réunifier son pays, de le réorganiser et de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, Kabila fils fera face aux nouvelles agressions de son pays par le Rwanda caché derrière les milices armées.
Il s’agit d’une part du Congrès National pour la Défense du Peuple constitué essentiellement des transfuges du RCD qui avaient rejeté la réunification du pays et le processus d’intégration des milices dans l’armée congolaise. Ceci sous le fallacieux prétexte « de prévenir un génocide », prétexte démenti par la MONUSCO, le général Laurent Nkunda (qui avait pourtant été intégré au sein des FARDC) va lancer une attaque contre la ville de Bukavu en mai 2004. S’en suivront des crimes graves commis essentiellement contre les civils du Sud Kivu. Après cette infructueuse tentative d’occuper Bukavu, cette nouvelle milice à la solde du Rwanda s’était installé pendant plusieurs mois dans les localités de Masisi et de Rutshuru dès 2006.
Il s’agit, d’autre part, du fameux Mouvement du 23 mars, une dégénérescence du RCD et du CNDP qui va à son tour attaquer la RDC à partir d’avril 2012.
Les leaders politiques congolais devraient exiger que le Rwanda, les leaders du CNDP et du M23 mettent à la disposition des Nations unies ainsi que des organisations de la sous-région, les statistiques des combattants FDRL capturés ou abattus par leurs troupes entre 2004 et 2013.
On sait d’ailleurs, que depuis lors, le général Laurent Nkunda et ses amis vivent au Rwanda. Il est surprenant que le Gouvernement congolais n’ait jamais sollicité leur arrestation et leur extradition en RD Congo. Ce serait pourtant une preuve de bonne foi de ce pays de contribuer au retour de la paix dans les grands lacs.
Ces guerres conduites par ces mouvements rebelles avec le soutien du régime rwandais cachaient très mal la convoitise du Rwanda pour les ressources de la République Démocratique du Congo. En effet, l’occupation de différentes localités étaient suivies des mouvements de populations, des violations graves des droits de l’homme, parmi lesquelles les violences sexuelles et les pillages des ressources naturelles de la RD Congo.
Vers la fin des années 1990 et le début des années 2000, les FDRL et les mayi mayi occupaient les carrières minières. Aussi, ceux qui prétendaient combattre les éléments résiduels des FDRL n’avaient aucun scrupule à coopérer avec eux dans le rachat (à travers malheureusement les commerçants du Kivu) et la vente des minerais de sang produits par cette milice génocidaire.
Le Rwanda devenait comme par enchantement et sans que cela ne scandalise la communauté dite internationale, l’un des principaux pourvoyeurs mondiaux de coltan, de la cassitérite, de l’or et d’autres minerais précieux.
Il est important que les éléments de langage de la diplomatie congolaise et des forces vives qui font le lobby à l’intérieur et à l’extérieur du pays rappellent au monde qu’en 2008, devant l’incapacité des FARDC de venir à bout de ces milices malfaisantes, le Président Joseph Kabila avait dû ouvrir les frontières de la RD Congo à l’armée rwandaise elle-même.
S’étant opposé publiquement à l’entrée des troupes rwandaises sur le territoire congolais sans que le Parlement en soit informé alors que ces troupes s’illustraient par les violations graves des droits de l’homme, le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Vital Kamerhe avait été contraint à la démission.
En 2009, pour donner une chance à la paix dans la région et calmer les inclinations à la guerre du Président Rwandais, le gouvernement congolais avait refusé à plusieurs reprises de livrer le chef de guerre Bosco Ntaganda. Bien pire, cet ex chef d’état-major du CNDP, d’origine rwandaise (selon ses propres déclarations à la CPI) avait été intégré au sein des Forces Armées de la RD Congo au grade de général à la suite des accords du 23 mars 2009, base des revendications du mouvement terroriste M23. Il fut l’un des responsables de la campagne Kimya II, engagée par les forces armées de la RD Congo (FARDC) contre les rebelles hutus. Bosco Ntaganda avait été positionné au-dessus de tous les commandants des régions militaires de l’Est du pays.
A la surprise générale, quelques mois plus tard, il sera impliqué dans le trafic illicite des minerais. On se rappelle de la triste affaire du jet privé bloqué à l’aéroport de Goma le 03 février 2011 et contenant des millions de dollars destinés à l’achat auprès du Général Bosco Ntaganda des minerais pour une entreprise étrangère.
