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Afrique : des investissements étrangers au rendez-vous

L’Afrique subsaharienne se sort plutôt bien de la crise, en matière d’investissements étrangers, y compris pour les pays les moins avancés. Le rapport de la Cnuced fait apparaître certaines fragilités, le nombre de nouveaux projets privés restant faible.

Par Laurent Soucaille

La Cnuced s’attend à une poursuite du rebond des investissements étrangers dans le monde, prévenant toutefois que le rebond observé en 2021 a peu de chances de se reproduire.

Toutefois, la tendance des opérations, des transactions ponctuelles et des flux financiers intra-groupes restera, comme en 2021, relativement modérée. « Le financement de projets internationaux dans le secteur des infrastructures continuera d’impulser une dynamique de croissance », pronostique l’organisme onusien.

« Les investissements nouveaux dans le secteur manufacturier et les restent à un faible niveau, pour partie du fait des vagues successives de la pandémie de Covid-19 et de l’escalade des tensions géopolitiques », commente James Zhan.

Le rapport révèle une forte confiance des investisseurs dans le domaine des infrastructures, qui bénéficient de conditions de financement à long terme favorables, ainsi que des plans de relance et des programmes d’investissement à l’étranger.

Le directeur du département Investissements et entreprises de la Cnuced rappelle : « Il faut du temps pour que de nouveaux investissements se matérialisent ; d’où un décalage entre reprise économique et reprise de nouveaux investissements dans la fabrication et les chaînes d’approvisionnement. »

Le fait que la crise sanitaire ait perduré, avec une succession de nouvelles vagues, constitue une circonstance majeure de risque baissier. Le rythme des vaccinations, en particulier dans les pays en développement, ainsi que la rapidité de mise en œuvre des plans de relance des investissements dans les infrastructures, demeurent d’importants facteurs d’incertitude, notent les économistes.

D’autres risques importants, notamment liés aux goulots d’étranglement de la main-d’œuvre et des chaînes d’approvisionnement, aux prix de l’énergie et aux pressions inflationnistes, affecteront également les évolutions futures en matière d’investissements étrangers.

D’importantes disparités

En 2021, les flux mondiaux d’Investissements directs étrangers (IDE) ont enregistré un fort rebond (+77% par rapport à 2020), à 1 650 milliards de dollars, soit un niveau légèrement supérieur à celui de 2019. Si la Cnuced qualifie d’« encourageante » la reprise des flux d’investissements vers les pays en voie de développement, elle constate une stagnation des investissements nouveaux vers les pays les moins avancée. Sur ce point, les PMA d’Asie ont davantage souffert du désintérêt des investisseurs que les PMA africains.

Le nombre de projets d’investissement importants pour les ODD (Objectifs de développement durable) ont diminué de 17 %, dans les PMA, après une chute de 30 % en 2020. Les projets d’investissement importants en matière de développement du secteur privé et de changement structurel se sont en partie taris. Ceci met davantage en exergue le ralentissement des projets liés au capital naturel (extraction), traditionnellement une part importante de l’investissement dans de nombreux pays moins développés.

Les entrées d’IDE en Afrique ont augmenté. La plupart des pays bénéficiaires des IDE du continent ont enregistré une augmentation modérée des IDE. Toutefois, si le total des IDE dans la région a triplé, en apparence, c’est uniquement le fait d’une seule transaction financière : l’échange d’actions, pour un montant géant de 46 milliards $, entre Naspers et sa filiale technologique Prosus, domiciliée et cotée aux Pays-Bas.

À noter un nouveau tassement des flux d’IDE en Afrique du Nord (-13% à 9 milliards $), à comparer aux 42 milliards $ (+31%) constatés en Afrique subsaharienne, hors opération Naspers. La région est néanmoins au-dessus de ses niveaux de 2019. Les projets « Greenfield » (création d’entreprise, ex nihilo) ont reculé de 10% en Afrique subsaharienne et de 7% en Afrique du Nord. Tandis que les grands projets d’infrastructure ont rebondi de 183% en Afrique subsaharienne et ont progressé de 25% en Afrique du Nord.

Près des trois quarts de la croissance des flux d’IDE dans le monde (soit plus de 500 milliards de dollars sur un total de 718 milliards) ont été enregistrés dans les économies développées.

Quelques motifs d’espoir : le rapport mondial de la Cnuced révèle une forte confiance des investisseurs dans le domaine des infrastructures, qui bénéficient de conditions de financement à long terme favorables, ainsi que des plans de relance et des programmes d’investissement à l’étranger. Les plus fortes hausses sont à mettre à l’actif des secteurs des énergies renouvelables et de l’immobilier industriel.

Une marche difficile vers les ODD

En revanche, la confiance des investisseurs dans l’industrie et les chaînes de valeur mondiales reste « en berne ». Les annonces de projets d’investissements entièrement nouveaux sont quasiment stables. Tandis que le nombre de nouveaux projets dans les industries à forte intensité de chaînes de valeur mondiales, telles que l’électronique, ont une nouvelle fois diminué. Seul le secteur de l’information et de la communication (numérique) s’est pleinement redressé.

Dans les pays en développement, la valeur combinée des annonces d’investissements dans des capacités entièrement nouvelles et des accords de financement de projets a augmenté de 55 %. Cependant, cette hausse est attribuable à un petit nombre de méga-accords dans le secteur des énergies renouvelables.

Enfin, dans les économies en développement, le nombre de projets d’investissement pertinents pour les ODD n’a augmenté que de 11 %. Les énergies renouvelables et les services restent les secteurs à plus forte croissance, notamment via le financement de projets internationaux.

PAR LAURENT SOUCAILLE (Le Magazine de l’Afrique)

angelo Mobateli

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