Quelque « 5,1 millions de personnes luttent contre la faim » et « 400.000 enfants souffrent de malnutrition sévère » dans le bassin du lac Tchad, théâtre d’atrocités des groupes djihadistes, selon l’ONU. Ce chiffre de plus de 5 millions de personnes représente « la pire augmentation pour la première fois depuis quatre ans », affirme un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) reçu lundi 14 juin 2021 par l’AFP.
« Dans tout le bassin du lac Tchad, 10,2 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire », principalement dans l’Extrême-Nord du Cameroun, dans la région du lac au Tchad et dans la région de Diffa (Sud-Est du Niger), ainsi que dans trois Etats du Nigeria, Adamawa, Borno et Yobe, selon Ocha.
Toutes ces zones sont confrontées – certaines depuis 2009 – aux attaques meurtrières de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), issu d’une scission en 2016 de Boko Haram, selon leurs gouvernements.
« Après 12 ans de violence, les services sociaux de base et les ressources naturelles déjà limitées sont mis à rude épreuve » dans cet espace, s’alarme Ocha. « La violence continue de s’étendre et les contraintes d’accès posent des problèmes supplémentaires pour l’acheminement de l’aide », note l’agence de l’ONU.
Elle pointe notamment « trois attaques consécutives » menées en avril contre la ville nigériane de Damasak frontalière du Sud-Est du Niger, ayant « visé aussi directement la communauté humanitaire » et « entraîné un niveau de destruction sans précédent et placé des milliers de familles dans une situation critique ».
Ces attaques ont été attribuées à l’Iswap.
Répondre « de manière adéquate aux besoins humanitaires les plus aigus », dans la région, nécessitera « 2,5 milliards de dollars » en 2021, mais en juin, « seuls 13% des fonds ont été reçus », selon Ocha.
Le conflit dans le bassin du Lac Tchad a engendré depuis 2009 la plus grande crise de déplacés en Afrique avec plus de deux millions de déplacés et a fait près de 36.000 morts.
La région de Diffa au Niger abrite 300.000 réfugiés nigérians et déplacés, fuyant depuis 2015 les exactions des djihadistes, selon l’ONU.
Par Constance Frère (La Libre Afrique/AFP)