Les généraux Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda sont des illustrations s’il en faut, de l’échec de l’intégration des combattants rebelles dont des militaires étrangers dans les forces armées congolaises. En effet, le temps a révélé qu’en réalité, l’intégration des rebelles ou des terroristes au sein des FARDC est belle et bien une infiltration de l’armée par des militaires étrangers ou par des miliciens à la solde des Etats agresseurs de la RDC. C’est donc une solution inacceptable qui ne participe pas au renforcement de la paix dans la Région. Par ces infiltrations les pays ennemis de la RD Congo pré positionnent leurs militaires en vue de contrôle une partie du territoire congolais et d’y exercer un pillage systématique des ressources. Les négociations avec la partie rwandaise lors de ces dialogues qu’on nous impose devraient tenir compte de ces tristes réalités.
C’est purement à titre illustratif que nous évoquons ces quelques exemples qui démontrent que les agressions récurrentes du Rwanda contre la RD Congo n’ont pas pour finalité première la traque des FDRL, encore moins la protection des banyamulenge mais le pillage des ressources. Les descriptions ci-dessus sont la preuve que les Etats voyous qui agressent à travers des milices terroristes la RDC mentent lorsqu’ils accusent notre pays d’utiliser les FDRL.
Le Président rwandais ne peut pas sans fausser la réalité soutenir que la situation à nos frontières est restée inchangée depuis 20 ans.
La communication des congolais quant à ces agressions devrait mettre en lumière le fait que si le Rwanda n’a pas joué sa partition en ce qui concerne la sécurisation de la Sous-Région, le gouvernement congolais et la communauté internationale ont pour leur part, joué la leur et lui ont livré tous les milices FDRL identifiés en RD Congo.
Ces agressions par conséquent sont injustes et injustifiées. Au cours des occupations des localités congolaises, l’armée rwandaise et ses milices terroristes se sont toujours illustrées par de nombreuses violations des droits de l’homme décriées en vain par plusieurs ONG locales et internationales. Aussi, les Nations Unies ont dénoncé ces crimes dans son fameux rapport mapping que les nations « dites civilisées » ont décidé de jeter à poubelle au grand dam des congolais.
C’est regrettable que les civilisations qui se disent fondées sur la démocratie et le respect des droits humains regardent ailleurs lorsqu’on évoque les crimes graves commis en RD Congo. Est-ce parce que les leaders politiques de la Grande Bretagne et des Etats Unis ont apporté un soutien sans équivoque aux deux grands agresseurs de la RDC ? Est-ce parce qu’on ne peut en pratique poursuivre les autorités rwandaises et ougandaises sans attraire en justice leurs complices occidentaux ?
Pire encore les agressions du Rwanda contre la République Démocratique du Congo contribuent à cristalliser les crises identitaires dans les provinces de l’Est. Elles font passer à tort ou à raison, les tutsi congolais comme les complices de la politique guerrière du Rwanda. Lorsque le régime rwandais s’ingère dans la gestion des affaires internes de la RD Congo en prétendant intervenir pour soit disant protéger les Banyamulenge, il alimente les conflits interethniques aussi bien au Sud qu’au Nord Kivu. Par la faute du régime actuel rwandais, ces conflits, si l’on n’y prend garde, pourraient dégénérer un jour en un génocide. Mais cela n’inquiète pas les dirigeants occidentaux et leurs multinationales tant que les minerais pillés grâce aux conflits armés atterrissent chez eux.
C’est pourquoi nous pensons que le message des diplomates et des lobbyistes congolais doit aussi fustiger plus sévèrement l’indifférence de la communauté dite internationale.
On doit alléguer que la RDC ne peut pas continuer à payer le prix de la crise de conscience de ceux à qui le Rwanda reproche à tort ou à raison leur complicité ou leur passivité pendant le génocide rwandais de 1994.
Cette culpabilité que traine l’Occident comme un fardeau ne peut pas justifier son indifférence devant les dizaines de millions des personnes massacrées et des centaines des milliers des femmes violées depuis bientôt 30 ans en République Démocratique du Congo.
