La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a repris son bâton de pèlerin, en vue de la tenue « de bonnes élections » en République démocratique du Congo (RDC). Une délégation de la CENCO s’est entretenue à Bruxelles avec les autorités belges et européennes, pour obtenir leur soutien matériel et l’envoi d’observateurs électoraux lors du prochain scrutin présidentiel prévu à la fin de cette année.
François Misser, le correspondant de BBC Afrique à Bruxelles, a interviewé l’abbé Donatien Nshole, le secrétaire général et porte-parole de la CENCO.
- l’abbé, la CENCO est en tournée en Europe. Qui cherchez-vous à rencontrer ?
Cette fois-ci, nous avons rencontré le ministre belge chargé du Développement et de la Coopération et les dirigeants du département Afrique de l’Union européenne. Nous nous apprêtons à rencontrer des responsables du gouvernement canadien, dans le but d’obtenir les soutiens des uns et des autres, afin qu’ils aident le peuple congolais à résoudre la crise politique, ce qui passe par la tenue de bonnes élections.
N’est-ce pas un vœu pieu dans la mesure où le ministre congolais de l’Intérieur a dit que les élections pourraient se tenir en 2019 ?
C’est possible avec la bonne foi. On a affaire aux politiciens (…) Le président de la Céni (Commission électorale nationale indépendante) a réagi de manière responsable en disant qu’on va droit vers les élections. Je crois que c’est possible.
La pression est en train de se relâcher. Le Comité laïc de coordination suspend ses manifestations. Ne craignez-vous pas que les autorités politiques se soustraient à leurs obligations ?
Le Comité laïc de coordination a pris l’engagement d’aller jusqu’au bout. (…) Il va certainement aller de l’avant, dans la bonne direction.
Vous êtes-vous donné des délais pour tester la bonne volonté des uns et des autres, ceux du pouvoir surtout ?
Le calendrier contient des indicateurs qui peuvent nous rassurer, en ce qui concerne l’organisation des élections. Le 26 mars est une date importante : le ministère de l’Intérieur devrait publier la liste des partis politiques engagés dans ces élections. Début avril, le Parlement devrait voter la loi portant répartition des sièges de l’Assemblée nationale. La CENCO est très attentive à ces dates, pour pousser tout le monde à prêter attention à l’organisation des élections.
Vous avez évoqué le problème du dédoublement des partis. La confusion dans les partis ne risque-t-elle pas d’aggraver la situation ?
La justice est là. Nous croyons que c’est possible. La ministre des Droits de l’homme l’a démontré en mettant en place une commission mixte d’enquête après la violente répression des manifestations. Quand on veut, on peut. Nous pensons que la justice peut être rendue.
On voit proliférer toute une série de conflits. On craint que ces conflits au Kasaï, en Ituri et ailleurs soient invoqués comme une force majeure pour reporter encore les élections ?
C’est une crainte (…) Mais nous entendons les personnes chargées d’organiser les élections dire que nous sommes sur la bonne voie. Ce que l’Eglise demande, c’est que ces paroles s’accompagnent des gestes qui rassurent davantage.
ACCORD POLITIQUE GLOBAL ET INCLUSIF DU CENTRE INTERDIOCESAIN (31 décembre 2016)
CHAPITRE V : DE LA DÉCRISPATION POLITIQUE
V.l. Les parties prenantes au présent Accord prennent acte de la mise sur pied effective d’une Commission de Hauts magistrats pour un examen minutieux, au cas par cas, des dossiers des prisonniers politiques et d’opinion, les bénéficiaires de la dernière loi d’amnistie mais qui ne sont pas encore libérés, des exilés et réfugiés politiques repris dans la liste en annexe.
Les parties ont pris acte avec satisfaction que les cas de MM Antipas MBUSA NYAMWISI, Roger LUMBALA, Floribert ANZULUNI et Moïse MONI DELA ont déjà été traités par la susdite Commission, laquelle a déjà décidé soit l’arrêt des poursuites pour les trois premiers, soit la libération pour le dernier.
