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Affaire des 100 jours : un procès téléguidé par Washington ?

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Le procès de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du Président Felix Tshisekedi, a repris mercredi 03 juin 2020, après l’assassinat récent du président du Tribunal. Le climat est de plus en plus lourd sur cette affaire, alors que les États-Unis ont accru la pression sur le Président Tshisekedi pour qu’il “nettoie” le pays de la corruption.

Empoissonnement, corruption, procès spectacle, menaces de morts, des dollars comme s’il en pleuvait… Tous les ingrédients d’un polar sulfureux sont réunis. Sauf qu’ici, la réalité rejoint la fiction et enflamme la population congolaise.

Les audiences du procès relatif des 100 jours du programme impliquant Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du Président Félix Tshisekedi, accusé de détournements de fonds, a repris ce mercredi, en plein air, dans l’enceinte de la prison de Makala à Kinshasa. Plusieurs temoins ont été auditionnées lors de ce procès retransmis à la télévision nationale. 

Le clou des témoignages

Parmi les témoins entendus lors de ces deux jours de débats contradictoires, figure le directeur général de la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP), Michel Ngongo, qui n’a pas reconnu la régularité du marché conclu avec la société SAMIBO de Samih Jammal dans le cadre des logements sociaux et Justin Bitakwira, l’ancien ministre du développement Rural, qui déclare n’avoir pas signé d’avenant, ni engagé la République pour un contrat de $57 millions.

L’ancien ministre des Finances, Henry Yav Mulang, qui a reconnu avoir débloqué des fonds d’une telle valeur en faveur de la société de l’homme d’affaires libanais et 2 millions USD à la société Husmal, « en procédure d’urgence et du plan de décaissement » sur base des courriers de Vital Kamerhe.

Le Gouverneur de la Banque Centrale, Deogratias Mutombo, appuyé par le conseiller principal en matières économiques et finances du chef de l’Etat, Marcelo Bilomba, qui pour sa part reconnais avoir sortie cette argent de la BCC sur les réserves internationales du pays.  L’ancien ministre du Budget, Pierre Kangundia, lui a fait sa déposition en affirmant que le décaissement des fonds n’avait pas suivi la procédure normale.

L’épouse et la fille du prévenu Vital Kamerhe (Amida Shatur et Soraya Mpiana) et son cousin, Daniel Shangalume Kingi dit “Massaro” ont répondu en tant que renseignants, chacun comme il le pouvait, concernant l’acquisition d’un terrain au quartier Utexafrica, dans la commune de Ngaliema, non loin du fleuve Congo.

Enfin d’autres temoins comme Nicolas Kazadi, l’ambassadeur itinérant du chef de l’Eta, les ministres Thomas Luhaka et Molendo Sakombi, le commandant de la garde républicaine étaient également parmi les témoins interrogés hier.

L’ombre de la Maison-Blanche ?

Selon plusieurs sources, ce procès serait une opération “main propre” décidée par le Président Tshisekedi sous pression de la Maison-Blanche.

Ces dernières années, les États-Unis ont accru leur influence sur la RDC, le pays le plus riche du monde en minerais vitaux pour les nouvelles technologies (or, cobalt, étain, coltan, tungstène).

Après l’élection de Félix Tshisekedi, Washington a libéré 600 millions de dollars pour consolider la transition politique. En avril dernier, le FMI a débloqué 363 millions pour soutenir la lutte contre le coronavirus. Fin mai, la Banque mondiale versait à la RDC 445 millions de dollars pour la stabilisation du pays. Impossible pour la vieille Europe, et la Belgique, de rivaliser.

En échange de cette aide massive, Félix Tshisekedi a été sommé de mettre de l’ordre dans les affaires de la RDC, un pays où la corruption est tentaculaire. Les États-Unis réclament aussi la tête d’Albert Yuma, le président de la puissante Gécamines, qui symbolise pour eux la corruption sous l’ancienne administration.

“L’objectif est d’écarter Kamerhe du pouvoir pour rassurer Washington. Ensuite, cela pourrait être au tour d’Albert Yuma”, dit une source.

Par Vincent Georis (L’Echo)

Oscar BISIMWA

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