Les visites de la communauté dite internationale, suivies des embrassades, (on ne peut qu’être scandalisé quand on apprend que même l’ancien Premier Ministre anglais, Monsieur Tony Blair va visiter les victimes des violences sexuelles, les victimes de ses soutiens aux pays agresseurs de la RD Congo) la distribution des prix aux congolais, les aides financières et la distribution des titres honorifiques accordés au Docteur Mukwege et à quelques autres congolais qui combattent les « conséquences » des guerres, arrivent à donner une bonne conscience aux Occidentaux. Mais ces actions n’ont aucun bénéfice pour les congolais. Elles ne parviennent pas à anesthésier leur mémoire. Ce peuple porte dans son âme et sur les corps de chaque citoyens les stigmates des affres de ces guerres à répétitions imposées par le Rwanda et l’Ouganda.
Pour les congolais, le Rwanda et l’Ouganda agressent, violent, pillent et tuent en République Démocratique du Congo avec la bénédiction de l’Occident qui feint de nous aider en venant à la rescousse des personnes déplacées et en versant quelques aides financières aux victimes des violences sexuelles.
C’est cette vérité que révèle la récente interview du Secrétaire général des Nations Unies. Les congolais l’ont ressenti non seulement comme un faux aveu de faiblesse mais comme le rejet de leur cause par les plus hautes instances onusiennes. Ceci justifie que les congolais soutiennent leur président quand il réclame avec force le départ rapide de la MONUSCO. Le refus par cette mission de dénoncer publiquement les agressions contre la RD Congo, pire la tendance à les justifier par la présence non avérée des FDRL, la rétention d’informations pouvant accabler les agresseurs, les appels aux dialogues piégés sont perçus par les congolais comme un alignement sans équivoque de la mission des Nations unies sur les positions farfelues du Rwanda et de l’Ouganda.
Par ailleurs, le maintien récent de l’embargo sur l’achat des armes alors que le Rwanda et ses terroristes achètent « des armes plus sophistiquées » que celles des Nations unies revient à menotter la RD Congo pendant que ses voisins lui assènent des coups en vue de l’obliger à céder ses richesses aux multinationales et aux Etats occidentaux. Une stratégie d’imposition à la RD Congo des revendications sans cesse croissantes de ses agresseurs.
Les Etats du Monde devraient savoir que pour les congolais, cette interview a vidé de toute leur substance les notions d’objectivité, de neutralité et d’impartialité des Nations unies et a légitimé les demandes du gouvernement visant le retrait de la MONUSCO d’ici 2024.
Poursuivant sur cette lancée, les composantes de langage des diplomates et des lobbyistes congolais doivent mettre en évidence le fait que les victimes des crimes graves commis en RD Congo sont aussi des êtres humains autant que les victimes du génocide rwandais. Elles ont droit à la dignité, à la vie, à l’intégrité physique et à toutes les valeurs contenues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que dans la Charte des Nations unies. Ces victimes sont de loin plus nombreuses. Les souffrances des survivants sont plus actuelles.
Ce faisant, les messages des congolais doivent soutenir et appeler à soutenir le combat du Prix Nobel de la paix, le docteur Mukwege Denis en faveur de l’érection d’un tribunal pénal spécial pour la RD Congo, comme gage de l’engagement de la communauté internationale et comme une garantie sûre de la non répétition des violations graves des droits humains sur son territoire.
En interne, le Gouvernement congolais doit penser à mettre en place un mémorial pour les victimes de ces violences qui n’en finissent pas. Des manifestations culturelles devraient etre organisées partout en RD Congo pour commémorer ces victimes innocentes de la barbarie de nos voisins. Des musées, des monuments, des mausolées etc. devraient être dressés pour rappeler au monde QUE LA VIE DES CONGOLAIS COMPTE AUSSI. Nos historiens devraient etre mis à contribution pour perpétuer la mémoire de ces guerres ou pour dire à l’humanité, PLUS JAMAIS CA. Les fosses communes devraient être identifiées et protégées.
