Par Napoléon TSHILOBO
La dette de l’État Congolais envers l’actionnaire privé belge FINASUCRE, datant de 1978 pour l’acquisition de 40% des actions dans le capital de la Sucrière de Kwilu Ngongo, est en phase d’épuration complète cette année, après distribution des dividendes aux actionnaires, suite aux bons résultats financiers réalisés au cours de l’exercice comptable 2019, renseignent des sources recoupées par Congo Réformes.
Cette histoire remonte à la rétrocession de 1978, après la tristement célèbre politique de la zairianisation initiée par le feu Président MOBUTU. Suivant un protocole d’accord conclu entre la partie zaïroise et FINASUCRE à l’époque des faits, l’État zaïrois avait obtenu 40% des parts sociales, contre 60% détenues par FINASUCRE S.A. Mais SEULE la partie belge FINASUCRE avait débloqué la totalité du capital social requis, en considérant la part cédée à l’Etat congolais comme une dette à rembourser à l’actionnaire privé.
En terme clair, cette dette, évaluée à 4 millions des dollars et remboursable chaque année par la retenue de la moitié des dividendes réservées au profit de l’Etat congolais pour chaque exercice comptable, est sur le point d’être liquidée après 40 années et cela, en grande partie, grâce à la nomination des administrateurs congolais qui ont rejoint la boîte en 2018.
Si nous devons considérer qu’elle sera liquidée cette année après 40 ans de son existence, un calcul rapide nous permet de déduire que la capacité de remboursement de l’Etat congolais était en moyenne de 100 000 dollars par an, ce qui fixe aussi ses dividendes à une moyenne de 200 000 dollars l’an. Impensable.
À peine nommés administrateurs en 2018 par l’État congolais au sein de la Sucrière de KWILU NGONGO, Didier DIBATHIA NKETANI (PCA), Désiré KASHEMWA (ADGA), Pierre LIANZA et Papy TAMBA (tous deux administrateurs), ont toute suite marqué le ton et considéré cette situation comme étant intenable pour la dignité de du pays. Leur premier défi étant l’apurement de cette dette en vue de changer les rapports entre les actionnaires, ils ont convaincu madame la ministre de portefeuille (2019) à accepter le principe d’affecter la totalité des dividendes de l’exercice 2018 au paiement de cetre dette, soit une somme de 1 200 000 USD (un million deux cents milles dollars). A ce jour, le montant de cette dette ne s’élève plus qu’à 1 300 000 USD (un million trois cents milles dollars) et la prévision des dividendes pour l’Etat congolais dans l’exercice 2019 permettra de l’apurer. Ainsi l’Etat pourrait sortir d’un endettement qui dure depuis plus de 40 ans, grâce à la détermination de ces administrateurs consciencieux et patriotes.
Il convient de rappeler au passage qu’avant la nomination en 2018 des mandataires congolais susmentionnés, aucun administrateur de la partie État congolais ne siégeait au conseil d’administration de la Sucrière de KWILU NGONGO de 2013 à septembre 2018. L’arrivée de ce quator a donc apporté une nouvelle donne qui permet à l’Etat d’échapper à un procès qui se chuchotait déjà dans les couloirs.
Poursuivre l’action et écarter complètement le danger
C’est un véritable coup de poker que réalisent en silence les actuels administrateurs clairvoyants pour le compte de la RDC. Mais il faut pousser encore le bouchon pour écarter complètement le danger.
En effet, les statuts de la Compagnie Sucrière S.A prévoient en son article 7 B que les actions souscrites en numéraire doivent être obligatoirement libérées d’un quart au moins de leur valeur nominale lors de la souscription et la libération du surplus doit intervenir en une ou plusieurs fois sur appel du Conseil d’administration dans le délai de 3 ans à compter de la souscription, et que tout retard dans le versement des sommes dues sur le montant non libéré des actions entraine de plein droit le paiement d’un intérêt au taux légal.
Il y a donc à craindre qu’un jour l’Actionnaire privé Belge « Finasucre SA » puisse réclamer des dommages et intérêts très conséquents a l’Etat Congolais.
L’Etat Congolais éviterait une crise sans précédent en clarifiant au plus vite cette situation, notamment en demandant la certification de sa dette auprès de FINASUCRE S.A et, une résolution claire au niveau de l’assemblée Générale de la Sucrière indiquant clairement qu’aucun intérêt de retard n’est dû par l’Etat Congolais à la société Finasucre et à la Sucrière de Kwilu-Ngongo ; d’autant plus que les rumeurs ces dernières années autour de la cession par l’Actionnaire privé belge de ses actions de la sucrière de Kwilu-Ngongo sont persistantes, et ne font plus aucun doute sur ses réelles intentions.
S’appuyer sur ses techniciens
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’État congolais a beaucoup gagné à travers cette équipe qui a, en si peu de temps, bâti dans la sérénité, engrangeant d’extraordinaires résultats. l’État gagnerait d’avantage en s’appuyant et en soutenant ses mandataires publics nommés au sein de cette société? Et ce, pour garantir la probité au niveau de contrôle de la gestion de cette société, notamment au sujet du prix de transfert entre la filiale (Compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo) et la société mère belge (Finasucre SA).
En affaires, comme en politique, il n’y a pas d’amis mais que des intérêts, dit-on.
Affaire à suivre !