Les parties prenantes demandent à la Commission de Hauts Magistrats de prendre au bénéfice de MM BAGAYAMUKWE et MBONEKUBE une mesure de libération pure et simple car ayant déjà été amnistiés des motifs de leur condamnation respective.
En ce qui concerne le cas d’Eugène DIOMI NDONGALA, elles demandent à la CENC0 de prendre des initiatives en vue d’une solution appropriée et satisfaisante.
Les parties prenantes demandent â la Commission de Hauts Magistrats de surseoir à statuer sur les cas de MM Moïse KATUMBI et Jean-Claude MUYAMBO qu’elles déclarent confiés à la CENCO, dans le cadre de la poursuite de ses bons offices, pour prendre des initiatives et contacter les autorités concernées en vue d’une solution appropriée et satisfaisante.
A ceux-ci s’ajoutent les personnalités politiques poursuivies à la suite des manifestations du 19 septembre 2016 ainsi que les jeunes de LUCHA et FILIMBI arrêtés le jour de l’ouverture de travaux sous l’égide la CENCO et tous ceux qui ont été arrêtés et/ou poursuivis à travers le territoire national au cours des événements du 19 septembre et ceux du 19 et 20 décembre 2016.
Les parties prenantes conviennent l’arrêt des poursuites judiciaires injustifiées dues aux tracasseries fiscales à l’encontre de certains membres de l’Opposition.
Dans l’intérêt supérieur de la Nation, les parties prenantes chargent la CENCO de poursuivre ses bons offices auprès de toutes les autorités concernées pour le suivi et la résolution effective des cas emblématiques restants, à savoir: Moïse KATUMBI et Jean-Claude MUYAMBO afin qu’ils recouvrent leur liberté.
Les parties prenantes conviennent que le gouvernement de la République poursuivra sans délai les mesures de décrispation politique et entreprendra concomitamment les démarches auprès des Etats et Organisations Internationales concernés en vue d’obtenir la levée des sanctions prises à l’encontre de certains compatriotes.
V.2. Le Ministre ayant dans ses attributions les medias veillera à rétablir, dans les 15 jours qui suivent la signature du présent Accord, le signal des entreprises audiovisuelles fermées ou interdites par mesure conservatoire ou pour non-conformité à la loi.
V.3. Les parties prenantes s’accordent à garantir l’égalité d’accès aux médias publics à tous les courants politiques notamment par la fixation, en collaboration avec le CSAC, d’un temps d’antenne réglementaire et de l’instauration du droit de réplique au Gouvernement dans la grille des programmes de ces médias, conformément à l’article 14 de la loi portant statut de l’Opposition en République Démocratique du Congo.
V.4. Les parties prenantes demandent au Ministère ayant l’intérieur et la sécurité publique dans ses attributions de s’abstenir de se mêler de quelle que manière que ce soit ou d’arbitrer les conflits internes des partis politiques qui relèvent des cours et tribunaux, d’une part, et d’instruire les autorités territoriales d’éviter toutes les entraves aux activités des organisations politiques (partis et plateformes) dans leurs juridictions respectives, d’autre part.
V.5. Dans le cadre du renforcement de l’unité et de la solidarité nationales, les parties prenantes demandent au gouvernement de la République d’examiner la possibilité d’octroyer une assistance forfaitaire et égale aux victimes des événements sanglants du 19 et 20 septembre et du 19 et 20 décembre 2016 ainsi qu’aux partis politiques dont les sièges ont été incendiés à ces occasions.
V.6. Les parties prenantes s’engagent à poser tout autre geste nécessaire à la restauration de la confiance au sein de la Nation congolaise et entre elles, à conjuguer ensemble tous leurs efforts en vue du maintien de la paix et du renforcement de la concorde nationale ainsi qu’à bannir tout comportement et propos incompatible avec la paix.
V.7. Concernant le dédoublement des partis politiques, les parties prenantes conviennent que les formations politiques qui en ont fait l’objet, soient rétablies dans leur situation d’avant ce dédoublement.
BBC/CR