Et parce que les congolais ont le même droit à la dignité et que l’intégrité de leur territoire doit être protégée, le gouvernement devrait penser à mettre en place un service militaire obligatoire pour tous les finalistes des écoles secondaires et pour les jeunes non scolarisés âgés de 18 ans. Des écoles secondaires des cadets devraient être ouvertes dans toutes les provinces ainsi que des académies militaires. En clair, il s’agit de renforcer notre capacité de dissuasion pour que notre pays ne serve plus de tête de turc aux Etats gouvernés par des criminels de guerre que soutiennent les Etats occidentaux et les multinationales.
Les informations ci haut peuvent être enrichies par les notables et la société civile de l’Est qui ont documenté ces agressions ainsi que les concessions faites par la RD Congo pour y mettre un terme. Les raisons politiciennes ne doivent pas empêcher le régime actuel de consulter les anciens dignitaires du Front Commun pour le Congo qui ont intégré l’Union Sacrée de la Nation. Ils ont été confrontés depuis 2001 à ces conflits et ont apporté une contribution non négligeable à leur résolution. Ils peuvent fournir tous les renseignements sur les concessions faites par le régime de deux Kabila pour ramener la paix dans les grands lacs. Une étude des rapports de mise en œuvre du Programme DDRRR permettrait aussi de se faire une idée sur les effectifs des FDRL.
Au niveau régional et sous régional, le ministère des affaires étrangères ainsi que les anciens staffs congolais des organisations internationales doivent donner plus de détails sur les accords signés dans le cadre de la CEPGL, de la CIRGL, de la SADC etc. pour mettre à nue les velléités bellicistes des voisins et la filouterie qui les entourent. En clair, la présidence de la République devrait mettre en place une task force dont la mission serait d’orienter les décisions du président et celles du gouvernement pour tout ce qui concerne la Région des Grands Lacs. Cette task force devrait comprendre des juristes comme le Professeur Ntumba Luaba Lumu, le Professeur Cifende, des économistes comme les anciens Premiers Ministres Matata Ponyo et Mabi Mulumba, des historiens comme le Professeur Ndaywel, des politologues etc.
En gros, La diplomatie et les lobbyistes de la RDC vont échouer s’ils ne mettent pas en évidence des faits aussi préoccupants et aussi vrais.
En plus d’occuper indument Bunangana et les autres localités du territoire de Rutshuru, le Rwanda a réussi, avec des arguments fallacieux, à imposer à la RD Congo un dialogue inopportun et dangereux. La médiation de Macron, de Joao ou William Ruto n’ont rien apporté. Le Rwanda ayant maintenu ses troupes dans les localités occupées. Aussi, le fait que les troupes de la CEA ne serviront que de « troupes tampon entre les larbins de Kigali et les FARDC » en sont la preuve de l’inanité des initiatives de paix prises dans le cadre des regroupements sous régionaux. L’unique solution juste et acceptable est d’obliger les troupes rwandaises et les milices armées de se retirer sans condition du territoire congolais.
Parce que les congolais se méfient des dialogues qui aboutissent sur des multiples concessions faites par la RD Congo et qui au final ne satisfont jamais les agresseurs et leurs lascars. Ces dialogues qui exaspèrent et agacent les congolais (On en serait au 55e depuis 1999) ne ramènent jamais la paix. Car en effet, l’intégration des criminels de guerre au sein des FARDC ne fait que l’avilir et participe à son infiltration par des éléments étrangers. Pire encore, les mayi mayi qui sont souvent exclus des négociations croient dur comme fer, qu’elles consistent en un complot contre leurs communautés. Par conséquent, ils rejettent non sans raison les programmes de démobilisation et de désarmement.
Pour faire valoir des arguments solides auprès des institutions régionales, il est important que les dirigeants politiques congolais et la société civile s’entourent des personnes qui comprennent ces agressions, ses enjeux et ses acteurs. Notre pays doit affiner ses arguments et ses stratégies pour affronter le Rwanda lors des négociations qui vont suivre. Les prochaines réunions des instances régionales et sous régionales, et, malheureusement, le dialogue autour des présidents angolais, kenyan ou français sont des occasions pour démonter les justifications farfelues des agressions que subit la RD Congo et ses habitants et obtenir, d’une part, la mise en place d’une force régionale ou internationale qui va aider la République Démocratique du Congo à bouter ses ennemis dehors, et, d’autre part à mettre en place un Tribunal Pénal Spécial pour la RD Congo pour punir les coupables des crimes graves commis lors de ces agressions.