Les proches de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana commémoraient mardi 1er juin 2021 le 11ème anniversaire de l’assassinat des deux militants des droits humains, suite à une convocation par la police. Le lendemain, le 2 juin 2010, le corps du premier était retrouvé ; celui du second ne l’a pas été jusqu’à aujourd’hui. Après des révélations sur notre antenne, l’organisation la Voix des sans voix a déposé mardi 1er juin 2021 un mémorandum à la présidence de la République pour demander un nouveau procès. Le principal suspect, le général Numbi, vient, lui, d’être déclaré déserteur par l’armée. La voie est désormais ouverte pour des poursuites judiciaires.
Dans son mémorandum adressé à Félix Antoine Tshisekedi , l’ONG La Voix des Sans Voix sollicite l’implication du chef de l’Etat dans la réouverture du procès Chebeya.
« Les organisations de défense des droits de l’homme sont vraiment en attente d’une date précise, qui doit être fixée par justice militaire, pour le début d’un procès pour que justice soit rendue à Floribert Chebeya et Fidèle Bazana », insiste le directeur exécutif de la Voix des Sans Voix, Rostin Manketa.
L’auditeur général Lucien René Likulia a fait savoir que ce dossier serait déposé à la Haute cour militaire avant la fin de la semaine. Dans le même temps, mardi 1er juin 2021, le général 4 étoiles John Numbi -avec qui Floribert Chebeya avait rendez-vous avec le général le jour de son assassinat- a été officiellement déclaré déserteur. Cette dernière étape ouvre la voie à des poursuites judiciaires contre cet officier en fuite.
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A Kinshasa, pour ce onzième anniversaire de la disparition de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, plusieurs manifestations étaient organisées : une marche vers le cimetière de Mbeseke-Futi Nouvelle Cité, non loin de Mitendi, le quartier où avait été retrouvé le corps sans vie de Floribert Chebeya au matin du 2 juin 2010 ; une conférence de presse et la projection du film Crime d’Etat consacré à l’affaire, avant une messe d’action de grâce à la paroisse catholique Notre Dame de Fatima.
Paul Mwilambwe attend toujours son procès
Témoin clé dans cette affaire : le policier Paul Mwilambwe, condamné à mort par contumace en RDC pour son rôle présumé dans l’assassinat. Réfugié pendant plusieurs années à Dakar, il a été inculpé par la justice sénégalaise en 2015. Aujourd’hui temporairement installé en Belgique, Paul Mwilambwe attend toujours son procès comme nous l’explique son avocat au Sénégal, Maître Dimingo Dieng, au micro de notre correspondante, Charlotte Idrac: « L’instruction est bouclée et le dossier a été transmis au parquet pour enrôlement, mais vous savez, ça c’est le meilleur moyen d’enterrer un dossier ! Les avocats, à Dakar, ça traîne les pieds… les autorités sénégalaises ne semblent pas très intéressées par ce dossier. Ils essaient de faire le moins de vagues possibles, au lieu de faire éclater la vérité ».
Est-ce que Paul Mwilambwe envisagerait de revenir en RDC, en cas de réouverture du procès ?
« C’est de là-bas que les choses ont le plus bougé. John Numbi n’est plus auréolé par la puissance qu’il avait. Un mandat d’arrêt a été lancé récemment contre lui, alors si maintenant on passe à un procès en bonne et due forme, ce sera un grand espoir, parce que c’est très désagréable de vivre avec une épée de Damoclès comme ça sur la tête. Paul Mwilambwe pourra y assister et livrer sa part de vérité ».
Par Kamanda wa Kamada Muzembe ( correspondant de RFI à Kinshasa)