« Sécurité pour les médecins », « Stop à l’impunité ». Des exemples de slogans scandés aux obsèques de Jildo Bya Moungou, à Bukavu, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce gynécologue a été assassiné vendredi 14 avril 2017 à Uvira.
C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, pour la société civile. « Trop, c’est trop ! », sont venus scander des représentants des organisations de défense des droits de l’homme et de l’ordre des médecins mobilisés pour une marche lors de ses funérailles, ce mercredi 19 avril à la mi-journée.
La marche est partie de l’hôpital de Panzi pour rejoindre 7 kilomètres plus loin la place des martyrs à Bukavu. Sous escorte policière, plus de 2 000 personnes ont défilé, pour la plupart vêtues de blanc. Les médecins portaient leur blouse, les autres des polos à l’effigie du défunt.
« L’Etat doit rendre des comptes », pouvait-on lire sur une banderole. « Nous réclamons justice », sur une autre, en présence du célèbre docteur Mukwege portant dans ses bras le portrait de son collègue et ami. Les deux hommes s’étaient vus la veille du drame.
« On était dans une formation. On a parlé du manque de sécurité. Et là, le docteur Jildo Bya Moungou a exprimé sa crainte par rapport à sa sécurité puisqu’il subissait des menaces de mort, raconte Denis Mukwege. Et donc il avait peur, surtout qu’il était déjà traqué par des hommes en armes. On a discuté
de son cas, il avait vraiment pressenti qu’il n’était pas en sécurité. Malheureusement, la nuit qui a suivi, le pire est arrivé ».
Nombreuses questions après le meurtre du docteur Gildo Byamungu
A Bukavu, dans l’est de la RDC le corps du docteur Gildo Byamungu devait être porté en terre jeudi matin 20 avril 2017. Ce proche du célèbre Docteur Mukwege – celui qu’on surnomme « l’homme qui répare les femmes » en raison de son travail auprès des victimes de violences sexuelles – était l’unique gynécologue obstétricien de la ville d’Uvira.
Il dirigeait l’hôpital général de Kasonga, une structure médicale dépendant de Panzi et située non loin de la ville d’Uvira, sur la frontière du Burundi et où sévissent de nombreux groupes armés. Mercredi, plus de 2 000 personnes ont défilé dans la capitale du Sud-Kivu pour réclamer justice. L’homme est parti, mais les questions demeurent.
Le doute plane encore sur le mobile et les circonstances de l’assassinat du docteur Gildo. D’abord pourquoi son escorte policière lui a-t-elle été retirée il y a un mois en dépit des menaces de mort et les attaques armées contre son hôpital?
La justice apportera la réponse promet le vice-gouverneur du Sud-Kivu, Gabriel Kalonda : « La première chose est que nous avons mis en place une commission d’enquête et je promets que ce crime ne restera pas impuni, mais je ne partage pas que l’on puisse exploiter outre mesure la mort du docteur Gildo. »
Ami et collègue du Dr Gildo, le célèbre Denis Mukwege a été victime en 2012 d’une tentative d’assassinat dans des circonstances similaires. Cinq ans plus tard, les auteurs sont toujours impunis :
« Il y a un problème d’impunité tant que l’Etat ne prendra pas sa responsabilité de protéger. Je crois que ceux qui commettent ces actes, et vont continuer à le faire, nous demandons à ce qu’il n’y ait plus de médecins tués, qu’il n’y ait plus d’infirmiers tués, qu’il n’y ait plus de personnel médical qui travaille pour sauver la vie et qui soit tué en train de faire son travail ».